Un petit cri se fait entendre dans un hôpital de Chicago en ce matin du 25 décembre, suivit dix minutes plus tard d’un second. Ma sœur, Rebecca et moi étions nées, elle dix minutes après moi. Nous sommes nées 5 ans après notre frère aîné qui selon les dires de nos parents nous attendait avec impatience. J’ai grandi dans une famille tout à fait normale, des parents aimants et un grand frère attentionné. Enfin durant les premières années de ma vie. Puis une fois que nos parents durent reprendre leur boulot après leurs congés maternité et paternité, on nous a rapidement reléguées à une nounou ou nos grands-parents. Quand vos parents ont de brillantes carrières d’avocat évidemment il est difficile pour eux de s’occuper de leurs trois enfants. On voyait nos grands-parents seulement si notre nounou attitrée ne pouvait se libérer un tel jour, sinon il était rare quand on pouvait les voir. Chris, notre frère aîné, lorsqu’il rentrait de l’école passait le plus de temps en notre compagnie. Nous étions ses petites princesses et il prenait son rôle de grand-frère très à cœur. En grandissant j’avais ce sentiment d’être protégée, sentiment qui s’est estompé lorsque j’ai pris de l’âge. Lorsque j’étais en âge d’entrer en cours primaire, j’ai compris bien rapidement qu’on ne serait pas toujours là pour nous protéger. J’étais une enfant plutôt turbulente à l’époque. Un vrai garçon manqué, bagarre tous les jours, cascades et escalades dans les arbres de l’école. Des égratignures et rapidement des cicatrices ont fait leurs apparitions sur mes genoux, mes coudes et mes mains. Je suis tombée d’un arbre plutôt haut lorsque j’avais huit ans, je me suis prise quelques branches qui ont amortis ma chute, mais qui m’ont causé un joli petit trou au crâne. Une cicatrice de plus qui ne me quittera jamais et qu’heureusement on ne voit pas si l’on ne fait pas attention lorsqu’elle est cachée par ma masse de cheveux. Je me bagarrais tandis que ma jumelle jouait avec des filles de notre âge. Habillées en robe, jupe et bien coiffée, je faisais pâle figure face à ces fillettes. J’attirais les moqueries des filles, mais j’avais réussi à m’intégrer auprès des garçons parce que je savais me battre et que je n’étais pas une fillette pleurnicharde. Mes parents n’étaient pas forcément fiers de moi, ils étaient appelés dans le bureau de la directrice au minimum une fois par semaine. Je déclenchais des bagarres dans la cour de récréation, j’avais réussi une fois à déclencher une bagarre de nourriture dans le réfectoire. Ce jour-là était bien drôle, j’avais réussi à toucher les fillettes bien habillées et bien coiffées, ça m’avait fait bien rire. Ca avait beaucoup moins fait rire leurs parents et les miens. J’ai dû présenter des excuses à chacune en promettant que cela n’arriverait plus. Je m’en fichais parce que j’avais passé un bon moment dans la cafétéria. J’ai continué à grandir et à ma battre, j’avais réussi à atteindre une sacré côte de popularité auprès des garçons qui me demandaient des conseils pour se battre. A 12 ans, j’ai commencé à arrêter de me prendre pour un garçon, ils avaient bien compris que je ne resterais pas un garçon manqué toute ma vie. J’ai donc cessé de me battre mais j’ai gardé des bons souvenirs de cette périodes, les nombreuses cicatrices sont là pour en témoigner.  

