"If you wanna be my lover, you gotta  get with my friends..." Mackenzie, tout juste quatre ans, chantait à tue-tête, sa brosse à cheveux dans les mains, reproduisant la chorégraphie des cinq anglaises face au clip diffusée à la télévision. Elle ondulait son petit corps tout en secouant sa touffe de cheveux. Amusée, sa grande sœur Alyssa commença à danser à côté d'elle jusqu'à la fin de la chanson, avant de lui secouer la touffe et d'éclater de rire. "Toi, t'es une mini Mel. B !" La petite fille lui adressa un immense sourire, releva la tête, fière comme Artaban et regagna sa chambre en remuant les fesses comme une petite starlette. Alyssa la suivit et la regarda grimper sur son lit, un poster à la main. "Qu'est-ce que tu fais avec ça Mac' ?" La petite lui fit signe de s'approcher, prête à lui révéler un secret très important. D'une voix à peine audible, elle se pencha vers sa sœur et lui avoua à l'oreille. "Moi aussi je veux danser à la télé." Sa grande sœur lui offrit un sourire d'encouragement, avant d'essayer de lui ouvrir les yeux. "Mac', la télé, c'est pour les gens connus, mais nous ici tu sais, on peut pas passer à la télé. Tu peux danser dans ta chambre ou dans une salle mais c'est tout !" Emerveillée, la petite n'en perdit pas un mot. "Dans une salle ?? Moi je veux faire de la danse dans une salle aussi !" Alyssa baissa la tête, elle était en train de réaliser qu'elle venait peut-être de s'enflammer, ses parents n'auraient jamais les moyens de lui payer des cours, c'était certain. "Non, la salle c'est pour les grands, tu ne peux pas y aller encore." Mackenzie arqua les sourcils, puis les fronça devant la réponse inconvenable de sa sœur. "Ha bon, mais alors quand ?" "Et bin euh..." Alyssa ne savait pas quoi dire pour se sortir du pétrin dans lequel elle s'était fourrée, "quand t'auras 18 ans !" La petite en eut la mâchoire qui lui tomba... "Mais 18 ans c'est dans combien de temps ? Un... Deux... Trois... Quatre... Cinq..." La grande baissa les yeux et se releva du lit tandis que la petite princesse comptait encore sur ses doigts... "Dans longtemps Mac' alors oublie ça tu veux..." La petite baissa la tête, fixa son poster qu'elle jeta au sol. "D'accord."


"Encore une fois, allez !" Tête baissée, Mackenzie reprenait sa chorégraphie du tout début, seule face au miroir de la salle de danse du complexe sportif de Glenwood Springs. Encore une fois, le rythme de "Break Your Heart" de Taio Cruz retentit, et la jeune femme se donna à fond. Elle devait perfectionner ses enchainements un maximum si elle voulait avoir une chance d'obtenir une place pour ce stage dont elle rêvait tant à Los Angeles. De l'autre côté de la fenêtre, le claquement du ballon sur le sol lui indiquait que les basketteurs avaient pris place sur le terrain dehors. Elle en connaissait certains, la plupart avaient grandi dans son quartier, tandis que les autres allaient et venaient. De toute façon, elle n'y prêtait pas attention, quelques uns la saluait lorsqu'elle sortait ou lui laissait des messages pour son frère, mais rien de plus. Mac' avait sa bande d'amis à elle, et si elle venait là, c'était pour une simple et bonne raison, s'entrainer, toute seule, s'auto-discipliner, s'améliorer et devenir toujours meilleure que la veille. Alors que la partie la plus technique de la chorégraphie allait démarrer, la danseuse aperçut un visage inconnu l'observer de l'autre côté de la fenêtre. Ni une ni deux, elle attrapa la télécommande et stoppa la musique, jetant un regard noir à ce petit curieux. Le fixant, attendant vraisemblablement qu'il déguerpisse, la brune ne put s'empêcher de regarder le garçon de haut en bas, contemplant son corps avant de finalement porter son regard sur son visage. Il avait les traits fins, et lorsqu'il s'excusa, lui présentant un sourire des plus craquants, Mac' détourna le regard. Elle avait senti les petits picotements dans son ventre lorsqu'il l'avait regardée, et elle savait ô combien cette sensation n'était pas la bienvenue, et puis c'était qui ce type d'abord. Lorsqu'il s'éloigna, elle le regarda du coin de l'œil, ne ratant pas une miette de sa silhouette musclée, jetant de temps à autre un coup d'œil au match en train de se dérouler... Réalisant que sa séance était foutue pour aujourd'hui, elle s'empara de la serviette sur la chaise et fila se doucher, puis sortit, sac à l'épaule, tête baissée. Lorsqu'elle tourna la tête discrètement vers le terrain, elle aperçut le jeune homme inconnu qui la fixait, alors elle tourna vite la tête et se dépêcha de rentrer. A peine à la maison, Mackenzie se rendit dans le salon et questionna son frère l'air de rien. "J'ai vu Jermaine au centre ! Il était avec des types que je connais pas... Tu les connais toi ces mecs là ?" James n'écoutait sa sœur que d'une oreille, alors la réponse donnée n'aida en rien la jeune femme. "Nan, ils viennent squatter, j'sais pas moi ! J'm'en branle t'façon." Secouant la tête devant tant de nonchalance, Mac' regagna sa chambre et appela sa meilleure amie Vicky, à l'autre bout des USA pour lui raconter ses aventures.


