« Tu comptes entré dans l'armée ? » La bouche ouverte, je reste là, mes jambes sur ses genoux, mes bras à son cou complètement perturbée par la nouvelle qu'il vient de m'annoncer. « Je ne voulais pas te le dire plus tôt parce que tu sais je.. Je pensais pas que je m'attacherais autant à toi mais.. Oui. » Je n'y crois pas.. Comment il a pu me cacher ça ? Enfin techniquement il ne m'a rien caché du tout vu qu'il vient de me le dire mais.. Pourquoi attendre aussi longtemps ? Bon d'accord ça ne fait que deux semaines. « Et.. Tu pars dans combien de temps ? » Il me regarde avec sa petite moue désolé, cachant sa tête dans le creu de mon cou. « Deux mois.. A la fin des vacances. » Pourquoi il me dit ça maintenant ? Pourquoi il ne l'a pas dit deux semaines avant ? Pourquoi il a attendu que je m'attache à lui de cette façon ? Que je tombe amoureuse de lui.. « Et tu me dis ça maintenant ? Comme ça ? Tu me regardes avec ta belle gueule et tu me sors "Jenna, je dois t'avouer un truc.. Je vais faire mon service militaire." Tu ne savais pas me dire ça avant que je tombe amoureuse de toi, je fais quoi maintenant moi ? Je suis censée réagir comment hein ? » Et voilà que maintenant je suis incapable de m'arrêter de parler, lui demandant encore et toujours des explications. « Tu.. T'es amoureuse de moi ? » « Non mais, ce n'est pas là le problème ! » Il sourit et pose alors doucement ses lèvres sur les miennes, posant sa main sur le bas de mon dos pour me rapprocher un peu plus de lui. « Alors, j'ai une mauvaise nouvelle. » « Quoi ? Encore une ? T'es sérieux là en plus ? » Je me recule, plongeant mon regard dans le sien. « Moi aussi je suis tombé amoureux de toi. » Non.. Non il ne peut pas.. Parce que maintenant je ne vais plus avoir la force de mettre un terme à notre petit flirt. Une histoire n'est pas possible entre lui et moi et pourtant je le veux.. Je le veux à mes côtés pendant ses deux derniers mois ici. Je veux pouvoir poser mes lèvres sur les siennes autant de fois que je le voudrais jusqu'au jour de son départ. Pourquoi me prendre la tête en même temps ? Pourquoi ne pas simplement profiter du temps qu'il nous reste ?

Comment est-ce que j'ai pu penser qu'il resterait ? Qu'il changerait d'avis, qu'il me regarderait avec son petit sourire, son regard rassurant en me disant "ne t'inquiète pas, pour rien au monde je ne t'abandonnerais". J'ai été trop bête de penser une chose pareille, parce qu'à force de tellement espérée je me sens encore plus mal maintenant qu'il est réellement partit je ne sais où en guerre. Quelle idée de partir risquer sa vie dans un pays en guerre ? Attention.. J'ai énormément de respect pour les soldats mais, pourquoi il a fallu que l'homme que j'aime, celui dont je suis tombée amoureuse soit militaire ? Il n'aurait pas pu être simple vendeur dans la boutique du coin ou une autre connerie dans le genre ? Je pousse un long soupir avant de jeter mon téléphone à l'autre bout du canapé, laissant ma tête tomber dans le vide. J'ai pourtant essayée de m'y préparer mentalement mais, visiblement je n'ai pas réussi. « Il est partit ? » Je tourne la tête vers ma mère, lui adressant un petit oui de la tête. Elle voit bien que je suis dégoûtée, que je me suis attachée à lui plus que je ne l'aurais du.. « Et tu sais s'il va revenir un jour ? » Ma mère me pose beaucoup trop de question. Je soupire donc lentement avant de me redresser sur le canapé. « On est plus ensemble maman, nous avons rompu. » Parce que je me voyais mal l'attendre avec la peur au ventre constamment. Je ne veux pas être l'une de ses femmes de militaire qui attend sagement devant leurs fenêtres le moindre signe de vie. Je ne veux pas voir un jour une voiture de police venir m'annoncer que mon petit-copain est mort en sauvant notre pays et il ne le veut pas non plus. Notre histoire n'était qu'une petite amourette de vacances, rien de plus. « Mais je ne comprends pas.. Tu es pourtant amoureuse de lui ? » « Il est partit, fin de la discutions. » Et j'étais loin de m'imaginer qu'il reviendrait un jour, exactement un an et trois semaines plus tard.