Je voyais le visage de mes parents horriblement désespérés. Ils étaient venus me chercher après ma nuit passée en taule. Je venais d’avoir 15 ans et effectivement je ne traînais pas avec des personnes très recommandables après les cours. Le vilain petit canard de la famille allait ruiner leur réputation voyons. La fille de deux grands avocats ayant passé une nuit en prison après avoir traînée toute la nuit sans donner signe de vie et en taguant l’un des murs de la mairie. On avait également brisé les fenêtres de quelques bureaux. J’aurais pu avoir une peine plus lourde mais mes parents avaient réussi à ce que j’échappe aux filets de la justice, pourtant après les remontrances qu’ils m’avaient fait, ils m’ont assurés que cela m’aurait servit de leçon si j’avais passé quelques mois dans une prison pour jeunes délinquants. Fini la drogue, les cigarettes et mes petites sorties nocturnes, j’aurais été obligée de porters des vêtements difformes et dire adieu à ma liberté. Au final, j’étais bien contente que mes parents soient des avocats. Pourtant, je savais que je les décevais, j’étais loin d’être comme la petite princesse qu’était ma parfaite jumelle. Celle qui avait des bonnes notes, qui réussissait partout et tout ce qu’elle entreprenait, et qui était loin d’avoir des TOC comme les miens. Qui ne faisait pas de conneries pour se faire remarquer. Ouais j’étais jalouse à ce moment-là, extrêmement jalouse. Elle n’était pas ce petit monstre plein de défaut que mes parents avaient engendré, c’était moi ça. Mes parents n’ont jamais réussi à me canaliser, déjà petit j’étais une petite pile électrique et nerveuse, puis on a découvert que j’avais des TOC. Ouais comme le personnage principal de cette série policière, Monk. J’ai rendu dingue mes parents pendant des mois, ils ont essayé de m’empêcher de déplacer les livres des bibliothèques pour que je les remette à leur place, les dvd qui me semblaient dans le désordre … ça s’est soldé par des crises de hurlement et de larmes parce qu’ils ne laissaient pas faire ce que mon corps contrôlait et non moi. J’ai très mal vécu le fait qu’ils ne me comprenaient pas, je leur faisais peur et ils n’ont jamais cherché à m’aider ou accepter ma maladie. C’est comme ça que j’ai commencé mes conneries au final. Mes crises d’obsession du rangement, et les crises où je dois toucher certains objets un nombre de fois précis ont commencé quand j’ai eu 13 ans. Et j’ai commencé mes conneries à 14 ans, en traînant avec les mauvaises personnes. Ma première clope : 14 ans, ma première cuite : 15 ans, en même temps que ma première fois avec un mec. Ma première arrestation : 15 ans également, sans compter les suivantes quelques mois plus tard, entrée par effraction dans un bâtiment public, et autres délits mineurs, mes parents m’ont toujours sauvé la mise en plus. Au lieu de laisser leur fille croupir en prison pour délinquants. Mes parents se fichaient pas mal pourquoi je me faisait arrêter au final, ils en avaient marre. Rebecca, elle, elle sentait que quelque chose clochait. Vous savez on a ce truc assez particulier que seul des jumeaux monozygotes ont, celui de tout savoir sur notre moitié, savoir quand on ne va pas bien ou au contraire quand tout va extrêmement bien. Mais elle n’a jamais rien dis ou n’a jamais rien fait pour m’empêcher de faire des conneries. A croire qu’elle s’en fichait complètement. J’ai décidé d’éviter ma jumelle comme la peste le jour où j’ai compris qu’elle serait toujours la petite princesse préférée de nos parents et que nous n’avions plus rien en commun. Pourtant j’avais aimé ma sœur, plus que tout, j’aurais tué pour elle. Mais ça devait être parce que j’étais l’aînée de dix minutes que j’avais certainement cet instinct de protection envers elle. Tandis qu’elle, c’était loin d’être le cas. Tellement concentrée à être aussi parfaite que les parents le voulait. Mon grand-frère ? Il était parti faire des études à l’université et je lui donnais rarement des nouvelles, à quoi