« Planté sur tes jambes même si ton cœur tremble, vas-y bravement, va de l'avant comme Bambi. »
Je sais bien que tu m'appelles et que je réponds pas, mais dis-toi que j'ai juste pris la voiture et que je suis parti, que je conduis la vitre ouverte, dans la nuit éclairée par la voie lactée. Je sais bien que tu comprends pas mais peu importe le résultat, ça change rien à l'amour que j'ai pour toi, je t'assure. Et un jour elles se refermeront tes blessures.
choisir. Une femme châtain, les yeux bleus bordés de larmes, des chaussures pleines de boue, des vêtements militaires, et une casquette de soldat se dirige avec un pas rapide vers une grande maison construite de briques noires. Elle frappe à la porte. Plusieurs fois. Et la porte s’ouvre sur une femme rousse, un peu plus jeune qu’elle. Elle lui sourit. Elle baisse la tête et son sourire s’étire un peu plus lorsqu’elle voit le bébé dans les bras de la jeune femme. Sara n’a pas d’autres choix. Le père est parti dès que le cadeau qu’elle tient dans les bras est né. Et elle ne veut pas reproduire les erreurs de sa mère avec cet enfant encore si petit, encore si innocent. Elle a du mal à s’en détacher, ne sachant pas si elle la reverra un jour. Espérant que non, espérant que oui. Elle signe tous les papiers, l’enfant encore dans les mains. Elle aurait peut-être préférée que sa mère fasse ça pour elle finalement. C’est peut-être pour ça qu’elle le fait. C’est la première fois qu’elle regrette de faire ce qu’elle fait. Elle finit par lâcher l’enfant et la remet à la jeune femme rousse en face d’elle. «
Elle s’appelle Colline. Colline Ellie Cartwright. C’est le nom de jeune fille de ma mère. Je porte celui de mon père. J’espère…J’espère qu’elle sera adoptée et qu’elle aura un nom qui ira avec une famille. Je l’espère vraiment. » Elle a ce besoin de se justifier. Et la rousse semble comprendre et lui sert gentiment l’épaule. Sara laisse échapper une larme. Son portable sonne, elle décroche. Elle hume quelques fois son consentement et tend le portable à la femme rousse qui pose le bébé dans un berceau et récupère le portable. Elle hume son consentement à son tour, et rend le portable à la femme châtain. Elle s’est calmée, elle ne pleure plus. Elle a repris son physique formel. Elle ressort de l’orphelinat. Elle part en Afghanistan demain. Et elle ne sait pas si elle reviendra vivante.
tisser. «
Les enfants, calmez-vous ! » Ils sont cinq à se stopper exactement à l’endroit où ils sont, dans la potion où ils sont. Ils ont huit ans, comme toi. Et comme toi, ils s’empêchent de rire. Ils sont amis, toi, t’es à l’écart. T’aimes pas te faire des amis. Personne t’intéresse. Ils sont bizarres. Tu souris avec eux, et des fois, tu joues avec eux, mais c’est rare. En général, ils se moquent de toi et de ta couronne de fleurs que t’as dans les cheveux depuis que t’as six ans. Tu l’as trouvé par terre un jour, et t’as demandé à Isis si tu pouvais la porter. Elle l’a nettoyé, te l’a rendu, et elle t’a dit que oui, tu pouvais la porter. Depuis, tu ne la laisses que pour te doucher ou dormir. Et puis t’as pas besoin d’eux, t’as Eustache. Eustache, c’est la chatte que ta mère a laissé lorsqu’elle t’a laissé à l’orphelinat. C’est le seul lien que tu ais avec elle. Tu lui as donné un prénom de mâle, parce que tu ne savais pas encore que c’était une femelle. Mais maintenant, elle répond à ce nom, alors t’as pas envie de changer. En ce moment, elle est enceinte. Elle est posée sur tes genoux et tu la caresse avec toute la précision et l’amour que tu peux lui apporter. Finalement, Isis vous demande d’aller au lit. Et comme d’habitude, tu es la première à te lever pour y aller. Tu parles pas beaucoup, mais tout le monde commence à être habitué. Tu passes devant un garçon que tu connais pas, et il te sourit bizarrement. T’aimes pas ce garçon. Et Eustache l’aime pas non plus. En passant, elle le griffe doucement, pour pas qu’il ait de marque, mais assez pour qu’il le sente passer. «
C’est pas gentil Eustache ». Toi tu l’aimes pas, mais personne mérite de souffrir. Aussi vil et méchant soient-ils. T’arrives à ta chambre que tu partages avec Aurore. C’est la seule amie que tu aies ici. Elle te sourit, et tu lui souris aussi. Tu te mets en pyjama, te glisses sous ton lit, ta couronne de fleurs toujours autour de la tête. Isis passe éteindre la lumière, et une fois chose faite seulement tu enlèves ta couronne. Aurore te demande, d’une voix faible «
