« Arès, reviens ici tout de suite ! ARES ! » Le cri de la petite brune retentit dans toute la maison alors que son jumeau s’était caché pour pas qu’elle le trouve. Il venait encore de faire une bêtise qui avait le don d’irriter sa sœur. « Arès, tu sais que maman elle aime pas quand tu fais ça. Sors de ta cachette ou tu vas te faire disputer. » Clio parlait du fait de ce cacher après avoir fait une bêtise pour éviter de se faire gronder. Il lui arrivait souvent de se cacher alors il changeait de cachette à chaque fois qu’il en avait l’occasion. « Maman elle est pas là alors je m’en moque ! » Pendant qu’Arès parlait, Clio s’avançait vers la source de sa voix. La jeune fille avait toujours été plus intelligente que son frère et ce jour-là ne dérogeait pas à la règle. Elle se dirigea vers la chambre des parents en silence et se pencha sous le lit. Arès cria de frayeur. « Je t’ai trouvé ! » Le brun râla quelques secondes avant de sortir de sous les lattes. Il le savait pourtant que Clio se dirigeait au son de sa voix. Mais à chaque fois, il se faisait avoir. Bien qu’il ait perdu une bataille, il n’avait pas encore perdu la guerre. Le chenapan monta sur le matelas et commença à sauter. « Heureusement pour toi que Maman et Papa ne soient pas là. Tu sais combien ils détestent lorsque l’on saute sur leur lit… » Clio rejoignit son jumeau et dans une parfaite imitation de leur mère se drapa du traversin pour s’en faire une écharpe avant de poursuivre. « Quelle image cela donne-t-il de nous ? » Arès se mit à rire à gorge déployé tandis que Clio perdait petit à petit son sang-froid. L’apparence, c’était tout ce qui comptait pour les Jones. Les jumeaux avaient appris au fils des années de ne rien faire qui pourrait mettre en colère leur parent. Ils restaient sages et bien polis lorsqu’ils étaient dans les parages. Mais lorsqu’ils n’étaient plus là, Clio et Arès se transformaient pour redevenir les enfants qu’ils étaient. D’ailleurs, sans prévenir, la jeune fille se jeta sur son frère et entreprit de lui faire des chatouilles. Ne supportant pas cet assaut, le brun se tordit pour éviter les doigts de Clio, en vain. Il se retrouva alors allongé sur les draps, le corps de sa sœur sur lui. Le sourire triomphant de sa jumelle ne lui plaisait qu’à moitié mais il restait impuissant quand elle usait des chatouilles pour le mettre hors-jeu. « Ça, c’est pour avoir coupé les cheveux de ma Barbie. » Arès continuait de se tordre sous les assauts de sa sœur en riant. Elle savait qu’elle le tenait parce qu’il n’arriverait jamais à se défaire de son emprise. « Et ça, c’est pour avoir habillé mon Ken avec des vêtements de Barbie. » dit-elle tout en continuant de chatouiller son frère. Arès demanda grâce plusieurs fois avant que Clio ne daigne arrêter le supplice. Elle s’allongea alors à côté de lui et vint caler sa tête contre sa poitrine tandis qu’Arès l’enlaçait dans ses bras. Un sourire aux lèvres, Clio s’endormit presque instantanément. Elle avait cette faculté de s’endormir rapidement tandis qu’Arès mettait des heures à trouver le sommeil. Il regarda alors par la fenêtre et essaya de distinguer quelque chose dans le ciel noir. C’était le début d’un orage qui allait être assez puissant. Papa et Maman les avaient encore une fois laissés à la garde d’une nourrice pendant qu’ils prenaient du bon temps dans une ville qu’il n’avait pas retenu soit disant pour leur travail. Arès n’était seulement pas complètement idiot. Il savait que ses parents les laissaient souvent pour se faire des virer entre eux sous prétexte d’un voyage d’affaire. Les jumeaux restaient à Glenwood Springs tandis que les Jones prenaient un avion et partaient s’amuser dans une destination de rêve. Si au début Arès leur en avait voulu, maintenant, ce n’était plus le cas. Quand leurs parents étaient partis, ils pouvaient enfin être ce qu’ils étaient réellement, des enfants de sept ans. Leur vie n’avait pas toujours été facile. Les apparences avaient une grande importance pour les Jones et jamais ils ne devaient fait un pas de travers. Un bruit attira l’attention du jeune garçon et il tourna la tête vers la nourrice qui souriait à la porte. Il lui rendit son sourire avant de fermer les yeux et de resserrer sa prise sur sa sœur.