bon ? Je ne pouvais pas lui dire « Hey tu sais quoi ? J’viens d’aller en taule pour la première fois ! Ps : tu me manques ! », Chris était la seule personne que je ne voulais pas décevoir et j’étais bien contente qu’il ne soit pas là pour voir ma décente aux enfers. Au final, je m’étais moi-même éloignée de ma famille, parce que j’étais aussi mal dans ma peau que l’on pouvait l’être, j’ai rejeté mes proches et j’ai sombré. Je suis tombée enceinte à 16 ans, je ne voulais pas tuer ce petit être grandissant en moi. Je ne pouvais pas lui faire ça. Mais je n’étais pas prête à assumer un enfant, j’étais prête à le faire adopter auprès d’une famille aimante. Et au final j’ai bien fait parce que mon soit disant petit copain a bien pris rapidement ses jambes à son coup lorsqu’il a apprit la nouvelle, quel lâche. Mes parents ont été plus que déçus de moi, mais je m’en fichais sur le coup. J’avais interdiction de sortir pour ne pas qu’on me voit dans la rue, oui il fallait éviter à mes parents une honte monumentale … Une de leur fille enceinte à peine seize ans. Quelle réputation à nouveau allait-il avoir ? Déjà qu’ils m’aidaient lorsque je me faisais arrêter c’était déjà pas mal, alors qu’est-ce qu’on allait dire sur eux si l’on venait à apprendre la nouvelle ? Neuf mois plus tard j’ai accouché d’une petite fille que j’ai laissée à des parents extra. J’avais pu les rencontrer quelques temps auparavant, j’étais sûre qu’elle allait être entre de bonnes mains. Puis je n’ai jamais cherché à avoir des nouvelles de cet enfant, je l’avais porté mais je n’avais pu l’aimer comme une mère digne de ce nom l’aurait fait. Peu de temps après mon accouchement mes parents m’ont envoyé à Glenwood Springs, chez mon oncle et ma tante. C’était selon eux la meilleure punition qu’ils pouvaient me donner après tout ce temps à presque avoir failli entacher leurs carrières et notre vie de famille. Woah, au final mes parents me détestaient bel et bien. C’est avec un grand sourire que je quittais la maison. A la plus grande surprise général j’étreignis une dernière fois ma jumelle en lui disant les mots que je ne dirais plus jamais : « je t’aime ». J’avoue que je ne sais pas ce qu’il m’a pris ce jour-là avant de partir, mais j’étais sûre que plus jamais je ne croiserais le chemin de ma sœur et que malgré tout ce que j’avais fait, je l’aimais comme jamais. Mon oncle et ma tante furent ravis de m’accueillir chez eux. Ils n’avaient pas d’enfants mais avaient toujours voulu en avoir. Ils avaient la fibre parentale. Je l’ai sentis dès que j’ai posé la première fois le pied dans leur maison. Je me sentais chez moi. Finalement. Ils n’ont pas fuit, comme l’ont fait mes parents, lorsque mes TOC apparaissaient plusieurs fois par jour. Au contraire, ils me laissaient faire. Il m’a fallu deux ans pour apprendre à vivre correctement chez eux, à trouver ma place. J’ai eu droit à dire adieu à l’alcool, c’était prohibé chez eux, et ils ont tenus bon lorsque j’ai commencé à devenir en manque de boisson alcoolisé. Je me suis passé de la drogue plutôt facilement, bon je ne fumais que de la marijuana en petite quantité ce n’était pas trop dur d’arrêter, même si j’ai eu des périodes de manque. La seule chose qu’ils m’aient autorisé à faire : fumer mes clopes. Je serais devenue folle sans, même si aujourd’hui je tente d’arrêter … Deux ans après mon arrivée je me suis calmée, plus de conneries, j’avais repris des études par correspondance afin d’au moins obtenir mon diplôme. Je ne voulais pas faire d’études supérieures et cela leur était bien égal. Tant que me je sentais bien, ils étaient heureux pour moi. J’ai commencé à travailler dans la crèche qu’avait ouverte ma tante, des tâches administratives avec lesquelles je pouvais aider. Je me retrouvais être plutôt douée dans ce que je faisais, si bien que ma tante m’engagea définitivement en tant qu’assistante administrative. Tout aurait pu être si beau et parfait, s’il n’y avait pas eu cette ombre bien moche au tableau.  