Comme tous les soirs, Mackenzie regagnait la salle de danse en sortant des cours, y passait des heures à reproduire les mêmes gestes jusqu'à ce qu'elle atteigne ce qu'elle jugeait comme la perfection. Après une grosse séance, la demoiselle fila se doucher et tomba nez à nez en sortant avec le garçon qui la regardait quelques jours plus tôt. Surprise, elle recula de deux pas et fronça les sourcils. Il la vanna et la demoiselle ne put s'empêcher de le trouver louche... et méga lourd. Il était sexy, ça c'était clair, et il avait dans son sourire un petit côté enfant qui la faisait craquer, c'était cette image qu'elle avait gardé en tête depuis la dernière fois et elle avait voulu le recroiser juste pour revoir cette petite moue, ce visage angélique qui lui souriait encore une fois. Cependant, il lui faisait tout de même un peu peur, il avait un côté mystérieux qui l'intriguait, et si une partie d'elle lui disait de s'en aller et de ne pas le calculer, l'autre avait envie d'en savoir plus. Du coup, lorsqu'il lui proposa de la raccompagner, elle hocha la tête positivement. "Je ne vis pas très loin tu sais, je n'ai pas vraiment besoin d'escorte. Ici, je connais tout le monde, c'est mon quartier." A peine avait-il fini sa phrase qu'un "Salut Mack' !" résonna de l'autre côté de la rue. La jeune femme fit bonjour de la main aux deux jeunes de l'autre côté et continua son chemin, jetant un œil à son compagnon de route. Une fois arrivés devant la petite maison des Goodman, Mackenzie s'arrêta et joua avec ses mains, n'osant pas affronter le regard de ce fameux Micah et éviter de sentir les papillons tambouriner encore plus fort contre les parois de son estomac. Levant les yeux timidement vers le garçon, elle lui sourit, lui déposa un baiser sur la joue et avança vers sa porte "A bientôt alors ?".