Un coup, deux coups, trois coups. Arès s’acharnait sur le visage du type en face de lui alors que Clio lui criait d’arrêter. Il ne pouvait tout simplement pas arrêter de frapper le mec qui avait emmerdé sa sœur. Il avait colporté des rumeurs sur sa jumelle la faisant passer pour une pute dans tout le collège. D’ordinaire, l’adolescent ne s’occupait pas des histoires qu’elle pouvait s’attirer. Elle était bien assez grande pour le faire seule. Mais lorsqu’on s’amusait à la traiter de pute, là c’était une autre histoire. Arès releva le poing gauche pour l’abattre à nouveau sur l’arcade du blond, lorsqu’il sentit une petite main encadrer la sienne. Il tourna le regard vers sa sœur et rencontra ses yeux marron. Il peut y lire la peur que sa colère lui inspirait mais aussi l’envie qu’il se stoppe. Sa main droite libéra le col du t-shirt du type qui tomba à terre à moitié sonné. « La prochaine fois que tu traites ma sœur de pute, je serai moins gentil ! » Arès regarda chaque personne du cercle qui s’était formé autour d’eux pour faire passer le message. La prochaine fois, il ne sait pas si Clio pourrait l’arrêter. Le tirant par le bras pour qu’ils s’en aillent, la brune les attira loin de toute l’attention. Le brun fit mine de mettre un coup de pied dans le ventre du mec à terre qui se mit à couiner comme une fille avant de partir avec sa sœur. Heureusement pour lui, ils n’étaient pas dans le collège au moment des faits. A part aller porter plainte au commissariat, Arès ne devrait pas avoir de trop gros problèmes. Ce qui serait le plus dur à cacher allait être les ecchymoses sur ses mains mais aussi le sang sur sa veste. Clio le fit s’asseoir sur un banc et s’appliqua à regarder le visage de son jumeau. « Il t’a bien amoché la lèvre frérot. » Elle sortit de son sac une trousse de secours. Elle en tira de l’alcool modifié et un coton pour le passer sur la lèvre. Arès grimaça de douleur sous les picotements. « Désolée Arès. » Le jeune homme balaya ses excuses d’une main. Il ne les voulait pas et même, elle n’avait pas à les faire. « T’as pas à t’excuser Clio. Ce n’est pas ta faute si ce connard s’est cru tout permis. Il n’avait pas à te traiter de pute ! Personne n’a le droit de t’insulter de la sorte. Et puis, tu crois vraiment que j’allais laisser passer ça ? » Clio déposa sa main sur celle de son frère et lui sourit timidement. « Ça n’empêche pas que je sois désolée Arès. Tu vas te faire tuer par les parents et s’il porte plainte contre toi, je sais pas ce qu’il va se passer… » « Il portera pas plainte. Il aurait trop peur des représailles. Et pour les parents, t’occupe pas de ça… Je gèrerai. » Un coup d’œil à sa montre lui apprit que Clio était en retard pour son cours de théâtre. « Allez morveuse, sauve toi sinon, tu vas aussi avoir des problèmes avec les vieux. T’inquiète pas pour moi, j’appellerai Chucky pour passer chez elle avant de rentrer à la maison. Y a toujours des vêtements à moi là-bas. Je prendrais une douche et changerait ma veste. » Clio ne semblait pas convaincue par les propos de son frère, mais il la poussa à partir. Il attrapa son téléphone une fois sa jumelle hors de vue et composa le numéro de sa cousine. « Cousine d’amour que j’aime fort… Je me suis encore foutu dans la merde. Je peux passer chez toi ? » Une fois la réponse donnée, Arès se précipita chez Charlie pour se changer.