Le vent se mit à souffler de plus belle, on voyait tous les habitants s’affairer à rentrer le plus rapidement possible dans leurs habitations respectives. Je donnais un dernier coup de main à mon oncle et ma tante pour rentrer les affaires qui traînaient encore dehors. La télé encore allumée dans le salon nous faisait entendre qu’une tornade s’approchait de la ville et que nous devions nous mettre à l’abri le plus vite possible. Mon oncle ordonna de tout lâcher, et de nous cacher là où nous trouvions de la place. J’étais effrayée, je n’étais plus une gamine de quinze ans, j’avais presque dix ans de plus mais j’avais peur comme si j’étais encore une enfant. Nous sommes monté à l’étage dans la salle de bain, ma tante et moi nous installions dans baignoire tandis que mon oncle était redescendu. Les minutes sont passées lentement, trop lentement. Puis tout s’est accéléré en un coup. Le toit a volé en éclat, la moitié de la maison fût réduite en poussière et puis le trou noir. Je ne me souviens de rien entre ça et mon réveil dans les bras de ma tante. Nous étions presque écrasée sous les débris du toit. Il ne restait plus grand chose de la maison, et c’était par miracle que la moitié de la maison tenait encore. Je nous dégageais cette planche en bois qui écrasait ma jambe et se trouvait au dessus de nous. Une douleur aiguë me lança dans la jambe et je ne fis pas plus attention. Je tentais de réveiller ma tante, mais quelque chose clochait. Elle ne bougeait pas. Je portais rapidement ma main à son visage et je compris bien rapidement qu’elle n’était plus en vie. Un débris du toit avait dû percuter son crâne pendant que la tornade passait non loin de nous. Elle m’avait sauvé la vie. Je ne pus m’empêcher d’hurler toute ma douleur. J’abandonnais le corps de ma tante dans la baignoire et partis à la recherche de mon oncle. Les escaliers étaient en piteux état et je dus faire attention à ne pas tomber en voulant descendre. Je découvrais le corps de mon oncle dans le salon écrasé par un bout du sol du deuxième étage. C’était la folie tout autour de moi, les gens s’affairaient à sauver les survivants, les pompiers et ambulanciers arrivaient aussi vite que possible sur les lieux pour évaluer les dégâts et embarquer les personnes blessées à l’hôpital. Ce n’est que lorsqu’un ambulancier s’avança vers moi pour me demander mon nom et si la maison devant laquelle je me trouvais était bien celle où j’habitais, que je repris mes esprits. Je lui donnait mon nom et indiquait que deux personnes étaient décédées dans la maison et qu’il s’agissait de ma famille. Je me souviens lui avoir demandé si je pouvais aider, mais il refusa rapidement mon aide en faisant remarquer mon état. Mon tibia était cassé, enfin c’est ce que je pensais. Mais je ne m’étais même pas rendu compte que l’os se voyait à présent et que la peau qui cachait ce morceau blanchâtre pendait. L’ambulancier dû me retenir pour ne pas que ma tête s’écrase contre le sol suite à mon évanouissement. On m’amena rapidement à l’hôpital. Ce dernier se retrouvait envahit de blessés graves ou avec des blessures bégnines, mais il y avait également des personnes cherchant après des membres de leurs familles. La ville vivait des moments plus que difficiles. On s’occupa de moi quatre heures après mon arrivée. Je n’avais plus mal après que l’on m’ait fait une piqure de morphine, moi qui hurlait à l’infirmière quelques heures plus tôt que je souffrais le martyre et qu’il était temps qu’on s’occupe de ma jambe avant que je ne la perdre, maintenant je ne sentais plus rien. J’étais apaisée. On m’emmena dans une des salles d’opérations pour qu’on puisse recoudre ce morceau de peau dans des conditions correctes. Je m’endormis sous les effets de la morphine et de l’aventure que j’avais vécue ce jour-là pour ne me réveiller que deux jours plus tard. Je me retrouvais dans une pièce remplit d’autres lits pleins. J’appris par une infirmière que cette pièce était réservée aux blessés mineurs, pas de blessés graves dans cette grande chambre. Le lit à ma gauche était vide à mon réveil, mais dans celui sur ma droite se trouvait une petite fille de cinq ans qui avait perdu ses parents dans la tornade. La petite ne semblait pas triste et elle m’avoua que sa grande sœur se trouvait dans l’hôpital et qu’elle allait la prendre en charge dès qu’elle sortirait de l’hôpital. Le lendemain de ma rencontre avec ce petit bout de chou à l’hôpital, ma jumelle vint me rendre une visite. Je ne lui adressais pas une parole tout le temps qu’elle se trouvait assiégée à mes côtés. Elle m’avoua qu’elle était soulagée de me voir en vie, mais j’étais sûre qu’elle aurait été plus rassurée – surtout mes parents en fait – de ne plus me savoir de ce monde, elle m’apprit qu’elle n’était pas venue seule. Je ne comprenais pas ce qu’elle venait faire ici et la remballait en me couchant et prétextant que j’étais fatiguée. J’avais pourtant envie de la prendre dans mes bras et m’excuser pour ce que je lui avais fait subir moi et mon comportement de gamine lorsque nous étions plus jeunes. J’espérais pouvoir effacer les traces du passé.

