[Paroles d'enfants]
Depuis que je suis petite je sais pertinemment que les contes de fées n'existent pas, pourtant ça ne m'empêche pas de les apprécier. J'imagine pouvoir vivre dans un monde où tout irait bien, où les seules soucis quotidiens de la vie serait de savoir dans quel château on vivrait. Et chaque soir quand mon père me racontait une histoire je lui répétais la même chose de ma voix d'enfant. "
Dis tu sais papa! Si ça existe pas les contes de fées ben je vais en inventer un ! Il s'appellera Les Whittemore magiques! Et même que ce sera des personnes qui vivront toujours ensembles et qui seront toujours heureuses!" Alors je riais aux éclats parce que j'étais fier de moi et j'y croyais dur comme fer à ce contre de fée, pour moi celui là était réel. Mon père me souriait, me prenait dans ses bras et il me répondait toujours :
"Ce sera le plus beau des contes de fées car dedans c'est toi la fée ma chérie!" Alors je lui faisais un câlin et je le serrais le plus fort que je le pouvais de mes petits bras encore frêles. Souvent Isaac m'écoutait caché dans l'encolure de la porte et il venait nous rejoindre. On était tellement heureux, tellement que ça en devenait magique.
Nous étions une grande famille et je passai le plus clair de mon temps avec mon deuxième frère, mon meilleur ami Joe. Combien d'heures on a passé dehors dans l'herbe à embêter Isaac, combien de soirée popcorn on a fait en regardant pratiquement toujours le même film. Mes meilleurs moments étaient ceux passés avec Isaac et Joe. Souvent mes parents proposaient à Joe de rester dormir, quand nous étions petits il dormait avec Isaac.Tout était parfait. Ma mère me disait toujours "
Souris Morgana, surtout n'arrêtes pas de sourire, ce sera ta force et celle des autres." Alors je souriais de plus belle, quand je tombais à terre je souriais même si les larmes me montaient aux yeux. Mais un jour je n'ai pas réussi à sourire.
[Déchirures]
Mes parents étaient chercheurs et souvent ils partaient en expédition en montagne, j'y étais habitué ce n'était qu'une semaine comme une autre quelques fois dans l'année où je me retrouvais seule avec Isaac. Mais cette fois la semaine s'éternisa et ce n'est pas eux que j’aperçus devant ma porte. Je vis Isaac sortir et discuter avec cet homme en uniforme, un policier? Soudain Isaac chancela et je compris qu'il s'était passé quelque chose d'horrible. Mes parents ne revinrent jamais. J'avais 14 ans et j'avais l'impression que c'était la fin, que mon monde s'était écroulé. Les pages de mon contes de fées s'étaient déchirées et je n'arrivais pas à savoir comment les recoller. Mais ce que je devais oublier c'était qu'il y avait Isaac. Suite à la tragédie nous avons du subir les réunions de familles ou tout le monde piaillent et où l'on devait se battre pour avoir la parole. Le sujet était toujours le même: qui pouvait nous recueillir.Et les réponses étaient toujours les mêmes : pas les moyens, pas le temps, déjà assez d'enfants. Mais sans qu'on s'y attende mon frère s'était levé d'un bond les avait tous dévisagé et avait clamé haut et fort :
"Vous savez quoi? On a pas de temps à perdre avec vous! J'ai 18 ans, je suis plus censé que vous, c'est moi qui vais avoir la garde de Morgana et on prendra soin l'un de l'autre. Pas question que je confie ma petite sœur à des idiots comme vous. Allez viens Morgana!" Je me souviendrais toujours du sourire qu'il a eu en me tendant la main. Les larmes qui depuis des jours coulaient à flot sur mon visage s'étaient arrêtées soudainement et depuis j'ai gardé mes crises de larmes pour moi. Nous avons gardé la maison de nos parents et Isaac a pris un travail. Il m'a apporté tellement d'amour et de soutien à sa manière que je ne crois pas avoir été malheureuse bien longtemps. J'étais vraiment bien entouré entre Isaac et Joe. J'ai grandi sans grande difficulté, je n'ai jamais oublié de sourire, j'ai toujours aidé ceux qui en avait besoin, je récrivais mon conte à ma manière à l'aide d'Isaac et Joe qui étaient devenus les principaux protagonistes.