« Putain Clio, tu veux pas te taire ! J’essaie de faire mes devoirs ! » Oui c’était bizarre venant d’Arès. Il n’était pas du genre à faire ses devoirs. Il préférait copier sur sa sœur. Seulement, là, il était bien obligé de le faire lui-même. Clio n’avait pas cette matière alors que lui oui. Du coup, ça le faisait bien chier et entendre sa sœur rire ne l’aidait pas à se concentrer. Jetant sur son lit ses livres et son cahier, Arès se dirigea de mauvaise humeur vers la chambre de sa jumelle. Il frappa à la porte avant d’entrer. Ils toquaient toujours aux portes de l’autre pour se présenter mais aussi pour préserver l’intimité de chacun. Il entra alors et au lieu de tomber sur sa sœur, il tomba nez à nez avec la nouvelle, Mohini. Elle était arrivée il y a quelques jours et il ne lui avait jamais encore parlé. Arès se retrouva alors bien con à ouvrir la bouche et la fermer comme un poisson hors de l’eau. « Ferme la bouche Arès, tu vas gober des mouches. » Ce dernier lança un regard noir à sa jumelle tandis qu’un sourire insolent apparaissait sur son visage. Il ferma la bouche et reporta son attention sur Mohini. « Salut, moi c’est Arès… Le jumeau de la débile derrière toi ! » « EH ! Mais je te permets pas ! » Clio traversa la pièce et vint frapper l’épaule d’Arès. Il se mit à rire. Comme si elle pensait qu’elle allait réellement lui faire mal. Ce n’était pas le petit poids plume qu’elle représentait qui allait être une véritable menace. Un sourire apparut sur le visage de Mohini tandis que Clio s’acharnait sur l’épaule de son jumeau. Après quelques secondes, elle renonça, voyant bien qu’elle ne lui faisait pas mal du tout. « Tu m’énerves Arès ! Je vais aller chercher à boire et à manger… Tu veux quelque chose Mohini ? » « Simplement de l’eau Clio. Merci » La brune sortit alors de sa chambre, laissant son amie et son frère seuls. Arès s’avança dans la pièce et sourit à la nouvelle. Mohini avait une façon bien à elle de parler. En effet, son accent déformait certains mots, mais cela ne rendait que plus joli sa façon de s’exprimer. Elle roulait les ‘’r’’ et s’attardait sur certaines syllabes. D’ailleurs, Arès, lui en fit la réflexion. « Tu as un très joli accent Mohini. J’aime beaucoup ! » La jeune femme se sentit rougir et elle détourna le regard. C’était bien la première fois que quelqu’un ne se moquait pas d’elle et appréciait réellement son accent. D’ordinaire, à chaque fois qu’elle changeait de pays, elle se faisait remarquer parce qu’elle avait un accent bizarre. Elle détestait d’ailleurs son accent à cause de ça. Mais ici, c’était différent. Clio et Arès l’avaient accepté avec cet accent, ce petit quelque chose qui faisait son charme. « Alors, tu viens d’où Mohini ? Et pourquoi Glenwood Springs ? » L’indienne reporta son attention vers le jeune homme et entreprit de lui raconter vite fait son histoire. « Je viens d’Inde. Je suis née là-bas. Mais je n’y suis pas restée très longtemps. Le métier de mon père implique que l’on déménage beaucoup. J’ai beaucoup voyagé dans beaucoup de pays. Mon père a été muté ici et donc, je lui ai fait promettre de ne pas changer de ville tant que je n’aurais pas fini le lycée. » Les deux se sourirent et détournèrent les yeux quand Clio revint dans la chambre avec deux verres d’eau et un verre de jus d’orange, verres qu’elle tendit à Arès et Mohini. « J’ai interrompu quelque chose ? » Arès se leva, but d’une traite le verre et le rendit à sa sœur. « Non non. Je retournais faire mes devoirs. » Il quitta alors la chambre de sa sœur pour aller dans sa chambre. Mohini était vraiment magnifique. Son sourire illuminait son visage et il aurait aimé le voir tous les jours. Il pria le soir venu pour que sa sœur devienne son amie, voir même sa meilleure amie. Il ne se doutait pas une seule seconde que son vœu allait être réalisé.