Est-ce que, un jour, tu laisseras quelqu’un te voir sans ? » Tu regardes vers elle, souriant malgré le noir. «
Non. »
relier. Douze ans. Ta vie à l’orphelinat est toujours là même. Aurore a été adoptée cela dit. Mais elle continue à te venir te voir. Ses parents sont vraiment gentils, et même si tu déteste ce sentiment, t’es un peu jalouse d’elle. Elle a trouvé une famille. Une vraie famille. Puis un jour, toi aussi t’as une visite. Elle est belle. Elle pourrait être ta mère vu son âge. Mais ce n’est pas ta mère. Elle s’assoit en face de toi et te souris. Tu lui rends son sourire, parce que t’es polie, parce qu’elle a l’air gentille. «
Je m’appelle Valérie. Valérie Greenberg. Je viens d’une petite ville, mais je connais ta mère. » Tes yeux s’écarquillent, s’illuminent, mais en voyant ça, elle te sourit tristement et se dépêche de continuer. «
Elle ne souhaite pas être retrouvée. Je ne pense pas que tu puisses la retrouver. » Tes sourcils se froncent, tu comprends pas. «
Pourquoi ? Elle m’aime pas ? » Elle te sourit tristement, et hausse les épaules. Elle ne peut rien dire. Elle sort quelques papiers après avoir largement aspiré et elle les pose sur la table en face de toi. «
Avant de partir, ta mère m’a nommé avocate de ton dossier. Ce qui veut dire que pendant toute ta vie, si tu as des problèmes avec la justice, je serais celle qui te défendra. Ce n’est pas un contrat écrit, mais ta mère est une amie donc… » Tu rêves de pouvoir lui poser plein de question, mais tu penses qu’elle répondra probablement pas. Mais finalement, elle arrête de parler lorsqu’elle voit une larme couler sur tes jours. «
Colline ? » «
Elle va bien hein ? Elle est pas morte ou malade ? Hein ? » Elle te sourit et te prend la main. Tu ne t’offusques pas, tu laisses ta main là, t’aimes même bien ce contact. «
Elle va très bien. Et crois-moi, s’il y a une chose dont je suis sure, c’est qu’elle n’a pas décidé de te laisser là parce qu’elle ne t’aimait pas. Elle t’aime. Elle t’a pas oublié. »
sourire. Ça fait quelques semaines seulement qu’Eustache est partie. Sa mort t’a fait du mal. Mais elle commençait à se faire vieille. Et puis la portée qu’elle a mise en monde, tu l’as donné, sauf une petite boule de poile. Cette petite boule de poil que t’as appelé Ash. Il est tout gris. Il est adorable. Enfin…elle est toute grise. Elle est adorable. Valérie est revenue. Mais pas seule cette fois ci. Elle a apporté un enfant qui a des cheveux comme un mouton avec elle. Vous vous asseyez dans une salle où il y a une table ronde. «
Alors, comment tu vas ? » Tu regardes Valérie et lui sourit. «
Ça va. » Tu ne peux t’empêcher de regarder la personne à côté d’elle, et de te demander qui il est. Valérie le remarque. «
C’est mon fils. Keygan. » «
Oh ? Je croyais que t’avais pas d’enfants. » T’es jalouse, mais encore une fois, t’aimes pas avoir à faire à ce sentiment. Il est heureux, tu devrais l’être pour lui, pas vouloir l'être à sa place. Alors tu dis rien. Cela dit, tu te poses plein de questions. Pourquoi il est là ? Elle avait pas d’enfant la dernière fois et un bébé, ça grandit pas aussi vite, est-ce qu’il est adopté lui aussi ? Puis tu reviens sur terre lorsque tu vois l’affreuse langue du garçon sortir de sa bouche et son nez prendre une forme bizarre grâce à ses doigts. Il essaye de faire quoi au juste ? Tu le regardes en fronçant les sourcils, un sourire au bord des lèvres, mais quelque peu étonnée. Tu continues à sourire lorsqu’il imite le bruit du mouton et qu’il explose de rire. Il est gentil. Il mérite d’être heureux. La pointe de jalousie est moins forte qu’avant. Tu décides que tu l’aimes bien. Tu souris en le regardant faire. Juste après, tu rougis sans trop vraiment savoir pourquoi. Sa mère sourit et sort de la salle. Tu vois qu’elle parle avec Isis, la porte est ouverte pour qu’elle garde un œil sur vous, mais toi t’es concentré sur le garçon en face de toi. Ses grimaces sont vraiment horribles, et probablement pour la première fois de ta vie, tu rigoles vraiment. Tu t’es trouvé un nouvel ami. «
Je m’appelle Colline. » Tu finis par dire, les joues rougies de timidité. «
Je sais, Valérie me l’a dit. »
Aujourd'hui je regarde en arrière, et je me surprends à sourire, tous ces souvenirs en si peu de temps, ça m'a fait comme une seconde naissance, à une époque je pensais que ma vie était derrière moi, et si j'avais su tout ce qui m'attendais, tous ces moments, tout ce qu'on a construit de rien et à bout de bras. Et je suis fier de ça, ça me fait du bien.