Les jours passaient et se ressemblaient, Mack' allait en cours, puis à la salle, retrouvait Micah et tous les deux marchaient tranquillement jusqu'à chez elle. Au début, ils y allaient directement, puis elle lui proposa de s'arrêter prendre un verre avant de rentrer, puis le soir suivant, il l'invita à manger un morceau... Ce soir-là, ils s'étaient posés dans le parc à regarder la nuit tomber sur Glenwood Springs. Il lui parlait de ses rêves de basket, elle de la danse, ils jouaient, se taquinaient, lle se surprenait même parfois à poser sa tête sur son épaule et à admirer les étoiles qui faisaient leur apparition. Elle se sentait bien avec lui. Blotti contre son torse, Mackenzie leva les yeux... Micah la regardait, et les étoiles tout à coup n'avaient plus aucun intérêt. Doucement, elle se redressa, et leurs visages ne furent plus séparés que de quelques centimètres, quelques millimètres, quelques... Ils s'embrassaient, un baiser doux mais passionnée, comme quelque chose qu'on a attendu si longtemps qu'on n'a pas envie de laisser filer. Dans la nuit, ils s'étaient finalement trouvés, et le baiser ne fut qu'un prémice d'une relation passionnelle et passionnée. Lorsque finalement leurs deux bouches se détachèrent, Mack' ne put s'empêcher d'étouffer un petit rire. Elle était heureuse, vraiment heureuse. Reposant ses lèvres furtivement sur celles du jeune homme, elle se leva du banc et lui tendit la main. "Tu viens, je veux te montrer quelque chose." Il attrapa ses petits doigts qu'il garda emprisonnés dans sa paume et suivit la guide. Ils marchèrent dans la forêt pendant quelques minutes, la lumière de leur téléphone portable pour les conduire. Puis devant eux, une immense étendue d'eau, une cascade... "C'est le Hanging Lake, c'est là que je viens quand j'ai besoin d'être seule..." Il la regarda étonné, mais elle continua avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoique ce soit. "Je voulais partager ça avec toi... C'est bête je sais, mais depuis que t'es là, je ne me sens plus seule du tout." Devant cette déclaration à moitié explicite, Micah la prit dans ses bras, et ils restèrent assis là un bon moment dans les bras l'un de l'autre... Ensemble, tout prenait son sens, c'était simple et limpide comme l'eau du lac...


"Joyeux anniversaire mon bébé !!" Caché derrière un immense bouquet de lys blanc, les fleurs préférées de Mackenzie, Micah s'approchait doucement de sa dulcinée. La jolie brune avait le sourire jusqu'aux oreilles, ce bouquet était somptueux, et mieux encore, il avait choisi délibérément ce qu'elle aimait le plus, elle avait devant elle le symbole même que son amoureux la connaissait vraiment bien, parce qu'elle lui avait parlé de son amour pour les lys un soir alors qu'ils se promenaient le long du parc... Une seule fois, et ça avait suffi à ce qu'il le retienne. Elle lui arracha le bouquet de main, complètement excitée par ce geste affectueux, et lui sauta au cou, lui déposant un baiser avant de coller son front au sien en lui caresssant la joue. Elle planta son regard dans le sien, et lui glissa les trois mots qu'elle n'avait jamais été capable de prononcer auparavant, à qui que ce soit. "Je t'aime." Un sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme, qui sortit de sa poche une petite boîte. Mackenzie n'en revenait pas, il avait mis les petits plats dans les grands pour ce jour si particulier. A l'intérieur, un magnifique bracelet en or sur lequel était gravé une phrase qui marquait leur histoire. "A bientôt alors ?". C'était ce qu'elle lui avait dit le premier soir lorsqu'ils s'étaient quitté, un au revoir en forme de promesse qu'ils adoptaient tout le temps. Entre eux, jamais d'au revoir, que des "à bientôt". Après que Mack' ait repris ses esprits, Micah l'aida à le mettre et celle-ci glissa sa main dans la sienne avant de coller sa tête contre son bras musclé. "J'me demande comment c'était avant... J'veux dire, avant que je te rencontre, j'ai l'impression que c'était une