"Nan mais t'es pas sérieux, Holden, pas elle !" Le jeune homme fusilla son meilleur ami du regard... Depuis des mois, il observait Haylie en silence, ne sachant pas vraiment quoi lui dire. Il était un mec respecté à Glenwood Springs, premier de la classe mais plutôt populaire malgré tout, sûrement parce qu'il avait ce côté un peu sûr de lui, parfois hautain qui le rendait intouchable. Il n'était pas un mauvais garçon, loin de là, mais il savait ce qu'il voulait. Depuis aussi longtemps qu'il s'en souvenait, son avenir était tout tracé. Il serait majeur de promo et filerait dans la Massachusetts suivre ses cours à Harvard, il en sortirait avec un super boulot et pourrait être fier de son parcours, il serait la définition même de la réussite, oui, lui, Holden Warren Lawrence allait devenir quelqu'un. "Ta gueule Arès." Soufflant un grand coup, Holden avança doucement vers la jolie petite brune. Cette fille-là, personne ne la connaissait vraiment, elle ne faisait partie d'aucun clan, elle était finalement ce que certains n'hésiteraient pas à appeler "banale". Pour lui, c'était différent, il avait su dès le premier regard qu'elle avait quelque chose en plus, ce petit truc qui lui donnait envie d'être meilleur. Pourtant, il ne la connaissait pas vraiment, il ne savait d'elle que quelques informations bateau, son prénom, Haylie, son nom, son adresse, il s'était renseigné sur les notes qu'elle obtenait et apparemment, elle était une élève dans la moyenne, plutôt portée sur l'art que sur les maths, l'archétype même de l'anti-Holden. "Salut !" lui lança-t-il bêtement. Elle posa les yeux sur lui et Holden se sentit défaillir. Il avait envie de prendre ses jambes à son cou, mais la jeune fille lui sourit timidement et lui répondit timidement un "salut" des plus doux et agréables. Waw, il se sentait terriblement con là, devant elle, pour la première fois, mais quitte à y être, autant se lancer. "Euh, voilà, le bal de la fin d'année est dans un mois et je me demandais si tu accepterais d'y aller... Avec moi, j'veux dire, oui, avec moi. Genre toi et moi, tous les deux quoi." Ah ça, pour patauger dans la gadoue, il y allait. Toute son assurance s'était évaporée au moment-même où il posait les yeux sur elle. A sa grande surprise, la petite brune ne perdit pas son sourire et accepta sa proposition, aussi foireuse soit-elle. Les yeux écarquillés, choqué par ce rendez-vous qu'ils venaient de se donner, il resta bouche-bée avant finalement de balbutier quelques mots. "Oh, c'est... génial, oui génial ! On pourrait peut-être aller boire un café un de ces jours, si tu veux... histoire de discuter de nos tenues !" Il avait trouvé une excuse complètement bidon qui avait fait rire la demoiselle. "Discuter de nos tenues hein... Moi qui pensais que tu voulais plutôt me violer dans les bois." Holden manqua de s'étouffer. "Oh non, ça sera pour le deuxième rendez-vous ça." Rétorqua-t-il tout naturellement. Elle lui sourit à nouveau, et ils ne se quittèrent plus... le temps que ça dura.


"Est-ce que t'es sûre de toi ?" La jeune fille acquiesça, un sourire timide sur son visage de princesse. Holden enfonça son visage dans son cou, et fit glisser la bretelle de son soutien-gorge le long de son épaule, caressant de ses lèvres la peau de sa petite amie. Il respirait son odeur, découvrait pour la première fois les courbes de ce corps qu'il avait essayé d'imaginer tant de fois. Ca faisait déjà quelques mois qu'ils étaient ensemble, un petit couple simple dont personne ne parlait, ils ne faisaient pas de bruit, ils s'aimaient en toute simplicité... Pas de scandale, pas de crise au beau milieu du couloir, pas de baisers langoureux le long des casiers, simplement quelques clins d'œil, des petits mots doux en passant, ils étaient ce qu'on pouvait appeler un couple discret... dans une relation saine. Tout le monde au lycée savait qu'H&H, comme ils aimaient s'appeler, se fréquentaient, mais personne ne savait vraiment où ils en étaient dans leur relation, ni même s'ils étaient toujours ensemble. Ils n'avaient pas les mêmes amis, ne suivaient pas les mêmes cours, et leurs retrouvailles se faisaient toujours en dehors du bahut. Ils vivaient une histoire d'amour d'adultes alors qu'ils n'étaient encore que deux adolescents, et ça leur allait bien comme ça. Ils étaient heureux, amoureux, et c'était ce qui comptait... Oui, ça... Et les études d'Holden évidemment. Attrapant les mains de Haylie, ils la fit basculer en arrière, aussi délicatement que possible, et s'installa au dessus d'elle. Il la regarda comme on ne l'avait encore jamais regardée, elle était magnifique, là, allongée sur son lit, et ce soir allait marquer le début d'une nouvelle étape dans leur histoire.