s'amuser. Ils sont revenus, un an plus tard. T’as quinze ans. Valérie et Keygan. Ils sont revenus pour te voir. Valérie essaye de te parler pour te préparer au monde extérieur dans lequel tu vivras plus tard. Mais toi, tu essayes de rester sérieuse, concentrer sur ce qu’elle dit, essayant d’oublier que derrière, Keygan, âgé de 15 ans, te fait des yeux débiles, et des grimaces très drôles. Puis finalement, Valérie te pose une question qui semble de la plus haute importance. Elle attend ta réponse, mais toi, tu n’as pas écouté. Alors automatiquement, tu réponds «
oui. » C’est là que Keygan explose rire. «
Je vois… » Tu te reconcentres sur elle, et elle a un visage amusé. «
Je t’ai demandé l’heure Colline. » Tu baisses la tête honteuse, les joues rouges. Elle vient de loin, et toi, tu ne l’écoutes même pas. C’est pas bien. «
Bon, je vous laisse une demi-heure vous deux, et ensuite je reviens et on parle sérieusement, d’accord ? » Tu hoches la tête, et Keygan fait de même. Une fois qu’elle est sortie de la pièce, Keygan explose de rire, et un léger hoquet s’échappe de tes lèvres. «
C’est méchant Keygan. C’est pas bien ce que j’ai fait. » Il rigole et d’un ton complètement normal te lance. «
Cap ou pas cap d’aller dehors dire l’heure à Valérie avec un grand sourire innocent ? » Tu le regardes bizarrement et finalement tes lèvres s’ouvrent. «
Pourquoi ? » Il rigole de nouveau. «
Bah elle t’a demandé l’heure tout à l’heure non ? » Tu hausses les épaules et sors de la pièce. Tu reviens après que Valérie ait regardé son fils avec des yeux amusés. T’as l’impression d’avoir loupé quelque chose. «
A ton tour. » «
Mon tour ? » «
Oui, de me demander si je suis cap ou pas de faire quelque chose ! » Tu réfléchis rapidement et finalement te lances. «
Cap ou pas cap de… » Et vous continuez, jusqu’à ce qu’il doive repartir. Finalement, l’entretien avec Valérie se fera par téléphone.
