Paris, le 15 septembre 2008.

Je ne sais pas vraiment par quoi commencer, ou comment dire ça, mais en gros j’ai choisi ton nom dans la liste des personnes à contacter dans le cadre de l’échange des étudiants. Tu dois te demander pourquoi toi en particulier, et honnêtement, si je te dis la raison tu vas me trouver idiote, mais c’est uniquement parce que ton prénom a une très fort résonnance française, et comme ça je n’aurais aucun mal à dire ton prénom si un jour on doit se rencontrer. Pas que j’ai déjà imaginé comment tout allait se passer entre nous, genre qu’on allait être les meilleurs amis malgré l’Atlantique qui nous sépare. Mais j’espère sincèrement que ça se passera le mieux possible. Je sais que je dois paraître totalement psychopathe, mais c’est tellement nouveau pour moi, tout ça, que je me retrouve assez confuse. Si on était face à face, je serais incapable de décrocher un mot à cause de mon bégayement. C’est aussi ce qui explique que j’ai sauté sur l’occasion quand le prof a dit qu’on allait correspondre par écrit. Je ne sais pas quoi dire, et ne voulant pas t’envoyer un message vide, je vais me présenter, parce que je ne sais pas vraiment que dire…

Je m’appelle Iseult (comme dans Tristan et Iseult oui, ma mère est absolument fan de cette histoire ; heureusement pour moi qu’elle n'est pas fan du Grand Maulnes, je ne suis pas sûre que j’aurais assumé m’appeler Yvonne…), et comme deuxième prénom mes parents m’ont donné Ambrose. Je crois que c’est le prénom de la mère de maman, mais j’en suis pas sûre, je ne l’ai pas connue, et je ne suis pas spécialement curieuse de savoir d’où vient ce prénom, je ne l’utilise jamais. J’ai quinze ans, et je vis à Paris, dans le quartier Latin. Je sais que je dois passer pour une gosse de riche avec mon école privée, et mes parents qui cultivent cette image, mais j’ai tellement grandi dans ce milieu que je ne sais pas vraiment que je trouverais mes repères dans d’autres conditions. J’adore tellement Paris, Paris est magique, comme on dit souvent chez moi. Actuellement, je suis au lycée, en seconde. Je dois avouer que ça m’a fait étrange de passer du collège au lycée, mais on s’y fait vite ! Je ne vais pas te sortir si je réussis ou pas, je pense que tu te fiches pas mal de mon bulletin de notes, et surtout je ne t’envoie pas de lettre pour parler de ça, j’ai assez de mes parents qui me mettent la pression ! Je t’aurais bien dit ce que je voulais faire plus tard, sauf que j’en ai strictement aucune idée, je ne sais même pas ce que je vais choisir comme cursus à la prochaine rentrée. Je pense que je vais prendre la filière économique, parce que le scientifique ou le littéraire, c’est vraiment pas pour moi ! Enfin, je te parle de ça, mais je ne suis pas sûre que tu saches de quoi je parle, étant donné que ce ne doit pas être du tout le même parcours scolaire chez toi… du coup je me sens assez bête, à tel point que même lorsque je réfléchi à ce que je veux écrire, je bégaye. Parce que oui, jusqu’à mes douze ans, j’ai bégayé, à tel point que j’ai énormément souffert de ce problème. Les enfants se sont moqués de moi parce que je n’arrivais pas à aligner deux mots. Dès que j’ai su qu’il y avait des traitements pour ça, j’ai supplié mes parents qui ont alors fait les démarches nécessaires. Aujourd’hui, le problème est à peu près réglé puisque j’arrive à parler de façon à peu près fluide, sauf quand je stresse énormément. Tu ne peux pas imaginer à quel point j’ai été fière lorsque j’ai réussi à sortir la première phrase sans accrocher chaque mot. Mon petit frère, âgé de cinq ans de moins que moi, s’en joue encore un peu, mais je sais que c’est pour me charrier, et non méchamment, donc je me contente de le remballer.

Je viens de me rendre compte que je t’ai quasiment raconté toute ma vie, ce qui peut paraître assez flippant, mais je ne savais tellement pas quoi dire que j’ai complètement raconté ma vie. Pour être honnête, c’est déjà la troisième lettre différente que j’écris parce qu’à chaque fois j’abîme celle que j’écris. C’est dire à quel point je suis tendue. Et aussi, je suis désolée pour les fautes d’anglais sûrement présente partout, je n’ai pas un niveau excellent, et malheureusement les dictionnaires ne font pas tout. En espérant que tu aies tout de même compris deux-trois trucs que je te racontais.

De : iseult.leroy@yahoo.fr
A : arthur.bennet@gmail.com
Objet : mon diiieu !
Le : 25 aout 2011.

Je dois avouer qu’en arrivant à Roissy-Charles de Gaulle, j’étais encore totalement dans la tête dans les étoiles. C’était tellement merveilleux ces deux semaines à tes côtés que j’ai eu du mal à réagir en revenant à Paris. Je serais tellement restée une semaine de plus, mais malheureusement ma réalité m’a rappelée. Ca faisait tellement étrange de se parler en face, de ne plus avoir plusieurs essais pour dire ce que l’on veut dire. Mais je dois avouer que j’ai apprécié à quel point la rencontre a permis de renforcer cette amitié déjà forte. Je suis contente qu’on ait enfin passé ce pas.