[Moments]
Je me souviens encore d'un jour très particulier au lycée.
Nous étions assis sur un banc et Joe n'arrêtait pas de se tortiller dans tous les sens, on aurait dit un gamin qui avait envie d'aller faire pipi. "
Qu'est-ce qui t’arrive Joe pourquoi tu gigotes comme ça?" Il s'est levé , il a tourné en rond puis s'est rassis et il m'a regardé dans les yeux. "
Ok ok ok ! Ok je te le dis! Heu voilà.. Morgana je suis gay!" Et là sans pouvoir me contrôler j'ai éclaté de rire, ce n'est pas comme si je n'en avais pas douté vu son comportement parfois. "
C'est pas une très grande surprise mon vieux! Pas la peine de stresser comme un âne! Une vraie poule mouillée j'y crois pas!" Et c'était parti, on allait se chamailler comme ça pendant plus d'une heure. Joe et mon on adoré ça se taquiner, c'était notre passe temps favoris. En règle générale on pouvait vraiment tout se dire. Isaac et lui étaient les seuls personnes que je m'autorisais vraiment à aimer. J'avais tellement peur du vide, tellement peur de la douleur que l'on ressent quand on perd quelqu'un de cher, je l'avais déjà vécu et j'avais réussi à y survivre je ne voulais pas reprendre le risque. Alors je ne sortais avec aucun garçon.
Après le lycée je voulais aller à l'Université, depuis toute jeune je m'étais découvert un talent et une passion pour la photographie, je voyais mon avenir déjà tracé. Mes meilleures photos resteront toujours celles d'Isaac à son réveil, encore mieux qu'une photo d'ours en colère. Je me suis donc inscrite dans un cursus journalisme. Mais très vite on a eu des problèmes d'argents, nos parents n'avaient pas mis assez de côté pour mes études et Isaac ne pouvait pas tout payer avec son boulot. Alors j'ai du travailler, j'ai trouvé un travail dans une librairie et j'y suis resté quelques années, ça me permettait d'aider Isaac et d'économiser pour mes études. Je m'y suis bien épanouie, ce n'était pas un travail pénible. J'ai découvert un univers vraiment passionnant. Et puis il faut dire que le patron et les employés y sont vraiment très sympathiques.
Au bout de quelques temps j'ai réussi à mettre assez de côté et j'ai pu m'inscrire en Première année. La vie était paisible...
[Tempête]
Et un jour, alors que la journée promettait d'être ordinaire et ensoleillée, la tornade a eu lieu. C'était la panique, tout volait en éclats. La ville a été dévasté en un rien de temps. Les autorités nous ordonnaient de barricader les portes, de scotcher les fenêtre et de s'enfermer dans une pièce qui ne risquait pas d'être trop toucher. Mais ce jour là j'étais seule à la maison, seule, Isaac était encore à son travail et j'avais l'impression que mon monde s'effondrer une deuxième fois. A cet instant là je me fichais de mourir parce que je ne voulais pas avoir à affronter une autre douleur intense. Mes mains tremblaient, je voyais la tempête se rapprochait mais je n'arrivais pas à faire un pas, j'étais immobile au milieu du salon. Je me fichais de la tornade je voulais savoir si Isaac allait bien, j'ai attrapé mon téléphone et j'ai essayé de le joindre pendant dix bonnes minutes mais rien. Au bout de quelques temps je me suis décidé à bouger, je suis aller m'enfermer dans la salle de bain et je me suis terré dans ma baignoire, le corps tremblant comme une feuille. J'ai fermé les yeux très fort et j'ai attendu. Quelques heures (qui me parurent une éternité) plus tard les bruits s'étaient estompés et je me suis risqué à sortir. La vue de la ville saccagé me fit un choc et je m'écroulai sur le sol. Tout se mélangeait dans ma tête et je pensais à ce qui avait bien pu arriver à Isaac. Puis la sonnerie de mon téléphone sonna et je me risquai à répondre : "
Allo.. ? » Une voix d'homme pressé me répondit à l'autre bout du fil : «