Arès sentit qu’on le secouait dans son sommeil. Il grogna quelques secondes avant de se tourner de l’autre côté indiquant ainsi qu’il ne voulait pas être dérangé. C’était sûrement Clio qui avait fait un mauvais rêve et qui cherchait la chaleur rassurante du lit et du corps de son frère. Seulement, aujourd’hui, le brun avait envie de dormir. Il avait eu une soirée plutôt chargée en alcool et s’était couché tard. Seulement, la personne n’arrêta nullement de le secouer dans tous les sens pour le réveiller. La bouche pâteuse, Arès se retourna une nouvelle fois et ouvrit lentement les yeux. « Clio, si tu viens m’emmerder parce que tu as fait un cauchemar, ça va mal se passer. » Cependant, quand ses yeux se furent habituer à la faible luminosité qui régnait dans la pièce, il s’aperçut que la jeune femme qui était dans sa chambre n’était pas Clio, mais Mohini sa meilleure amie. Il se redressa dans son lit manquant de s’assommer avec sa tête de lit et fit une petite place à la brune qui pleurait. Elle se jeta dans ses bras pour y sangloter encore un peu plus. Arès se tut se contentant de masser le dos de Mohini en attendant qu’elle se calme. Quand se sera le cas, elle lui dira sûrement ce qui s’était passé pour qu’elle vienne chez eux en pleurs. Après dix minutes dans cette position, les larmes se tarirent et la jeune femme commença à s’essuyer les yeux. « Je suis désolée d’avoir mouillé ton t-shirt. J’espère que je me suis pas mouchée dedans. » Un petit rire s’échappa de ses lèvres quand elle se rendit compte qu’elle était totalement ridicule. « T’inquiète pas Mo. Au pire, si tu t’es mouchée dedans sans faire exprès, je le changerai. Si tu me disais plutôt ce qui t’as mise dans cet état ? C’est Clio ? » Mohini secoua la tête de haut en bas pour approuver. Cela concernait bien Clio et aussitôt l’instinct de grand frère prit le dessus. « Il lui est arrivé quelque chose ? C’est grave… Mohini dit mo… » « T’affoles pas ! C’est rien de grave. On s’est juste disputé… Une grosse dispute à cause d’un garçon… » Elle lui avait coupé la parole avant qu’il ne réveille toute la maison et apprendre que tout allait bien pour sa sœur le rassura. Il n’aurait pas supporté que quelque chose de mal arrive à Clio. Il était le genre de frère à tout faire pour sa sœur. Il jouait le rôle de grand frère alors qu’ils étaient jumeaux. Mais c’était plus fort que lui. Quand Clio avait un problème, Arès accourait et réglait le problème soit diplomatiquement soit en se servant de ses poings. « J’ai voulu la taquiner un peu avec un garçon qu’elle trouve mignon et elle s’est énervée parce qu’elle aime pas qu’on parle de lui. Je l’ai laissé seule dans sa chambre pour qu’elle se calme. J’avais peur d’aller dans le salon… » Dans le noir, Mohini ne vit pas le sourire narquois qui prenait place sur le visage d’Arès. « Tu peux rester ici avec moi si tu veux. Demain matin, Clio va se poser des questions sur ta présence dans ma chambre, et je serai ravi de lui faire croire qu’il s’est passé des choses entre nous ! » La lumière aurait été allumé, Arès aurait pu voir les joues rouges de Mo, mais ce n’était pas le cas. Ils se mirent tous les deux sous les draps du brun et Mohini se cala contre le jumeau de sa meilleure amie. Elle ferma les yeux et ne tarda pas à rejoindre les bras de Morphée. Quant à Arès, il se demandait pourquoi c’était Mo qui était venue le voir dans sa chambre et non pas Clio. Il lui poserait la question demain. Pour le moment, il avait juste envie de dormir.