s'envoler. T’es en train de tresser des fleurs tranquillement, seule dans ta chambre. Aurore est pas venue te voir depuis un bout de temps, mais c’est parce que ses parents ont déménagés. Cette nouvelle couronne est blanche. Celle que t’avais trouvée dans la rue, les fleurs étaient jaunes et rouges. Elle était belle, mais vraiment très, très voyante. Et t’aimes bien les trucs discrets. Du coup, celle que tu tisses est plus discrète, bien que voyante tout de même une fois dans tes cheveux. Tu souris en tissant la dernière fleur à l’intérieur, te mordant la lèvre inférieur de concentration. Puis t’entend le bruit d’un cognement à la porte. «
Entrez ? » Tu te retournes, l’ancienne couronne sur la tête, la future nouvelle sur la tête et Ash sur tes genoux. Tu souris à Isis. Elle dit rien. Elle sourit en retour. Tu fronces les sourcils, ton sourire ne s’efface pas. Elle s’écarte sur le côté. Derrière elle, Valérie et Keygan. Ils te sourient et Keygan se met à chanter joyeux anniversaire avec une voix ridicule. Tu mets ta main devant ta bouche pour rire puis évidemment, tu rougis. Valérie s’approche de toi et regarde la couronne de fleurs. «
C’est toi qui l’a fait ? » Tu hoches la tête. «
Fermez les yeux. » Ils le font tous. Sauf Keygan. Et tu lui souris. Tu enlèves ta couronne jaune et rose, et il ouvre la bouche d’étonnement. Il t’a jamais vu sans. Ni personne d’ailleurs. Tu mets la nouvelle blanche à la place. «
Elle te va mieux » qu’il dit. Et tu lui souris. Valérie ouvre les yeux après que tu lui aies donné l’autorisation et se met à un genou devant toi, se mettant ainsi à ta hauteur. «
Colline, j’ai une nouvelle. » Tu hoches la tête sans perdre ton sourire. Isis sourit aussi. «
Je te présente Billy, c’est mon mari. Nous avons tous décidés. Et avec l’avis plus que favorable de Keygan que, si tu le voulais, tu pourrais rentrer avec nous à Glenwood Spring. » Tu fronces les sourcils. «
Pour des vacances ? Ash peut venir ? » Valérie rigole doucement mais c’est Keygan qui répond. «
Mais non ! Tu vas venir vivre avec nous. Pour toujours. » Tes yeux s’écarquillent et se bordent de larmes. «
C’est vrai ? » Valérie hoche la tête, et tes bras son automatiquement autour de son cou. Tu pleurs. T’es heureuse. T’as une famille.
Il y a quelque chose d'ironique dans tout ça. Comme si une fois, le Big Magnet s'était dit : « Tiens Pierrot amène-toi, amène-toi qu'on rigole ! Tiens, tu le vois l'autre taré en bas? Eh bien moi j'ai décidé que pour les cent prochaines années, il avancera les yeux bandés. »
découvrir. Les rues inconnues, les gens, t’aimes bien cette ambiance. Les personnes te regardent bizarrement, entre autre à cause de ta couronne, mais tu refuses de l’enlever. Tu l’as faite le jour où t’as su que t’allais partir de l’orphelinat. Tu t’es promis que jamais, jamais tu l’enlèverais. Que personne te verrait jamais sans. A part Keygan. Tu souris aux personnes, mais pour beaucoup, ils ne te rendent pas le sourire. Keygan est à côté de toi, et il te voit perdre ton sourire. Pourquoi les gens sont si méchants ? Alors c’est comme ça le monde extérieur ? Les gens jugent une personne à cause d’une couronne et d’un sourire ? Tu baisses les yeux au ciel, et Keygan le remarque probablement. Il te prend le bras et avance avec toi dans la rue. «
Je me pose une question Colline ! » Tu le regardes, et ton sourire retrouve sa place initiale. C’est ton frère maintenant. Ton frère. T’as une famille. «
Oui ? » Il sourit, probablement se retenant de la rire à la bêtise qu’il va dire et finalement parle : «
Tu trouves pas que je ressemble à un mouton ? » Tu fronces les sourcils, et tu rigoles. Il s’étonne probablement. Ne comprenant certainement pas pourquoi tu rigoles. «
Je… Je suis désolée Keygan. C’est juste que… La première fois que je t’ai vu, y’a deux ans… C’est ce que j’ai pensé. J’ai pensé que tes cheveux étaient comme un mouton. » Il rigole aussi, et il te répond. «
Tu sais ce que j’ai pensé la première fois que je t’ai vu ? » Tu secoues la tête négativement. «
J’ai pensé que t’étais super adorable. Comme un petit chaton. » Tu rigoles de nouveau, mais cette fois, il semble comprendre. «
On est les frères et sœurs Greenberg, les animaux de la ferme. » T’arrêtes de rire, mais ton sourire reste sur ton visage. T’aimes ça. Avoir une famille.