Mademoiselle Whittemore ? C'est l'hôpital, votre frère Isaac Whittemore a été admis dans un de nos services, je vous demande de venir au plus vite. » Avant que je puisse émettre le moindre son il avait raccroché. Mon téléphone me glissa des mains et j'éclatai en sanglots. Je pensais au pire, et si..et si... Je sentis alors une main posée sur mon épaule et je sursautai. Un jeune homme d'a peu près mon âge, brun et assez beau garçon me fixait. «
Mademoiselle, est-ce ..est-ce que ça va ? » Et là j'ai craqué. «
Non ! Non ça ne va pas ! C'est mon frère ! Il faut que j'aille à l'hôpital, je ne sais pas si … Et si... Mon dieu. Et je n'ai plus ma voiture, qu'est-ce que je vais faire ? »
Il a posait son doigt sur ma bouche et je me suis sentie frissonner. «
Chhuut. Ca va aller. L'hôpital c'est exactement là ou je dois aller ! Je vous accompagne ! Ne vous en faites pas je suis sûre que ça va aller. » Je l'avais alors suivi sans hésitation et à l'hôpital j'étais tombé sur Joe. Je lui ai courue dans les bras, j'étais tellement rassurée. «
Oh mon dieu Joe tu vas bien ? Tu peux pas savoir comme j'ai eu peur !! Est-ce que Isaac est ?.. » Il m'a serré dans ses bras pendant cinq minutes. «
Momo... Non Isaac va bien ! Mais il a été un peu amoché ! Il a une jambe dans le plâtre il va devoir rester ici quelque temps. Apparemment il a fait de la résistance, je crois qu'il s'est plus inquiété pour toi que pour lui même. Il ne voulait pas qu'ils l'emmènent avant de t 'avoir trouvé. » Ouf ! Ca c'était bien digne d'Isaac.
Isaac était allongé dans un lit, la tête un peu engourdie par les médicaments qu'ils lui avaient donné, mais son visage adopta un rictus de soulagement lorsqu'il me vit franchir la porte. «
Morgana ! Tu vas bien dieu merci... » Je l'avais rejoins en deux enjambés et j'étais déjà en train de le serrer contre moi. «
Je me suis vraiment inquiété ! Tu devrais avoir honte de m'avoir inquiété comme ça ! Enfin ! » Il sourit. «
Je suis vraiment contente que tu ailles bien, pendant un instant j'ai cru que... Mais tout va bien ! »
«
Morgana, on va le laisser se reposer peut-être. »
«
T'as raison Joe. T'en fais pas grand frère, prends soin de toi je m'occupe du reste ! Je suis une warrior j'y arriverais ! »
En repartant j'ai recroisé ce jeune homme dans les couloirs, en fait je suis même rentré dedans. «
Oh pardon ! Oh... C'est toi ! Merci, merci beaucoup pour que tu as fait ! Je... Je sais pas comment te remercier ! »
«
Ce n'est rien ça m'a fait plaisir ! Tu as un très joli sourire, je prends ça en dédommagement ! Peut-être qu'on se recroisera un jour. Au revoir ! »
Il portait une blouse blanche, sur laquelle je lu son prénom. «
Au revoir...Ethan ! »
[Présent]
J'ai du travailler le week end à la librairie pour pouvoir payer les réparations de la maison et subvenir a nos besoins le temps de la convalescence d'Isaac. Mais tout est rentré dans l'ordre après quelques mois difficiles. La vie avait repris son cours. Je n'avais pas revu ce garçon Ethan, depuis des mois, jusqu'à ce que je lui rentre une fois de plus dedans à l'Université. «
Oh pardon ! Roh décidément je suis vraiment maladroite. » J'ai relevé la tête et boum le choc, le même garçon avec son grand sourire. «
Bonjour toi.Tu devrais regarder plus souvent où tu marches ! Drôle de coïncidence de se recroiser ici après tout ce temps non ? » J'en avais perdue mes mots. «
Oh heu..Oui.. Je , je dois aller en cours ! Contente de t'avoir revu ! » J'ai presque couru après ça, il a du me trouvé vraiment bizarre. Mais je ne voulais pas écouter ce bruit dans mon corps, je ne voulais pas faire entrer quelqu'un d'autre dans ma vie, j'en ai trop peur. Et puis Joe n'arrêterai pas de m'embêter avec ça, et Isaac me tuerait... ou le tuerait plutôt. Je vais continuer ma vie paisible, sans y penser, enfin j'espère que je pourrais...Difficile quand il est dans la même Université et qu'il y a des possibilités de le croiser partout, comme à la librairie par exemple...