Putain dans quel pétrin s’était-elle encore fourrée ? Arès avait compris à moitié ce qu’elle lui avait dit. Elle était en pleurs et ne savait pas quoi faire ! Il n’avait rien compris à ce qui s’était passé, mais avait quitté la fête en courant. Il aurait été plus vite si Clio n’avait pas pris ses clés de voiture pour la conduire. Il ne savait pas pourquoi elle l’avait pris et surtout, il savait qu’elle était complètement bourrée et qu’elle avait pris la route. Quelque chose de grave était arrivé. Heureusement il n’eut pas à courir trop longtemps. La scène qui se présenta sous ses yeux le glaça d’horreur. Sa voiture était dans le ravin, deux corps étaient allongés par terre tandis que Clio accourait vers lui en larmes. Elle se jeta dans ses bras et il la réceptionna tant bien que mal. Sa jumelle tremblait de partout et semblait être en état de choc. Néanmoins, elle ouvrit la bouche pour essayer de s’expliquer. « J’ai conduit bourrée et j’ai fauchée Jenna et Mohini ! » Ainsi, Arès apprit l’identité des deux corps sur le bord de la route. Prenant Clio par les épaules, il la mena près des filles pour vérifier qu’elles étaient encore en vie. Le pouls de Mo tapait contre son doigt. Il fut rassuré de constater qu’elle était vivante. Arès enleva sa main du cou de celle qu’il aimait pour s’approcher de Jenna. La découverte qu’il fit l’horrifia. Il ne sentait pas le pouls de la jeune femme. Il essaya de lui faire un massage cardiaque en vain. Elle était morte depuis trop longtemps. Le brun se retourna alors vers sa sœur et secoua la tête pour lui confirmer ce qu’elle pensait. « Je vais aller en prison. Ils vont m’enfermer parce que j’ai commis un crime ! J’ai tué quelqu’un ! » Au fur et à mesure que l’évidence prenait place dans son esprit, Clio se mit à trembler de plus belle. « J’ai tué quelqu’un ! Oh mon Dieu, j’ai tué quelqu’un ! » Ses pleurs redoublèrent tandis qu’elle se mettait à faire une crise de panique. Arès décida d’intervenir et la gifla pour lui faire reprendre ses esprits. « Ecoute moi bien Clio, tu ne vas pas aller en prison. Je vais prendre ta place. Je vais appeler les flics et leur dire que c’est moi qui conduisait. C’est moi qui vais aller en prison. Jamais je ne te laisserai pourrir là-bas. » Clio était trop abasourdie par la gifle pour comprendre l’ampleur de ce que son jumeau lui disait. C’était bien la première fois qu’il levait la main sur elle. Mais cela avait eu le don de la calmer de suite. Les larmes continuaient de couler le long de ses joues, mais elle avait retrouvé un rythme respiratoire stable. La prenant par les épaules, Arès planta son regard dans le sien. « Tu vas faire exactement ce que je te dis. Tu m’entends ? » La jeune femme hocha la tête. « Tu vas sécher tes larmes et retourner à la fête. La plupart des gens sont bourrés. Ils n’auront pas remarqué ton absence. Au pire, tu trouveras bien un prétexte pour te sortir de là. Tu vas faire comme si rien de tout ça ne s’était passé. Tu n’as pas pris ma voiture pour aller chercher Jenna et Mohini. Tu es restée à la fête et c’est tout ! Compris ? » Nouveau hochement de tête de Clio. « Bien ! » Arès se rapprocha de sa sœur et l’enlaça de toutes ses forces dans un câlin d’adieu. « Je t’aime Clio et je t’aimerai toute ma vie ! » Il déposa un baiser sur son front avant de lui demander de partir. Elle ne réalisait pas encore qu’il allait s’accuser à sa place. Elle écouta donc son frère encore en état de choc et reparti à la soirée. Arès appela alors les flics et une ambulance et s’approcha de Mohini pour vérifier qu’elle restait en vie. « Je suis désolé Mo. J’espère que tu n’en voudras pas trop à Clio. Elle n’a pas fait exprès. » Il se moquait bien de savoir qu’elle lui en voudrait, parce que ce serait le cas. Elle penserait comme tous les autres que c’était sa faute et Clio serait en paix…