autre vie, comme si tout avait pris un sens depuis que t'es là..." Elle lui sourit, puis lui lâcha la main et courut jusqu'au lac à travers les bois, poursuivi à toute vitesse par son petit ami. Tous deux riaient aux éclats, et lorsqu'il l'attrapa enfin, ils s'écroulèrent sur le sol, la mélodie de leur rires s'envolant parmi les arbres. L'un contre l'autre, ils n'en finissaient plus de s'embrasser, de sa câliner, parce que c'était ça la vie. Des rires, des caresses, des jeux, de l'amour... Blotti contre son torse, Mackenzie regardait Micah, chacun de ses traits, la lueur dans ses yeux, le mouvement que faisait son petit nez lorsqu'il explosait de rire, ses grains de beauté, elle connaissait leur emplacement par coeur, la docueur de sa peau... C'était son homme, son amour, le seul, l'unique. "Tu sais, le stage pour lequel je bossais, ils m'ont refusée..." Elle lui avoua son échec comme ça, au milieu d'un moment de tendresse, parce qu'elle ne pouvait rien lui cacher. Micah se redressa, il ne comprenait pas. "Mais bon, c'est pas grave, de toute façon, j'aurais pas pu partir, James s'est encore fourré dans les ennuis et maman ne supportera pas si elle apprend la vérité... Tu connais ma mère... Ca la tuerait si elle savait qu'il traine dans des trucs louches." Au fond, Mackenzie était déçue, elle avait honte, mais elle essayait de trouver du positif dans cet échec cuisant et référait ne rien montrer de sa fragilité, parce que c'était comme ça. Il fallait être une femme forte ou alors se taire, c'était la loi de la jungle mais surtout la loi de la vie. "J'espère qu'au moins l'un de nous deux aura ce qu'il désire." Finit-elle par lui dire en lui tapotant l'épaule. Quelle idée de faire un voeu aussi naze. Quelques semaines plus tard, alors qu'elle avait organisé une fête digne du mariage de Raiponce pour l'anniversaire de son chéri, il lui anonça la nouvelle. Il partait. Elle avait beau vouloir son bonheur, elle ne voyait plus rien d'autre qu'un brouillard intense, tellement intense qu'elle avait l'impression de ne plus pouvoir respirer, est-ce qu'on la privait d'oxygène, est-ce que c'était ça la mort ? Son coeur se serrait, il allait exploser, elle voyait trouble, une migraine atroce, les larmes ruisselant sur son visage. Tout à coup, tout ce qu'elle avait imaginé s'envolait en fumée, il n'y avait plus d'eux, plus de Micah, il allait partir loin et elle allait se retrouver seule, comme avant dans cette vie dont elle ne gardait aucun souvenir, parce que tout avait changé. Finalement, sans lui, elle n'était plus rien, et elle avait tellement peur... Tellement mal. Puis il est vraiment parti, et là, ses angoisses n'en ont plus été, parce qu'elle ne ressentait plus rien du tout. Elle était vide, ne mangeait plus, ne sortait plus, ses yeux n'avaient plus aucune étincelle, elle était morte dans un corps qui lui vivait encore. "Mack', faut que tu manges !!!!" La jeune femme ne daigna même pas tourné la tête et resta inerte dans son lit, fixant le plafond à la recherche de réponses qu'elle n'obtiendrait jamais. "Pourquoi est-ce qu'il ne l'appelle pas ? Pourquoi est-ce qu'il n'avait même pas pris la peine de lui dire au revoir ? Est-ce que leur histoire n'était finalement que du vent ? L'avait-il jamais vraiment aimé ?". Une épave, voilà ce qu'elle était.


"JAMEEEEEEEESSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS" La voix de la Jackie Goodman résonna dans tout le quartier. Des voisins venaient de lui rapporter le vol à l'étalage dont son fils s'était rendu coupable, et il n'en avait pas fallu plus pour la mettre dans une rage folle. Quelle honte ! Pour elle, pour son nom, pour sa famille il venait de tous les déshonorer et elle ne lui pardonnerait pas. S'ils n'avaient pas trop de moyens comme beaucoup ici, ils avaient en tout cas un sens de l'honneur irréprochable et l'attitude et les actes de son fils venaient de salir ce principe fondamental. Le jeune homme finit par se présenter dans le salon, mais avant qu'il n'ait