Je sortais de l’hôpital une semaine après que la tornade fût passée. Je marchais avec des béquilles jusqu’à mon ancienne maison. Ce qui était resté debout n’avait finalement pas tenu. La maison était en morceaux, le toit s’était envolé, les pans de murs ne tenaient presqu’à rien, la moitié de la maison qui ne s’était pas écroulée, se retrouvait maintenant horizontalement sur le jardin du voisin. Il ne restait plus rien des plus belles années que j’avais vécues. J’essayais tant bien que mal d’accéder à ce qu’il restait de ma chambre à coucher au rez-de-chaussée pour récupérer ce que je pouvais en vêtement et autres souvenirs. Ma garde robe avait été renversée et je tentais, en appui sur ma jambe valide, de percer le fond de cette armoire avec ma béquille toute neuve. ❝ Hey, tu n’aurais pas besoin d’aide ? ❞. Je me retournais et tombais sur un jeune homme qui me fixait. Je le regardais perplexe, qu’est-ce qu’il me voulait ? Il réitéra sa question une nouvelle fois et s’avança. Il me proposait son aide pour détruire le fond de ma garde robe. Je lui souriais et acceptais son aide, lui expliquant que j’avais besoin de récupérer des vêtements et ma valise qui se trouvait dedans. Je fis le tour et récupéra mon grand sac à main et entreposa tout ce qui était encore en bon état et qui pourrait me servir dans ma nouvelle vie. On m’avait ramené à l’hôpital les bijoux et montres que portaient mon oncle et ma tante, je les entreposai également dans ce sac. Je trouvais également mon paquet de cigarette dans ma table de nuit qui n’avait presque pas subit de dégâts. L’envie de m’en griller une ne m’était pas passée, une semaine à l’hôpital sans fumer m’avait rendue quelque peu nerveuse. Le temps que je farfouille dans ce que j’arrivais à atteindre, le jeune homme avait réussi à détruire ma garde robe et en sortir ma valise, ainsi qu’une boule de vêtement. J’avais réussi à tout faire tenir la première fois, je réussissais à tout faire tenir cette fois-ci aussi. Même si je dus demander de l’aide à ce jeune homme prénommé Ronan pour remplir la valise et la fermer. J’avais reçu les clés de ma nouvelle habitation, et Ronan me proposa de m’y déposer moi et ma valise jusque là. Je ne pouvais pas refuser, et je n’étais certainement pas en état de refuser. Je me voyais mal trimballer mes bagages avec mes béquilles. Durant notre petite balade en voiture, j’ai appris que le jeune homme était ambulancier, plus précisément l’ambulancier qui m’avait évité de m’écraser sur le sol et qui m’avait amené à l’hôpital, voilà pourquoi son visage m’était si familier. Je ne me souvenais pas vraiment de ce qu’il s’était passé après que je sois sortie de la maison après la tornade, je devais être en état de choc comme beaucoup de monde. Il m’apprit qu’il venait tous les jours donner un coup de main aux personnes habitants dans le quartier et ayant tout perdu comme moi. Il s’arrêta devant ma nouvelle maison, et lorsque j’ouvris la porte il entreposa mes affaires à l’intérieur. Il fila aussi vite que l’éclair en promettant de venir prendre de mes nouvelles. Il est revenu plusieurs fois voir comment j’allais, puis du jour au lendemain je ne l’ai plus vu. Ma nouvelle vie commençait à présent. Seule, et sans travail. La crèche