Mannequin, ce n'est pas forcément un métier facile. Mais c'est un métier qui plaît, qui nous rend connu, heureux, pour lequel on gagne beaucoup d'argent.. Et on a des fans. C'est ce qui me plaisait le plus dans ce métier, le contact avec les autres. Ces jeunes femmes ou jeunes hommes qui m'adoraient, qui voulaient devenir comme moi. C'était tellement touchant, j'adorais. Et puis j'étais assez proche d'eux sur les réseaux sociaux, répondant le plus souvent possible, je me prenais au jeu avec leurs questions par moments. Et puis il y avait Lui, celui qui m'a trouvé les meilleurs contrats du pays. J'étais heureux, j'avais un bon métier, et un homme magnifique qui me faisait la coure.. Et une famille en or. J'étais très proche de mes parents, et de mon frère jumeau, Nathan. Surtout lui, d'ailleurs. C'était mon double, la moitié de moi même. Oh, il n'était pas mannequin, mais il était photographe amateur. De magnifiques photos. Parfois, j'étais sa muse, et ça me plaisait. Mais malheureusement, il y eut cette foutue tornade. Celle qui brisa tout.

Il faisait très sombre en cette fin d'après midi. J'étais sortis de la maison pour acheter des cigarettes, et de quoi manger pour ce soir. Pour une fois mon amoureux, et fiancé depuis quelques jours, n'étais pas avec moi mais chez ses parents, à l'autre bout de la ville. Et lorsque j'arrivais devant le supermarché habituel, en voyant qu'il était anormalement fermé, je compris qu'il y avait un hic. Les panneaux de bois devant la porte, les rues désertes, aucune voiture ou presque, le trop de vent autour.. Quelque chose n'allait pas. Voulant prendre mon téléphone pour appeler Nathan, je remarquais les innombrables appels manqués et le fait que je ne captais plus. Il ne me fallu que quelques secondes de plus pour comprendre que la tornade auquel je n'avais jamais cru était vraiment la. Quelques secondes de trop. J'eus beau partir en courant jusqu'à chez moi, la où toute ma famille m'attendait, c'était trop tard.

Cinq mois plus tard. Le bip de la machine qui me maintenait en vie depuis tout ce temps s'était affolé, et j'avais enfin repris connaissance. Comme un genre de légume, mais j'étais là. J'étais vivant. Ce ne fut que deux jours après, quand je fus pleinement conscient et éveillé, mes parents et mon fiancé à mes côtés, que j'appris la triste vérité. Nathan m'avait attendu. Il n'avait pas voulu rentrer dans l'abri anti-cyclone. Il avait voulu m'attendre devant, a l'entrée du jardin. Il m'avait vu revenir en courant, et nous aurions été happés par la tornade en même temps. Je ne me souviens pas de ça, du moins, à cette époque je ne m'en souvenais pas. Neuf mois plus tard, j'ai quelques bribes qui me reviennent en mémoire, dans mon sommeil. Et ça me paralyse entièrement. Nathan est mort. Il n'a pas survécu à ses blessures, contrairement à moi. Même si je suis dans un sale état. Après l'énorme traumatisme crânien que j'ai subis, les médecins pensaient qu'il aurait fallu me débrancher. Personne n'a voulu, et heureusement. Ma jambe droite à été broyée, et ils ont tentés de la réparée, mais même si je peux marcher, ma démarche ne sera plus jamais aussi gracieuse que quand je faisais les podium. Et ça me fait mal, atrocement mal. J'ai aussi ces cicatrices sur mon corps, mon dos, des lacérations qui me font peur. Je me trouve laid. Depuis huit mois que j'ai quitté l'hôpital, je suis sous traitement. Anti-dépresseurs, cachets contre la douleur, je deviens accro à ses pilules qui me font rêver, qui me font voir un monde sans tornade. Mais tout ça reste à l'intérieur, car visuellement, je ne suis plus rien.