Posés dans le canapé du salon familial, Holden tenait Haylie dans ses bras. Ils allaient bientôt recevoir leur diplôme, et les mois s'étaient écoulés bien plus vite qu'ils ne l'avaient imaginé. Si à la rentrée, on leur avait dit qu'ils seraient en couple tous les deux, aucun de ces deux-là n'y aurait cru, pourtant, l'un comme l'autre avaient bien du mal à se souvenir de ce qu'était leur vie avant qu'ils ne forment un "nous". Dès qu'ils avaient passé du temps ensemble, ça avait semblé être une évidence... Haylie scrutait la télé, pourtant ses yeux ne clignaient pas, elle était perdue dans ses pensées, Holden lui caressait doucement les cheveux sans même s'en rendre compte, concentré sur le programme. Soudain, la mère d'Holden fit irruption comme une furie dans le salon, hurlant comme une hystérique : "HOLDEN !!!! HOLDEN !!!" Elle pénétra dans la pièce, essoufflée, une lettre à la main. "T'as reçu du courrier, ça vient d'Harvard !!!!" Holden se leva d'un bond, lâcha Haylie qui s'écroula dans le canapé. Il se précipita et attrapa avec frénésie l'enveloppe que lui tendait sa mère. C'était la réponse qu'il avait attendu toute sa vie, cette lettre incarnait tous ses espoirs, tous ses rêves et ses espoirs. Silencieusement, il décacheta l'enveloppe et commença à lire. Quelques secondes... Il ne fallut que quelques secondes pour que les deux femmes de sa vie comprenne le contenu de la lettre. Un immense sourire sur le visage, Holden laissa éclater sa joie, il était pris, il allait entrer à Harvard et devenir l'homme qu'il avait toujours voulu être, il allait pouvoir accomplir de grandes choses en entrant dans cette faculté, oui, il touchait du bout des doigts ses objectifs, il ne pouvait pas être plus comblé. Sa mère se jeta dans ses bras, les larmes aux yeux, plus fière que jamais. Elle se précipita sur le téléphone fixe pour appeler son père et lui annoncer la bonne nouvelle. Haylie s'approcha à son tour et lui déposa un baiser, en lui chuchotant un sincère "félicitations", un léger sourire aux lèvres. Naturellement, elle était heureuse pour lui, c'était ce qu'il avait toujours voulu, mais ça voulait dire qu'il allait partir... Pendant qu'elle serait ici, pendant qu'ils seraient ici. La main sur son ventre, elle baissa la tête. Voilà quelques jours qu'elle avait appris sa grossesse, mais lui dire la vérité maintenant mettrait en péril tout ce pour quoi il a travaillé dur, tout ce dont il a toujours rêvé, elle ne pouvait pas lui enlever ça, lui voler cet avenir brillant qui lui tendait les bras, il était quelqu'un qui avait les capacités de changer le monde, elle en était persuadé, et lui imposer une vie à Glenwood Springs, avec un bébé était loin d'être ce qu'elle voulait pour lui... Alors elle ne dit rien, ravala difficilement sa salive, elle l'aimait trop pour lui infliger tous ces sacrifices, elle ne voulait pas être cette fille égoïste qui entrainait les gens qu'elle aime dans une vie monotone. Non... Holden était tellement heureux, tellement soulagé à la fois que lorsqu'elle demanda à lui parler quelques jours plus tard, il ne vit pas la nouvelle venir. "Je déménage." Les yeux grands écarquillés, Holden n'en croyait pas ses oreilles... "Pardon ? Mais comment ça tu déménages ? Et nous ? Je sais bien que je pars à Boston, mais on avait encore tout un été devant nous... Pourquoi tu