rencontrer. Un an que tu es là. Et tes réveils commencent à être habituels. Tu t'étires, tu souris lorsqu’Ash se réveille à son tour, baillant avec sa petite bouille mignonne comme elle a tendance à le faire si bien. Tu te lèves aussi, et tu t’habilles rapidement, commençant par la couronne de fleurs, finissant par une petite veste. Aujourd’hui, tu sors. Tu vas te balader dans les rues, prendre un chocolat chaud. Et tu vas allez voir Sasha aussi. Il t’a promis la dernière fois qu’il t’apprendrait à nager. Et aujourd’hui, tu vas essayer de faire ça. Tu souffles une dernière fois, te regardant rapidement devant ton miroir avant de descendre les escaliers. Tu embrasses ta mère sur la joue et fait de même à ton père. Ils sont contents. Keygan a jamais été aussi affectueux avec eux. Il les appelle par leurs prénoms. Toi, tu les appelles maman et papa et t’es toujours à leur faire des câlins. Enfin en même temps, tu fais toujours des câlins à tout le monde. Tu vas dans la pièce où Keygan est assis. «
Moutmout, je vais voir un ami, je reviens dans deux ou trois he… » Tu t’arrêtes quand tu vois qu’il est pas seul. Le rouge te monte aux joues. «
Oups, je suis désolée… Je voulais pas interrompre. » Keygan te sourit et te demande de venir vers lui. Tu t’approches du canapé et tu as enfin un bon regard sur la personne que tu regardes. Il est beau. «
Je m’appelle Esteban. Tu dois être Colline, la petite sœur de Keygan. » Tu hoches la tête rapidement. Et tu restes planté là, le rouge aux joues, à regarder, fixer Esteban. Keygan finit par réagir cela dit. «
Bon euh. T’avais pas rendez-vous avec un ami toi ? » De nouveau, tu hoches la tête et tu finis par partir de la salle. Esteban a l’ai gentil. Tu l’aimes bien.
se réveiller. Il fait noir. Et c’est calme. T’aimes bien quand c’est calme. Pourtant, quelque chose te dérange. Ta vision est de moins en moins noire, et devient rouge, petit à petit. T’aimes pas ça, c’est dérangeant. Tu prends conscience de ce qu’il y a autour de toi. Des flashs te reviennent en tête. Du vent. Beaucoup de vent. Les objets, les gens, et même les animaux, volant autour de toi, comme dans un tourbillon. Et une douleur, derrière la tête. Un bruit. Pas dans les souvenirs. Dans la réalité. Un reniflement ? Quelqu’un est enrhumé ? Un autre. Non. Quelqu’un pleure. Ta main droite est posée sur quelque chose de mou, un tissu. Un lit ? Ton autre main par contre… Elle est tournée vers le ciel. Mais quelque chose la tient. Quelqu’un ? La personne qui pleure ? La curiosité est trop forte et tes yeux s’ouvrent et ses ferment très rapidement. La lumière artificielle est trop éclatante. Ça te fait mal. «
Colline ? Ma belle ? » Tu reconnais cette voix. Tu fermes les yeux, t’as pas besoin de les ouvrir pour savoir qui est là. Et ta main se ferme sur la sienne. Esteban. Un autre bruit, une porte qui s’ouvre et se ferme violemment. La pression sur ta main s’en va. Mais t’as pas envie qu’elle parte. Elle est vite revenue. Tu ouvres finalement les yeux. C’est plus Esteban. Mais tu souris. «
T’es réveillé petit chaton. » Tu hoches la tête. Les deux garçons que tu aimes le plus dans le monde entier sont là pour ton réveil. T’es contente. Keygan te souris. «
Elle est réveillée ! Docteurs ! Docteurs ! » Tu fronces les sourcils. Docteurs ? «
T’étais endormie. Pendant un mois. Sans te réveiller. Tu m’as fait une de ses peurs. » Tu lui souris et passe ta main doucement sur sa joue. Tu es là maintenant, réveillée, il a plus à s’inquiéter. «
Colline… Je t’en prie. Le fréquente pas. Il est pas bien pour toi. Je te l’ai déjà dit. » Tu sais de qui il parle, et baisses la tête, honteuse. Tu comprends pas pourquoi Keygan veut pas que tu le fréquentes. Tu l’aimes bien toi Esteban.