eu le temps d'ouvir la bouche, la main de madame Goodman partit plus vite qu'une fusée et vint s'écraser avec violence sur la joue de James. Quelques instants plus tard, le petit frère de Mackenzie fonça jusqu'à sa chambre, touchant du bout des doigts la marque qu'avaient laissé les doigts de sa mère sur sa joue. Cette dernière le suivit et, munie d'une clé, l'enferma dans la pièce en lui hurlant qu'il n'en ressortirait qu'une fois ramené à la raison. Elle enfila son manteau, fit signe à son mari de la suivre et s'empara du volant. "On va où comme ça ?" Lui demanda son mari. "Je n'sais pas, mais j'ai besoin de changer d'air." Après quelques instants, sous un vent beaucoup plus important que d'habitude, les parents Goodman apercevèrent les pompiers de la ville faisant signe à tous les véhicules de s'arrêter et à tous les conducteurs et passagers de courir s'abriter dans les grottes. "Qu'est-ce qui se passe ???" demanda-t-elle à tout va. Quelques minutes plus tard, on lui expliqua le pourquoi du comment... Une tornade venait de se former à quelques kilomètres et fonçait droit sur Glenwood Springs. "Mais mon fils est à la maison, il faut que j'aille le chercher..." Elle attrapa son sac mais un pompier la retint par le bras. "Vous ne pouvez pas sortir madame, je vous prie de vous rassoir et d'attendre patiemment, ne paniquez pas, ça ne sert à rien, tout va bien se passer, vous êtes en sécurité". "Mais mon fils..." Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase, la Terre trembla dans un bruit monstrueux... Elle s'écroula au sol et hurla... Hurla tellement fort que tous se tournèrent vers elle, à terre, les larmes ruisselant sur ses joues. "JAAAAAAAAAAMESSSSSS"... Son fils était enfermé à la maison, et la tornade venait de réduire la ville en poussière... Lorsqu'ils purent tous sortir finalement, une fois la tornade dissipés, leur vision en prit un coup. Leur ville n'était qu'un champs de ruines, les maisons étaient complètement écroulées, les voitures retournées, voire même à des centaines de mètres de leur place initiale, et à perte de vue, un tas de débris. Madame Goodman s'écroula au sol, elle avait compris qu'elle venait de perdre son fils, parce que ce qu'il restait de son quartier se résumait à un tas de planches de bois. "NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNN" Elle hurlait au beau milieu de cette terre inreconnaissable. Quelques jours lus tard, les secours finirent par trouver le corps sans vie de James sous des décombres.. Mackenzie, ce jour-là, s'était rendue en cours à la fac et l'école les avait tous regroupés dans les sous-sols. Elle avait cherché à joindre son frère en vain, avant de finalement retrouver ses parents dévastés. Elle n'avait pas eu besoin de leur parler, elle avait compris en les apercevant. A son tour, ses eux s'emplirent de larmes, la panique, la peur, l'angoisse... Son coeur se serra, son pouls s'accéléra, elle courrait jusqu'à sa famille. "Où est James ???" Elle criait, de plus en plus fort, de plus en plus vite... "Où est JAMES !!??!!" Sa mère affronta son regard et la jeune femme eut alors confirmation. Genoux à terre, le visage dans ses mains, elle regarda autour d'elle, elle qui pensait avoir perdu la vie lorsque Micah l'avait quittée, elle venait de perdre bien plus que ça cette fois. Tous ces gens autour d'elle, toutes ces larmes, tous ces foyers brisés... Ils n'avaient plus rien, elle n'avait plus rien, simplement sa foi et une volonté de fer. Aussi fou que cela puisse paraitre, cette tragédie donna à Mackenzie la force de se relever et de se battre, elle donna un coup de main aux pompiers les jours qui suivirent, puis prononça le discours lors de l'enterrement de son frère. Avec l'aide de la communauté, ils remirent en état le terrain, et la jeune femme monta un petit groupe de danse afin de changer les idées aux enfants du coin, ceux qui avaient perdus parents, frères, soeurs, enfants... Ensemble, ils réussiraient à aller de l'avant, il le fallait.