pars, qu'est-ce qu'il se passe ? Haylie, dis-moi quelque chose, je ne comprends pas !!" Son sourire avait laissé place à la grimace, il faisait les cent pas, il sentait son sang bouillir, son estomac se nouait, elle ne pouvait pas s'en aller, le quitter, comme ça, sans prévenir, sans raison valable. Ils étaient heureux ensemble, et même s'il était conscient que leurs jours ensemble étaient comptés, il n'avait jamais envisagé cette option-là. "Je vais emménager chez ma tante à Austin, j'ai besoin de partir d'ici Holden. Toi, t'es là mais demain, tu seras à Boston en train de poursuivre tes rêves.... Qu'est-ce que je vais faire ici moi ? J'ai envie d'autre chose, de vivre autre chose..." Elle posa sa main sur sa joue, les yeux débordant de larmes. "Je t'aime, mais j'aspire aussi à un avenir plus brillant qu'une fille banale... Pardonne-moi, t'es quelqu'un de formidable, un homme gentil, généreux, et ne change surtout pas... Toi et moi, c'est plus fort que tout ça... Tu auras toujours une partie de mon cœur, ha ça oui... Mais c'est mieux comme ça..." Il la regardait, stupéfait..."Alors c'est tout ? C'est fini ? Tu me quittes en me disant que tu m'aimes ? T'as pas le droit de faire ça Hay'..." Elle s'éloigna doucement de lui, creusant petit à petit l'écart entre eux et entre leur avenir distinct. "J'en ai le droit Holden, et je le fais." Sur ces mots, elle tourna les talons pour ne plus jamais faire demi-tour. Le lendemain, elle était partie, elle avait quitté la ville.


Les mois avaient passé, l'hiver avait finalement enneigé les allées du campus tandis qu'Arès et Holden marchaient vers le Starbucks de la place. Leur café entre les mains, ils allèrent s'installer à l'étage entre les étudiants. Holden fit signe à quelques filles de sa classe assises un peu plus loin et prit place dans le petit fauteuil aux côtés de son meilleur ami. "T'as eu de ses nouvelles ?" Arès comprit de suite de qui Holden parlait... Il n'avait lui-même eu aucune nouvelle, aucune réponse à ses nombreux appels, à ses messages, à ses mails... Rien. "J'ai croisé sa petite sœur en ville, elle m'a dit qu'elle allait bien, que ça allait pour elle à Austin, c'est tout, rien de plus." Le souvenir d'Haylie le blessait encore, elle était son premier amour, le seul et l'unique jusqu'à ce jour, et leur rupture avait semblé tellement irréelle, venue de nulle part qu'il n'arrivait pas à tourner cette maudite page. Acquiesçant en silence, il avala une gorgée brûlante de son mocchiato et changea de sujet. "Je nous ai pris des tickets pour le match des Celtics !!! Ca va nous rappeler des souvenirs ! Tu te souviens au bahut quand Clio s'était pris le ballon en pleine tronche après une mauvaise passe de Kingsley ? Mon Dieu, toute ma vie, je me souviendrai de son œil au beurre noir et de sa bouche gonflée... Elle avait refusé de nous parler pendant deux semaines !" En se remémorant tout ça, il riait de bon cœur, mais parler de cette époque le ramenait aussi au souvenir de Haylie et à nouveau, son cœur se serra. C'était comme si pour avancer, il fallait qu'il tire un trait sur son ancienne vie. Le weekend passa, et lorsqu'Arès reprit l'avion pour le Colorado, Holden savait que c'était la dernière fois qu'il verrait son meilleur ami... Au moins avant très longtemps. Il fallait qu'il tourne la page, et ça signifiait oublier Glenwood Springs.