s'échouer. Tes cheveux sont multicolores, il va falloir que tu les nettoies. T’es sorti du coma il y a deux mois. Deux ans, un peu plus, que t’es chez les Greenberg. Ils ont acceptés de t’aménager une pière juste pour toi, pour que tu peignes. Ils savent que t’aimes bien peindre. Tu peins depuis que t’es toute petite. Pendant que les autres enfants à l’orphelinat jouaient entre eux, toi, tu peignais. Un jour, t’as peint Isis. C’était quelques mois avant l’adoption. Et tu l’avais plutôt bien réussi. T’es en train de travailler sur un tableau de Keygan en ce moment. Tu viens de finir la dernière couche d’un tableau après la tornade, et maintenant, tu peins Keygan. T’as déjà deux trois peinture de lui, mais il les a jamais vu. Tu mords ta lèvre, essayant de te concentrer. Tu prends la peinture rouge et en ajoute quelques points là où seront ses lèvres. Tu regardes rapidement la photo sur ton portable avant de t’y remettre. Quand tu peins, tu souris pas. C’est les seuls rares moments dans ta vie où tu souris pas. Les gens sur les peintures sourient à ta place. Sauf quand tu dessines des paysages. Et alors, en général, t’es dans un état dépressif. «
Colline, je peux entrer ? » C’est Keygan. Il est peut-être temps qu’il les voit les peintures. Enfin celles terminées cela dit. Tu te dépêches de tourner celle en cours vers le mur, pour qu’il ne puisse la voir. «
Oui. » Keygan s’avance dans la pièce, doucement. Il n’est jamais entré dans cette pièce. Personne n’est jamais entré dans cette pièce. A part lui. Personne ne t’a jamais vu sans couronne de fleurs, à part lui. «
Chaton, c’est magnifique. » Personne a jamais vu tes peintures. Sauf lui. Et Sasha. T’en as fait une de lui l’année dernière avec Ash dessus. «
Colline ? C’est moi ça ? » Tu regardes la peinture. C’est la première que t’as faite de lui. T’avais quinze ans. Tu hoches la tête et il se tourne vers la deuxième que t’as faite de lui. Tu l’as faite un peu avant la tempête. «
Colline, c’est incroyable. » Tu hausses les épaules. Tu rougis. Mais t’as peur. T’espères qu’il regardera pas au fond de la pièce. C’est une peinture d’Esteban. «
Colline, t’as vraiment du talent. » Tu souris. «
Bon, je venais te voir. Tu sais cet ami qui fait des photos dont je t’avais parlé ? » Tu hoches la tête. «
Il a vu des photos que j’avais faites de toi. Et il voudrait que tu poses pour son cours de photographie. Ils cherchent quelqu’un. » Tu hausses les épaules et hoches la tête. Pourquoi pas. Pour le moment t’y penses pas. Keygan aime tes tableaux, c’est tout ce qui compte.
Et je comprendrais que tu me prennes pour un dingue, j't'en voudrais pas. C'est juste que quand j'te vois ça fait des flashs dans ma tête, y a des images qui s'répètent en boucle et j'ai besoin d'en avoir le cœur net.
réagir. Depuis deux ans, il s’est passé plein de trucs. Keygan a déménagé, et il te manque. Mais t’as récupéré sa chambre, alors ça, c’est bien. Ash est morte. Mais avant de mourir, elle a mis au monde une portée. Comme la fois d’avant, t’as récupéré un des chatons, et t’as donné les autres. T’as récupéré une petite balle de fourrure pleine de joie que t’as appelé Dusty. T’as choisi le prénom avec Keygan. Et aujourd’hui, elle fête ses un an. Elle est encore une toute petite chatonne toute mignonne qui saute partout, et tant mieux. Non pas que tu n’aimes plus tes chats une fois qu’ils sont plus âgés, mais tu les préfères quand ils sont jeunes. Parce qu’elles sont naïves, et qu’elles font n’importe qui, et qu’elles sont plus enclines à jouer avec toi. «
Colline ? Quelqu’un pour toi à la porte. » Le sourire que t’entends dans la voix de ta mère te dit déjà qui est là. «
KEYGAAAAN ! » Non, ça ne fait pas cinq mois que tu l’as pas vu. En fait, ça fait seulement une petite semaine. Mais passer de vivre avec lui à ne le voir qu’une fois par semaine, c’est un changement compliqué hein. Radical et difficile pour toi. Cette fille Cora, tu l’aimes bien, elle est gentille. Mais dire que t’es pas jalouse d’elle serait un peu te mentir à toi-même. Elle t’a chipé ton frère après tout. La dernière fois que Keygan est venu à la maison, tu l’as appelée Chipeur. Keygan a contrôlé son rire avant de te dire que tu devais l’accepter parce qu’il était amoureux d’elle. Beurk, t’aimes pas l’amour. Tu penses à Esteban rapidement. Bon peut-être que si finalement. Tu encercles ton frère de tes bras et tu le tires par le manteau pour l’emmener dans la salle où est posé Dusty. «