Le procès avait été avancé. Tout le monde voulait qu’Arès soit sacrifié sur la place publique. La nouvelle du meurtre de Jenna avait fait le tour de la ville et tout le monde le désignait comme un paria, un parasite à abattre. Le jeune homme arrivait très bien à supporter cette pression, les chuchotis sur son passage, le fait d’être montré du doigt pour le crime qu’il avait commis. Il se félicitait d’avoir eu l’idée de prendre la place de sa sœur. Il savait qu’elle était assez forte pour supporter ce qu’il supportait en ce moment, mais il n’était pas sûr qu’elle aurait pu survivre à de la prison. Or, c’était bien ce qui l’attendait vu que quelqu’un était mort. Bref, Arès acceptait cela avec un grand calme. Calme que ses parents n’avaient pas. Dès l’instant où il s’était fait arrêté après avoir appelé les flics, ils l’avaient condamné sans même attendre des explications de sa part. Il avait toujours su que lorsque quelque chose de mal arriverait à lui ou sa sœur, les parents les laisseraient tomber. Ce jour était arrivé et voilà, maintenant Arès était seul dans cette épreuve. Des policiers le firent entrer dans la salle d’audience ou son avocate l’attendait. Il y eu un résumé des faits pendant lequel on demandait à l’accusé de corroborer sa déclaration pour voir s’il y avait des incohérences. Au bout d’une heure, le juge s’adressa à Arès. « Monsieur Jones, avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ? Que plaidez-vous ? » Arès se leva alors et se mis de trois quart pour ne pas tourner le dos au juge mais pour se tenir devant les membres de la famille de Jenna et Mohini. « Je plaide coupable votre honneur. Et pour ma défense, je ne dirais rien. Ce que j’ai fait ne mérite même pas d’être défendu. Je souhaitais juste m’excuser auprès de la famille des victimes en leur disant que si c’était à refaire, je ne prendrais pas la voiture pour essayer de les rattraper et les ramener. Même si mon geste partait d’une bonne attention, il était dangereux et inconscient. » Arès s’arrêta pour reprendre son souffle et planta son regard dans celui de Mohini avant de continuer. « Mes excuses ne changeront rien au fait que Jenna est morte et que Mohini a perdu partiellement l’usage de sa jambe. Mais je suis quand même désolé pour tout ce que vous pouvez traverser en ce moment. » Ayant fini de parler, Arès se rassit et attendit presque avec impatience que le verdict arrive. Il en avait marre de rester assis là et de savoir tous les regards braqués sur lui. Après vingt minutes de délibération, la sentence tomba. Il était condamné à cinq ans de prison avec trois ans de sûreté. C’était bien moins que ce qu’il avait pensé mais comme c’était un homicide involontaire et qu’il s’était rendu à la justice, il écopait bien moins que s’il avait fui. Les policiers reprirent alors la route vers la voiture pour le mener en prison quand ses parents se placèrent devant lui. Clio était bien loin de lui. Arès aurait aimé la prendre dans ses bras une dernière fois avant d’être enfermé. Mais apparemment, elle ne voulait pas. Il reporta alors son attention sur ses parents. Sa mère pleurait et son père affichait une mine déconfite où toute la haine qu’il ressentait pour lui se voyait. « Je savais que tu allais être une déception pour la famille. Je ne me trompais pas. J’espère que tu crèveras en prison. » Des mots durs prononçaient par son père. Ce n’était pas simple à accepter sans qu’aucune émotion ne transparaisse de son visage. « Tu sais, j’ai déjà tué une fois, je peux recommencer. Méfie-toi de ne pas être le prochain sur la liste quand je sortirais… Je pourrais y prendre goût… » Il avait parlé d’un ton bas, méprisant et arrogant pour que seuls ses parents entendent. Sa mère poussa un cri horrifié tandis que son père se reculait d’effroi. Un sourire pervers s’accrocha aux lèvres du brun et il fut poussé par les policiers vers la prison qui serait sa maison pendant les trois ans à venir.