Les coups de fil entre Glenwood Springs et Boston se faisaient de plus en plus rares, si Holden appelait sa famille régulièrement, il n'avait plus beaucoup de nouvelles d'Arès. Plus le temps passait, moins leurs conversations semblaient naturelles, ils ne partageaient plus grand chose, Holden vivait sa vie d'étudiant modèle, la tête dans les bouquins, fréquentant des têtes pensantes de sa classe, se passionnant pour des sujets dont son meilleur ami ne connaissait sûrement même pas l'existence. C'était finalement ce qu'il avait voulu, et puis rien ne le rappelait à Glenwood Springs, sa grande sœur était dans le coin aussi, il avait ce dont il avait besoin ici-même, dans le Massachusetts, et c'en était fini de trainer sa vie d'avant comme un boulet. Il se mit à fond en ses cours d'économie, de gestion, passant son temps libre à décortiquer les taux de la Bourse de New-York, réussissant ses examens haut la main, oubliant même d'avoir une vie sociale. C'est lorsqu'il ne s'y attendit pas qu'elle arriva dans sa vie : Emeli. Elle bossait au coin de la rue, dans le magasin qui vendait des articles de l'école, du sweatshirt au bonnet en passant par des écharpes, des casquettes, T-shirt, stylos, cendrier, tout y passait. Holden était venu y récupérer un polo maintenant que le printemps avait fait son apparition, refleurissant les arbres et redonnant des couleurs à ce campus qu'il aimait tant. Seulement voilà, alors qu'il payait, une pluie diluvienne l'obligea à rester à l'intérieur, marquant le début d'une nouvelle histoire. Elle était étudiante en histoire, rien à voir avec tous ces chiffres à lui, pour elle, toutes ces dates la passionnait, elle voulait devenir professeur, partager son amour pour le passé...Un passé qu'Holden cherchait à fuir avant tout. Tout les séparait, et pourtant, ce jour-là, ils se trouvèrent et ne se quittèrent plus. Grâce à elle, Holden retrouvait goût à la vie, la vraie, elle le sortait de ses livres pour lui faire goûter aux plaisirs du quotidien, l'entrainait dans ses visites régulières à Salem, ou bien à suivre les sentiers de visite de la ville, elle adorait l'emmener faire les boutiques à Faneuil Hall avant d'aller s'allonger dans le parc du Boston Common... Au moment des examens, elle l'aidait à réviser, elle était là pour lui, et grâce à elle, il avait la sensation d'être quelqu'un de bien, pas seulement quelqu'un de doué. S'il avait une confiance totale en lui au niveau professionnel et scolaire, elle lui apportait ce dont il avait besoin au niveau personnel, il n'était plus cet adolescent au cœur brisé mais un homme plein d'assurance.


Holden raccrocha. Le chargé de recrutement de BMW venait de l'appeler et lui proposait un poste, il n'en revenait pas. Depuis qu'il avait présenté sa thèse, il recevait de nombreuses offres, toutes plus alléchantes les unes que les autres, mais pour le coup, l'entreprise automobile venait de frapper un grand coup en lui offrant des responsabilités, leur confiance aveugle et un salaire auquel il n'aurait même pas osé rêver une seule seconde. Tandis qu'Emeli était plongée sur le net à la recherche d'un poste de professeur, Holden s'approcha d'elle, posa les mains sur ses épaules et déposa un baiser sur sa joue. "Holden, je suis concentrée là." Celui-ci esquissa un sourire. "Et si tu cherchais plutôt dans le New-Jersey ?" La demoiselle fit pivoter sa chaise de bureau pour lui faire face et leva les mains au Ciel en signe d'incompréhension. Elle attendait des explications, ça allait de soi, qu'est-ce qu'il attendait pour lui en dire plus. C'est à cet instant que le jeune homme posa un genou à terre : "Emeli Tulisa Nelson, veux-tu devenir celle qui qu'importe l'endroit où l'on se trouve, se sentira toujours à la maison tant qu'elle est auprès de moi ? Acceptes-tu devenir Madame Emeli Lawrence et de faire d'un petit mec du Colorado le plus heureux et le plus chanceux des hommes ? Je t'aime Em', et j'ai envie de vivre toutes les prochaines étapes de ma vie... De notre vie à tes côtés..." La jeune femme n'en crut pas ses yeux, elle en oublia même de regarder la bague qu'il lui tendait et se jeta à son cou, le couvrant de baiser, répétant inlassablement oui encore et encore. Tout à coup, alors qu'ils faisaient l'amour sur ce tapis, au beau milieu de leur salon à Boston, dans cet appartement qui ne serait bientôt plus le leur, Holden réalisa la portée de son geste, il réalisa que ce corps qu'il tenait dans ses bras serait celui qu'il aurait pour toujours à ses côtés, et un sentiment d'accomplissement personnel le parcourut tout entier. Il avait réussi comme il se l'était toujours dit. Il était devenu quelqu'un, il venait d'obtenir un boulot exceptionnel, il venait de demander la femme qu'il aimait en mariage, tout lui réussissait. Il était l'incarnation de la réussite, et il était fier.