Elle est toujours aussi belle. » Tu hoches la tête. Tu la prends dans tes bras, et Keygan sort quelque chose de son manteau. Ton sourire s’élargit lorsque tu vois que c’est un jeu pour chat. Tu poses Dusty à terre et tu la vois commencer à jouer avec son nouvel objet. Tu rigoles doucement en la regardant. Keygan sourit en te regardant rire. Des fois, tu penses qu’il a tendance à oublier que t’es plus la petite fille qu’il a rencontrée à l’orphelinat. La petite fille perdue de quatorze ans qui rougissait à tout et qui osait parler à personne. T’as maintenant vingt ans. Tu rougis toujours autant, mais t’es beaucoup moins timide. Et t’es assez grande pour faire tes propres décisions. «
Keygan… Tu sais pour… Euh… » Son visage se ferme et rapidement, il se lève en répondant. «
On en a déjà parlé Colline. Je veux pas que tu le vois. Esteban est mauvais pour toi. S’il te plait, arrête de m’en parler, la discussion est close. » Tu baisses les yeux. T’es moins heureuse qu’avant. Dusty semble le ressentir et lève sa petite tête vers vous deux avant de venir se blottir dans le creux que forment tes jambes croisées. «
Je dois y aller, Cora m’attend. On se voit bientôt hein? » Tu sais que c’est pas vrai. Il veut juste pas voir le mal qu’il te fait en t’empêchant de voir Esteban. Il veut juste pas avoir à t’expliquer pourquoi il ne veut pas que tu le vois.
trahir. Des bruits de claquement. Tu te lèves de ton lit, les yeux encore endormis et tu entends que le bruit vient de ta fenêtre. Tu l’ouvres et montes sur le balcon pour regarder en bas. Ton sourire s’élargit lorsque tu vois Esteban. «
Mais doucement! Quelle lumière jaillit par cette fenêtre? Voilà l'Orient, et Juliette est le soleil! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur, parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu'elle-même! Ne sois plus sa prêtresse, puisqu'elle est jalouse de toi; sa livrée de vestale est maladive et blême, et les folles seules la portent: rejette-la!... Voilà ma dame! Oh! voilà mon amour! Oh! si elle pouvait le savoir!... Que dit-elle? Rien... Elle se tait... Mais non; son regard parle, et je veux lui répondre... Ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse. Deux des plus belles étoiles, ayant affaire ailleurs, adjurent ses yeux de vouloir bien resplendir dans leur sphère jusqu'à ce qu'elles reviennent. Ah! si les étoiles se substituaient à ses yeux, en même temps que ses yeux aux étoiles, le seul éclat de ses joues ferait pâlir la clarté des astres, comme le grand jour, une lampe; et ses yeux, du haut du ciel, darderaient une telle lumière à travers les régions aériennes, que les oiseaux chanteraient, croyant que la nuit n'est plus. Voyez comme elle appuie sa joue sur sa main! Oh! que ne suis-je le gant de cette main! Je toucherais sa joue! » Tu rigole doucement. La couronne de fleurs sur les cheveux, t’as oublié de l’enlever hier soir. Après le départ de Keygan, t’as été dans ta chambre et t’as câliné Dusty jusqu’à t’endormir, habillée et avec ta couronne encore en place. «
Tu l’as vraiment apprise par cœur ? » Il te sourit et continue. «
Elle parle! Oh! parle encore, ange resplendissant! Car tu rayonnes dans cette nuit, au-dessus de ma tête, comme le messager ailé du ciel, quand, aux yeux bouleversés des mortels qui se rejettent en arrière pour le contempler, il devance les nuées paresseuses et vogue sur le sein des airs! » Cette fois, tu rougis, tu ne peux t’empêcher de rougir. «
Ô Roméo! Roméo! Pourquoi diable es-tu encore en bas ? Je viens t’ouvrir. » Tu sors doucement de ta chambre après avoir fermé la fenêtre. Tu descends les escaliers et ouvre la porte d’entrée. Esteban t’embrasse doucement la joue et tu souris en rougissant. Vous remontez dans la chambre. Tes parents ont pas été réveillés, et puis de toute façon eux, ils n’ont rien contre Esteban. Si vous passez la nuit ensemble, tout habillé, juste en vous embrassement chastement, et bien, Keygan n’a pas besoin de le savoir.