Les mois avaient passé, Mackenzie passait de plus en plus de temps au terrain, avec ces enfants qui la considéraient comme une grande soeur. "A demain !" Leur glissait-elle en partant, embrassant chacun de leur front avant de regagner son campement sur Sand Dunes Square. Assise sur son matelas, MAck' enfila le maillot de basket de son frère et fit tourner son bracelet. "Alors à bientôt !" Pouvait-elle lire dessus. Elle ne l'avait jamais ôté, imaginant ce que Micah pouvait bien devenir... Elle se plaisait à le penser dans le 5 majeur, aux infos locales... Par contre, elle se refusait à regarder sur Internet, elle avait trop peur de tomber sur une info qu'elle ne voulait pas savoir... Ou même pire, une photo. Elle attrapa un de ses bouquins et se plongea dans la lecture d'un classique d'Orwell lorsque son téléphone sonna. Vicky... "Hey girl ! Tout va bien pour toi ?" Mack' leva les yeux au Ciel en écoutant ce que sa meilleure amie avait à lui dire. "Non, je t'ai déjà dit que j'avais pas envie de sortir et encore moins de rencontrer le frère de ton ex qui m'a vu en photo et qui me trouve sexy... Sérieux Vick', tu déconnes ! Jamais." La jeune femme au bout du fil râla, et Mack' ne lâcha pas l'affaire. "J'ai pas envie de rencontrer quelqu'un je t'ai dit, je ne suis pas..." Sa copine la coupa net. "T'es pas prête blablabla, je connais le refrain ! Putain Mack', bouge-toi les fesses sérieusement, ça fait combien de temps maintenant qu'il t'a quittée sans un mot ? Un an et demi ! Tu crois pas qu'il fait sa vie lui ? T'es vraiment pathétique, t'es belle, t'es intelligente, tu pourrais avoir n'importe quel type. Habille-toi, ce soir on sort, et tu n'as pas le choix." Elle raccrocha. Mackenzie envoya valser son téléphone, sa meilleure amie avait raison mais la vérité était toujours dure à entendre. A 22h, elle se présenta dans une robe noire moulante au Troublemaker et rejoignit Vicky à une table du club. "Je te déteste." Souffla-t-elle en s'accoudant sur le bar. "Bonsoir à toi aussi Mack', je te présente Greg !" La métisse ouvrit grand ses yeux, elle n'avait pas osé lui faire ça !!!!!!!!!!! C'était hors de question qu'elle flirte avec quelqu'un, de toute façon, elle n'était pas intéressée. "Excuse-moi Greg, mais ça ne va pas le faire, je m'excuse hein !" Elle lui adressa un sourire désolé et prit la direction de la sortie. "Nan mais alors là, quelle garce !" Elle pestait, peinant à marcher avec ses talons. Finalement, elle les ôta après quelques mètres et prit la direction opposée de la maison. Elle avait bien besoin d'être seule et de réfléchir, parce que le sujet Micah l'avait perturbée, après tout, si sur la forme, Vicky avait abusé, sur le fond, elle n'avait pas tord... Elle emprunta le chemin de terre qu'elle connaissait par coeur, marchant les pieds à même la boue jusqu'à apercevoir ce paysage qu'elle aimait tant... Le Hanging Lake.


Quelques semaines avaient passé depuis cette soirée qui avait tout changé. Elle avait cru trouver la paix en se dirigeant vers le lac, elle y avait trouvé l’angoisse, les cris, les pleurs, la joie et la colère, des montagnes russes émotionnelles réunies en une seule et même personne : Micah. Il était là, sur ce banc, son banc, leur banc. Pétrifiée par tous ces sentiments que son retour faisait remonter, la jeune femme avait tenté de fuir avant finalement d’accepter de lui parler… ce soir-là, puis quelques semaines plus tard au mariage de Parker et Aaron. Ils s’y étaient rendus ensemble et bien qu’elle avait tenté par tous les moyens de ne pas écouter son cœur, elle avait craqué, et avait accepté de lui redonner une chance. Elle était sûrement un peu folle de retenter le Diable, mais une chose était sûre, elle était folle de lui tout simplement, et même avec les années en plus, lorsqu’ils se retrouvaient tous les deux, la magie était toujours là. Cependant, si les sentiments n’avaient pas bougé, Mackenzie avait de son côté beaucoup souffert, et si Micah était investi totalement dans leur histoire, elle avait du mal à se projeter, une manière de se protéger… Au cas où… La première fois, elle ne l’avait pas vu venir, alors cette fois, mieux valait rester sur ses gardes. « Tu vas où ? » Il n’avait pas encore fait un pas que la jeune danseuse le questionnait. C’était instinctif, plus fort qu’elle, et elle ne s’en rendait même pas compte, mais elle avait besoin de sécurité, et même si elle ne l’avouerait sûrement jamais, tant qu’elle ne retrouvait pas une pleine confiance en lui, elle ne se sentirait jamais en sécurité dans sa vie et dans son couple. « Juste à la boulangerie, je reviens. » Il déposa un baiser sur son front, attrapa son portefeuille sur la table et s’éloigna tandis que Mack s’installa devant un bol de café. « Bien, je t’attends pour prendre ma douche alors… T’as intérêt d’être rapide. » Un sourire espiègle au visage, elle le regarda s’en aller, tout de suite plus sereine.