Dans son costume noir, sa mallette à la main, Holden franchit la porte de leur magnifique villa à Woodcliff Lake, dans le New-Jersey. Emeli était bien évidemment déjà rentrée, il était vingt-deux heures passées et il était épuisée. Sa fiancée était allongée dans le canapé, fatiguée elle aussi de l'attendre tous les soirs. Deux ans avaient passé et pourtant, rien n'avait bougé, ils n'étaient toujours pas mariés, elle l'avait suivi dans cette ville paumée, avait quitté tous ses proches pour suivre son futur mari, mais cette vie ne lui plaisait pas. Elle se sentait mal à l'aise dans ce lycée, ses élèves lui en faisaient voir de toutes les couleurs et ne s'intéressaient absolument pas à ce qu'elle pouvait leur raconter, et en plus de ça, leur vie de couple n'était plus. Ils ne faisaient plus l'amour, ne dînaient même plus ensemble, soit parce qu'Holden était trop fatigué, ou bien parce qu'il était coincé au bureau, ou tout simplement pas d'humeur parce qu'il ne pouvait pas déconnecter du travail. Il posa sa veste sur le dos d'une chaise et alla saluer sa chérie, l'embrassant tendrement sur le front avant d'aller s'étendre dans le fauteuil à côté, délassant ses chaussures et posant ses pieds sur la table. "Tes pieds Holden !" Son ton était cinglant, elle détestait quand il faisait ça... Il souffla et se leva alors. "Bien, dans ce cas, je vais au lit, je vois que t'es de bonne humeur, comme d'habitude." Elle se releva à son tour, et le suivit tandis qu'il montait déjà les marches de l'escalier menant au premier. "J'en ai marre d'accord ! Cette vie, cette routine, je m'ennuie Holden, tu ne comprends pas !? Deux ans, deux ans que je porte cette putain de bague, mais à quoi bon hein ? T'es même pas foutu de trouver une date pour le mariage ? D'ailleurs, est-ce que tu le veux toujours ce mariage ? Parce que je me pose la question !!!!! Je suis épuisée à force de remettre en question tout ce qui se passe entre nous..." Elle pleurait  présent, et la vision de sa fiancée si fébrile en bas des marches lui mit une claque. Il n'avait pas réalisé à quel point il l'avait délaissée, à quel point il avait prit leur histoire pour un acquis et qu'en agissant de la sorte, il avait justement mis en danger leur couple. Il descendit et la prit dans ses bras, avant d'attraper son visage entre ses mains et de coller son front contre le sien. "Je suis désolé Em', excuse-moi... On va fixer une date, je te le promets. Et puis tu sais quoi, je vais poser un congé, et on va partir se changer les idées... Je vais t'emmener à Glenwood Springs, je veux te présenter tout le monde, et mes parents seront ravis de s'atteler aux préparatifs, crois-moi..." Elle renifla, visiblement, ses paroles avaient eu l'effet escompté. "Depuis le temps que j'attendais que tu me le proposes..." C'était la première fois depuis le lycée qu'il allait y remettre les pieds, il n'était jamais rentré... Ses parents avaient fait quelques aller-retours, mais lui jamais. Le désintérêt, l'envie d'oublier, ou simplement la peur de croiser le démon de son passé... Haylie. Une boule se forma dans sa gorge, il n'avait pas franchement envie d'y poser les pieds, encore moins depuis que la tornade avait tout détruit... Il ne savait pas ce qu'il allait y trouver, mais si son couple en dépendait, alors il était temps de faire un effort. Le lendemain, c'était tout vu... Congé, puis il allait profiter d'être sur place pour veiller à l'ouverture d'un point de vente. Un peu de terrain, ça allait lui faire du bien.