J’espère que l’été prochain ce sera toi qui viendra, que je te fasse découvrir ma vie, aussi. Parce que Glenwood Springs a beau être super mignon, rien ne vaut Paris, à mes yeux. Et je suis sûre que tu ne seras pas déçu. Tu en profiteras pour améliorer ton français, parce qu’il laisse un peu à désirer, tout de même. J’ai été ravie de rencontrer tes amis, et ta famille ; j’ai senti qu’on était vraiment liés par autre chose que toutes les lettres et emails que nous nous sommes envoyés. J’ai eu tellement honte en lisant ma première lettre, et je suis contente que tu ne sois pas arrêté à cette preuve évidente de folie. Parce qu’honnêtement, j’aurais loupé quelque chose, quelqu’un. Je t’embrasse, il faut que je m’occupe de ma valise, pour aller dans mon nouvel appart plus près de ma Fac. Ca y est, je vis enfin seule. Certes c’est un peu débile de quitter le nid des parents pour aller vivres quelques arrondissements plus loin, mais je ne voyais mal rester chez mes parents jusqu’à mes trente ans… Donc j’ai sauté sur l’occasion. Et Théo est ravi de pouvoir prendre ma chambre, monsieur trouve que la sienne est trop petite. Personnellement elle ne me dérange pas, sa chambre, donc je vais la prendre.

Cette fois j'y vais vraiment, des bisous.

Paris, le 19 mai 2013.
J’ai préféré retourner à la lettre, étant donné que vu les circonstances, tu ne dois pas avoir internet, et j’ai besoin de savoir que te recevras cette lettre. J’ai entendu ce qu’il est arrivé chez toi, l’application du journal local que tu m’as installé y a deux ans a mis une alerte urgence, et quand j’ai lu ça, j’ai tellement paniqué que dès que je me suis réveillée ce matin, et que j’ai lu l’article, j’ai sauté sur mon ordi, avant de me dire que vu les dégâts, tu ne devais plus avoir internet, et encore moins de téléphone, donc j’ai opté pour un retour aux sources.

J’ai entendu qu’il y avait eu des victimes, j’espère sincèrement que tu n’en fais pas partie, ou honnêtement je ne sais pas comment je réagirais. Pourvu que tu sois bien, que toi et ta famille alliez bien. Je tremble tellement à cet instant que ça doit se sentir, vu mon écriture. Je ne veux pas m’emballer pour rien, mais je suis à deux doigts de me mettre à pleurer. Mon pauvre, si ça se trouve tu pètes le feu, et moi je suis là à déjà t’enterrer… J’espère tellement que je me trompe ! Mes mots sont confus, je le sens, mais je n’arrive pas à relire. J’ai juste envie de terminer cette lettre, te l’envoyer et par-dessus tout recevoir ta réponse. Si je pouvais avancer le temps !

Toute cette histoire, ça m’a fait comprendre que cette distance était néfaste, et c’est pour ça que j’ai pensé venir étudier chez toi… Je sais que ça peut paraître fou, mais j’en peux plus de vivre loin de mon meilleur ami, surtout quand je sais que j’ai faillis le perdre, je ne pardonnerai pas si cela arrivait encore une fois, alors que nous ne nous sommes vus en vrai que deux fois. J’en ai parlé à mes parents, parce que ça fait déjà un moment que j’y pense, et j’attends juste ton accord, parce que si tu ne me veux pas dans ton paysage proche, alors je resterai à Paris, bien que je ne sais pas vraiment comment je le prendrais... J’espère sincèrement que tu seras aussi ravi que moi à l’idée de vivre dans la même ville.

Je t’embrasse, et espère de tout cœur que tout va pour le mieux, dans la mesure du possible.

De : iseult.leroy@yahoo.fr
A : arthur.bennet@gmail.com
Objet : plus que quelques heures…
Le : 25 aout 2014.

Ca y est, j’attends à Charles de Gaulle mon avion, je suis en gros flippe, mais en même temps j’ai plus que hâte. C’est déstabilisant de se dire qu’à partir de demain je vivrais aux Etats-Unis, et surtout dans la même ville que toi. T’inquiètes, je ne viendrais pas te coller tous les jours, j’ai démarché un peu pour voir les petits jobs, et j’ai obtenu une entrevue avec le mini-golf, en espérant que ça marche ! Et aussi je suis inscrite en commerce inter, donc c’est parfait. Je pense que je vais avoir des journées bien remplies.

Et dire qu’il y a de ça plus d’un an, j’étais en mode grosse paniquée, qui t’avais envoyée une lettre digne d’une fille cinglée ! Un mois après je commençais les démarches pour un visa, et devine c’est qui que voilà demain ?? J’ai même trouvé quelqu’un d’assez aimable pour me louer un petit appart après un court échange sur Skype. Je crois que Dieu est avec moi, sur ce coup. Je stresse tellement. Je te filerai mon numéro quand j’aurais changé ma carte Sim, je t’enverrai un message, où je verrais comment je ferais.

Sur ce, je vais aller m’enregistrer ! A bientôt ! Je t’embrasse.

J'ai beaucoup apprécié la façon dont tu as raconté l'histoire, entre les lettres et les mails. J'ai hate de voir qui tu vas mettre pour Arthur puis surtout, l'évolution de leur relation



Maintenant que tu es un pur habitant de Glenwood Springs, tu as plusieurs choses à faire pour bien t'intégrer. Après ta validation, certains points te seront automatiquement attribués. Par la suite, tu pourras en demander d'autres dans ce sujet. Si tu veux te créer un scénario ou rechercher des liens précis, le mieux serait de te rendre dans ce sujet. N'oublie pas d'aller recenser ton métier et de te faire un logement, ainsi qu'une fiche de liens ! Et surtout, n'oublie pas de t'amuser parmi nous, petit chou, en espérant que tu te plaises chez les fous