« Jones, courrier pour toi ! » Arès leva les yeux de son livre et arqua un sourcil interrogateur vers le gardien qui lui avait annoncé qu’il avait du courrier. « Me regarde pas comme ça Jones, je sais pas qui s’est qui te l’envoi. Maintenant bouge ton cul et viens chercher ta lettre. » Le jeune homme soupira et se leva pour récupérer l’enveloppe. Il reconnut de suite l’écriture délicate de sa sœur. Il fut surpris encore une fois par la lettre. Pourquoi lui écrivait-elle ? Ne pouvait-elle pas venir le voir et lui parler en face ? Apparemment non puisqu’elle lui avait envoyé du courrier. Il ouvrit alors l’enveloppe et commença sa lecture.

« Arès,

Je t’écris cette lettre parce que je ne peux pas venir te voir. C’est au-dessus de mes forces. Je ne peux pas affronter cette réalité où tu as pris la place du meurtrier. Ma place. Je ne peux pas, tout simplement. Je m’en veux terriblement. Je n’aurais jamais dû te mêler à ça et aujourd’hui encore, si je pouvais revenir en arrière, je ne referais pas les mêmes erreurs. C’est facile de dire ça, je le sais mais, j’aimerais pouvoir revenir en arrière. Mais c’est impossible et tu paies pour mon erreur et je ne me le pardonnerais jamais. C’est pour ça que je ne peux pas venir te voir. Je n’en ai pas la force. J’ai peur de ce que je verrais, de ce que les autres prisonniers peuvent te faire. Je t’aime Arès et ça me déchire le cœur de savoir que tu te trouves à une place à laquelle tu ne devrais pas être. Je me répète, je ne sais pas quoi te dire tellement je m’en veux.

Je t’aime Arès, de tout mon cœur. Tu es ma moitié, mon âme sœur, mon meilleur ami. Je ne peux pas venir te voir mais je ne pense pas moins à toi. Tu me manques horriblement. C’est vide sans toi à mes côtés. Nos après-midis films devant la télé me manquent, nos soirées avec nos amis me manquent, ta présence dans ma vie me manque. Je ne saurais te remercier pour tout ce que tu fais pour moi et que tu as fait. Tu es quelqu’un de formidable quoiqu’en dise les parents. S’ils savaient que je suis le monstre dans l’histoire. Si seulement je pouvais tout raconter à tout le monde. Je devrais le faire. Je devrais prendre ta place. Mais, quelque chose me dit que tu m’en empêcherais.

Je ne t’oublie pas,
Clio. »

Plus Arès avançait dans la lettre et plus il avait envie de frapper quelqu’un ou crier au monde que c’était une injustice. Sa propre sœur ne viendrait pas le voir pendant son séjour en prison. Il ne savait pas s’il lui en voulait plus de ne pas avoir eu la force de lui dire en face ou si c’était parce qu’elle ne viendrait pas. Le jeune homme serra les dents et les poings pour éviter de pleurer. Il était un homme et dans une prison un homme ne pleure pas sous peine de devenir la cible des autres hommes présents dans l’établissement. « Gardien ! » Le brun se mit à crier pour que le gardien vienne le voir. Ce dernier se précipita devant sa cellule et lui demanda ce qu’il désirait. « Je voudrais de quoi écrire pour répondre à ma lettre s’il vous plait. » Quelques minutes après avoir fait sa demande, Arès reçut du papier et un stylo. Il se posa sur la petite table et commença à écrire.

