« Monsieur Morrigan… Mon… BENNETT ! » Affalé sur mon bureau, mais étant persuadé que j’étais encore chez moi et que cette bonne femme qui me hurlait dessus était ma mère, puisqu’après tout, c’était tout ce qu’elle savait faire, je ne pris même pas la peine de lever la tête, et je dis : « Nah mais merde, fiche-moi la paix, à la fin ! » La vieille harpie ne hurla pas de nouveau. Ce qui arriva plutôt, ce fut des exclamations de surprise et d’amusement autour de moi qui me firent comprendre que non, je n’étais pas chez moi. Je relevai la tête au moment où j’entendis « Je te demande pardon ? » et sans même un regard de stupeur, je marmonnai un « Désolé… » « Tu ne crois pas que je mérite des excuses ? Je sais que tu n’as pas la vie facile, mais là… » Ce fut plus fort que moi, mon ton de voix haussa d’un cran, et je dis : « J’ai dit que j’étais désolé ! Vous voulez quoi de plus, que je me foute à genoux et que je vous baise les pieds !? » « Oulà ! L’est fâché, le petit Benny ! » « Toi, ta gueule, c’est clair !? » Et c’est comme cela que tout commença. Celui qui avait osé s’en prendre à moi bondit de sa chaise, et je fis de même, faisant en sorte qu’en moins de deux, nous étions en train de nous bagarrer en plein milieu de la classe, entre les chaises, les bureaux et les élèves à la fois affolés et surexcités de voir une telle chose se produire dans un cours de littérature. Ça n’arrivait pas tous les jours, après tout. En fait, moi, ça ne m’était jamais arrivé. Ce n’était même pas mon genre, à la base. Cependant, avec les évènements récents; le divorce de mes parents, le fait que ma mère devenait encore plus impotente que jamais, c’était devenu trop. Je dormais en classe, et j’étais de mauvaise humeur, ce qui avait conduit à cela. Je n’étais plus dans le même monde, je ne savais même pas pourquoi j’agissais ainsi, et c’est ce qui expliqua pourquoi, à la fin de cette bagarre, je ne sus même pas rétorquer lorsque soudainement, le proviseur m’annonça que j’étais renvoyé du lycée. Peut-être était-ce pour le mieux, je n’en savais rien, je ne savais même plus ce qui était bien…

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« Soldat Morrigan, nous allons décoller. Vous êtes prêt ? » Même si j’étais perdu dans mes pensées, je ne fis pas tout un cas. Je relevai la tête, jetant un coup d’œil au visage austère de cet homme qui avait maintenant ma vie entre ses mains, si je pouvais le dire ainsi. Je me râclai la gorge, puis je lâchai un petit « Oui Monsieur. » que je voulus rendre convaincant, même si en fait, ce fut un échec. Heureusement, il ne sembla pas vraiment m’en vouloir, et il me dit, sur un ton beaucoup plus doux, ce qui m’étonna même : « Allez, prenez votre sac et suivez-moi. » À ce moment, je ne sus pas si c’était permis, mais j’eus un petit sourire, content qu’il me considère ainsi, même si ce n’était probablement qu’une illusion. Cependant, c’était une illusion qui me rassurait; étant le plus jeune de mon régiment, je quittais pour ma toute première mission, ne sachant pas ce qui m’attendait, ne sachant pas ce que j’allais y faire, même si j’allais revenir. Cette idée me faisait peur, même si en fait, je me disais que c’était pour le mieux. C’était peut-être là ma seule chance de faire quelque chose d’acceptable dans ma vie, et surtout, de faire en sorte que ma famille pense que je pouvais devenir quelqu’un de bien malgré ce qui s’était passé. Après tout, cela n’avait pas pris beaucoup de temps avant que le mot se passe; Bennett qui est viré du lycée, qui ne reste plus chez sa mère, qui est hébergé chez son oncle et sa tante. C’est pas très joli, et j’ai cru comprendre bien rapidement que moi et ma mauvaise réputation n’étaient pas nécessairement les bienvenus. Maintenant, en étant dans l’armée, je ne les dérangerais pas, et peut-être que je pourrais vivre de façon indépendante et ce, même sans diplôme. Cette idée en tête, je finis par me lever, balancer mon sac sur mon épaule, et prendre la direction de l’avion sans même me retourner. Je ne voulais pas voir tous ces gens faire leurs adieux à leur famille, parce que je n’vais personne à qui en faire. En fait, peut-être que si, j’avais quelqu’un, soit Maureen, mais je n’osais pas la regarder, pas depuis ce qui s’était passé entre nous la veille. Peut-être que je ne pourrais jamais la regarder de la même façon. Un pincement au cœur en pensant à elle, je pris place dans l’appareil, et je considérai le hublot, prenant finalement la route de ma nouvelle vie.

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« Bennett… Reste avec moi, reste avec moi Bennett ! » La voix qui me parlait, je ne savais même pas si elle me parlait vraiment. Elle me venait de loin, et je ne distinguais aucun visage. J’étais aveuglé par la douleur, mes yeux étaient remplis de larmes et je sentais que j’allais finir par fermer les yeux afin de me laisser emporter par le sommeil, ou pire encore, par un coma qui me conduirait à la mort. Était-ce comme ça que je voulais passer mes derniers instants ? Pas vraiment. Toutefois, est-ce que j’avais le choix ? Pas vraiment. « Les gars, faites quelque chose, on va le perdre ! »  J’aurais envie de dire quelque chose, n’importe quoi, mais je n’y arrive pas. Sous le masque à oxygène, je peine à ouvrir les lèvres, je peine à faire quoi que ce soit. La douleur est si forte, si omniprésente, que je ne sais même pas d’où j’ai mal, je ne connais pas mes blessures, parce que j’ai l’impression que l’explosion m’a atteinte partout. Étais-je mort ? Ce ne serait même pas une surprise… « Oh putain ! » « Quoi !? » « Sa jambe… Bordel… » Quoi ? Elle avait quoi, ma jambe ? Je tentai de l’agiter pour savoir ce qui se passait, mais rien ne répondit. Encore une fois, j’essayai de parler, mais rien ne sortit de ma bouche. Des bruits de pas se firent entendre, et j’entendis dans la brume un « On a pas le choix, faut l’endormir, il ne fera pas le trajet comme ça », et finalement, ce fut le noir. Je n’avais même pas senti la piqure qu’on m’avait injectée, la sensation étant limite un réconfort par rapport à tout ce que je pouvais ressentir. Cependant, je ne ressentis plus rien, je ne sus pas ce qui se passait, où tout cela me menait. Était-ce cela, ma mort ? Peut-être que non, et peut-être que je ne le saurais jamais. À ce point, ma vie n’était plus entre mes mains.

Pour moi tout est bon, j'adore ta fiche, ton histoire, ton écriture tout ça tout ça donc forcément, je valiiiide



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