qu’avait ma tante et où je bossais n’existait plus aujourd’hui à cause de la tornade. Et je n’avais aucunement les moyens de la reconstruire. C’est la nuit de mon arrivée dans cette maison que je commençais à replonger dans les vices que j’avais à mon arrivée. Bien qu’ils n’étaient jamais partis, je m’étais calmée. Cette nuit-là, je me débrouillais pour aller à la supérette et faire mon stock en bouteille d’alcool. Je ne me souviens plus comment j’ai réussi à rentrer chez moi, mais le lendemain je me retrouvais dans mon lit. Plus ma jambe guérissait, plus vite j’arrivais à faire ce que je voulais et ne plus me contrôler. Malgré l’alcool que j’ingurgitais, ma maison restait dans un état impeccable dû à mes TOC d’ordre et d’obsession du rangement. Je ne sortais plus de cette maison que pour aller chercher de quoi me nourrir et boire avec l’argent de l’héritage que m’avait laissé mon oncle et ma tante. J’avais réussi à récupérer durant les journées où j’étais sobre les dernières affaires de la maison de mon oncle et ma tante, tout ce que j’avais pu continuer à sauver. Tout était entassé dans des cartons et dans un coin de la petite maison du Sand Dunes Square. Je n’avais pas le courage de déballer et de décorer cette maison. Je vécu en hermite pendant pas mal de mois, je ne fréquentais pas que des gens bien et je recommençais à me haïr, moi et le monde qui m’entourait. J’avais déjà fait ma part de conneries mais je n’en avais pas assez. Je dormais la journée et foutais le bordel durant la nuit en ville, pas encore au point de passer une nuit en taule mais si je continue ça ne saurait tarder. J’ai facilement replongé dans la drogue à cause de ça. Il y a un mois j’ai décidé de ne presque plus me nourrir. Je n’en ressentais pas le besoin. C’est également à ce moment-là que ma sœur décida de re-débarquer dans ma vie. Effectivement après avoir été emmenée à l’hôpital après que quelques personnes m'ont trouvés, sur l’un des trottoirs de la ville, sombrant dans un coma éthylique, ma sœur fût appelée le soir même et débarqua aussi rapidement que possible. J’avais cette impression qu’elle était là pour se moquer de ce que j’étais devenue. Mais au contraire, elle était là pour m’aider et elle n’était pas venue seule, notre frère aîné à également débarqué pour me secouer. Je m’en suis sortie et l’on m’a interdit de boire une goûte d’alcool en plus sinon je risquais bien plus que ce coma duquel l’on m’avait tiré à coup de réanimation, et lavage d’estomac. Même si aujourd’hui je refuse catégoriquement leur aide, je ne peux m’empêcher d’apprécier leur geste. Aujourd’hui encore je me laisser aller, mange à peine un repas par jour, bois tous les soirs et rentre à quatre pattes jusqu’à chez moi, si les médecins me voyaient ils me feraient enfermer fissa. J’ai commencé à perdre pas mal de poids et même si cela devrait me faire peur je m’en fous. Ma sœur s’assure que je mange et me force à manger quand elle vient me rendre une petite visite, mon frère lui vide mes bouteilles d’alcool et sait où je les planque. Malgré tout je continue de me détruire à petit feu. Une partie de moi n’attend qu’une chose : partir d’ici pour de bon, tandis que l’autre recherche désespérément de l’aide pour remonter à la surface.