« Clio,
Je ne t’en veux pas de ne pas vouloir venir me voir. Je comprends très bien que tu puisses culpabiliser et je ne te tiens pas rigueur du fait que je vais pourrir dans cette prison sans même des nouvelles de toi. Tu sais ce qui me tue le plus en dehors du fait d’être privé de liberté, c’est de ne pas te voir. »

Il raya tout ce qu’il avait écrit et froissa la feuille. Il ne pouvait pas lui écrire de lettre. Il avait besoin de la voir, de lui parler en face. Si elle ne voulait pas, alors il respecterait son choix et ne prendrait pas contact avec elle-même si ça le tuerait à petit feu.


Une main lui parcourait le corps. Il pouvait la sentir et il n’appréciait pas ce contact. Tôt ou tard, Arès savait que ce moment allait arriver. Cela faisait trois mois qu’il avait atterrit dans la prison avec pour codétenu un pervers qui n’attendait qu’un seul moment d’inattention pour assouvir son désir de posséder le petit jeune. Seulement, il ne s’était pas rendu compte qu’Arès n’attendait que ça aussi. Pas parce qu’il voulait prendre son pied, simplement pour le frapper jusqu’à ce qu’il demande grâce. Peut-être qu’ainsi, il comprendrait que ce qu’il faisait n’était pas bien. Arès avait peu de chance d’y croire, mais lui, ne se laisserait pas faire. Il stoppa la main baladeuse alors qu’elle s’insinuait sous son t-shirt. « Jones, laisse toi faire, ça fera moins mal. » Arès pouvait entendre son sourire pervers dans ses mots. Il resserra sa prise sur le poignet de son codétenu et serra jusqu’à ce qu’elle sorte de sous son vêtement. « Tu sais Jones, si tu résistes, je vais te faire mal, mais pas qu’à ton cul. » L’allusion fit grincer le jeune homme des dents mais il n’allait pas se laisser. Ce n’était même pas une option envisageable. Il n’allait pas le laisser le violer sans rien dire. Arès se releva et de sa main libre envoya valser son poing contre le visage du prisonnier. S’ensuivit alors un combat dans lequel aucun des deux n’avait l’avantage sur l’autre. Ce fut le chahut qui alerta le gardien qui vint les séparer avant que l’un des deux tue l’autre. « Qu’est-ce qui se passe ici ? » Son regard était mauvais et il passa d’Arès à l’autre. « Il a essayait de me violer, je l’ai pas laissé faire, c’est tout. » Le gardien attrapa le col du codétenu du brun et le fit sortir de la cellule tandis qu’il laissait Arès seul. Quelques minutes plus tard, on lui fit savoir qu’il aurait une cellule pour lui tout seul pour qu’il évite de tuer les autres détenus de la prison. Un sourire apparut sur son sourire. Etre seul pendant trois ans ne le gênait absolument pas. Il préférait ça que de rester enfermé avec quelqu’un qui essaierait de le violer à chaque fois que l’occasion se présenterait.

Trois ans, voilà le temps que sa peine avait duré. Trois ans durant lesquels il avait été privé de liberté et qu’il avait dû garder la tenue orange des détenus. Seule sa cousine Charlie avait fait le déplacement pour venir le voir. Ses parents n’étaient pas venus voir le meurtrier qu’il était et sa jumelle lui avait clairement expliqué qu’elle ne voulait plus le voir. Alors, il s’était tenu informé par Chuck de la santé mais aussi de l’évolution de Clio alors qu’il était enfermé. Arès allait enfin retrouver la liberté mais il n’était pas sûr de le vouloir. En trois ans, les gens changeaient. Il avait peur de ne plus reconnaitre sa jumelle. En trois ans, la rancune se forge aussi et il avait peur que Mohini lui en veuille encore plus…