C'est ma vie. Elle n'est pas rose, elle n'est pas grise. J'ai vu le jour des années plus tôt, et je mourrai des années plus tard. J'ai connu des temps sombres, des temps clairs, des grandes déchirures et des souvenirs heureux. Parfois, je fonce tête baissée, j'agis comme bon me semble, j'ai l'impression que rien ne peut m'arrêter. Et parfois j'hésite, je fige, je n'arrive plus à réfléchir, je n'arrive pas à me décider. Un jour, je t'aime, le lendemain je te hais. Un jour je me sens libre et à ma place, comme si les choses étaient en ordre, comme si tout allait bien, comme si tout irait bien. Et le lendemain, je retombe, plus rien ne va. Je tourne en rond, j'étouffe, je pleure, encore. J'aimerais que tout s'arrange. Que les jours de pluie s'écartent, que le soleil brille à nouveau. J'aimerais faire quelque chose de beau, quelque chose de bien, avant d'être emporté par les ténèbres. Laisser une trace de mon passage sur terre. Avoir des enfants, peut-être. Inventer un truc. Révolutionner un domaine. Défier les standards artistique. Changer le monde à ma façon. Je voudrais faire une différence. Mais j'ignore si j'y arriverai. Bref… C'est ma vie. Elle n'est pas rose, elle n'est pas grise. J'ai vu le jour des années plus tôt, et je mourrai des années plus tard. J'ai connu des temps sombres, des temps clairs, des grandes déchirures et des souvenirs heureux. Parfois, je fonce tête baissée, j'agis comme bon me semble, j'ai l'impression que rien ne peut m'arrêter. Et parfois j'hésite, je fige, je n'arrive plus à réfléchir, je n'arrive pas à me décider. Un jour, je t'aime, le lendemain je te hais. Un jour je me sens libre et à ma place, comme si les choses étaient en ordre, comme si tout allait bien, comme si tout irait bien. Et le lendemain, je retombe, plus rien ne va. Je tourne en rond, j'étouffe, je pleure, encore. J'aimerais que tout s'arrange. Que les jours de pluie s'écartent, que le soleil brille à nouveau. J'aimerais faire quelque chose de beau, quelque chose de bien, avant d'être emporté par les ténèbres. Laisser une trace de mon passage sur terre. Avoir des enfants, peut-être. Inventer un truc. Révolutionner un domaine. Défier les standards artistique. Changer le monde à ma façon. Je voudrais faire une différence. Mais j'ignore si j'y arriverai. Bref…

Non ce n'est pas possible. Il ne peut pas être malade, pas de cette façon, pas comme ça. Ce ne sont que des conneries, je suis persuadée que les résultats se trompent quelques part. Il y a forcément une erreur quelque part. La main de mon petit frère dans la mienne, je la serre du mieux que je peux, évitant de craquer, de fondre en larmes parce que le mot "leucémie" vient de sortir de la bouche du médecin. Je savais qu'il avait quelque chose de grave, ses saignements à répétition le montrait mais, j'avais espérée quelque chose de beaucoup moins douloureux pour un petit garçon de dix-huit ans. Damian avait encore toute sa vie devant lui et voilà que maintenant un cancer venait de foutre sa vie en l'air.. Ma vie aussi venait d'être foutu en l'air. Moi qui pensait que j'avais tout pour être heureuse : une famille, des amis, un fiancé extraordinaire.. Qu'est-ce que serait la vie sans mon blondinet ? Rien du tout. « Quel stade ? » Moi-même je n'étais pas certaine de vouloir entendre la réponse, je voulais simplement qu'il rigole d'un seul coup nous lâchant un "je vous ai fait peur, non ne vous inquiétez pas, ce n'est rien de grave juste une petite irritation de rien du tout qui va passer dans maximum quelques jours avec les médicaments" mais, non. Il n'a pas rigolé, il a regardé mon frère droit dans les yeux et à sortit ses mots tels des lames de rasoirs. « Il y a encore une chance Damian, mais il va falloir traiter le cancer agressivement. Tu vas subir de la chimiothérapie ainsi que de la radiothérapie, avant une éventuelle greffe. » J'étais juste au bout de ma vie.. Je n'avais envie de rien, je voulais juste échanger ma vie contre celle de mon frère, lui permettre de pouvoir vivre les années qu'il lui reste sans penser à mourir peut-être un jour. J'étais prête à mourir pour lui, prête à tout pour le protéger et le garder encore innocent des problèmes pour quelques temps. « Je vois. » Il arrivait à rester fort, à garder la tête haute mais, moi je ne tenais pas le coup. J'ai fondu en larmes comme une gamine qui vient de perdre son jouet préféré, j'étais à la fois triste mais, aussi en colère contre la vie. Damian n'allait pas baisser les bras parce que je serais là pour lui, je l'empêcherais de voir le fond, ou alors je verrais le fond avec lui. Jamais.. Je ne le laisserais jamais seul contre tout ça. C'est lui et moi contre le reste du monde pour toujours. « Quelle maladie de merde putain ! Mais il va s'en sortir, hein, tu vas t'en sortir Damian ! On va se battre. » Prenant mon frère dans mes bras, je mis du temps avant de calmer mais, le son de sa voix avait réussi à me rassurer. « Même pas peur t'inquiète soeurette. » Moi j'avais peur.. Terriblement peur de ne plus pouvoir avoir la possibilité de le prendre dans mes bras à l'avenir. J'avais peur de l'avenir.


« Mon amour ça ne va pas.. ? » Nate état là, livre des commandes pour le mariage en main, le regard complètement perdue. « Je.. » Je n'arrivais même pas à m'exprimer, les larmes prenaient l'avantage sur tout le reste et sans prévenir, il m'a attrapé pour me prendre contre lui, ma tête sagement posée contre son torse musclé. J'étais bien là dans ses bras mais.. J'étais mal pour mon petit frère qui devait supporter le terrible point d'un cancer tout seul. Oui nous étions là pour lui mais, en attendant il devait tout affronter seul, que ce soit les saignements ou encore tout le reste. « Damian à un cancer Nate il.. Il a la leucémie et moi.. Je ne peux rien faire pour lui.. » Non je ne pouvais rien, à part lui tenir la main, le rassurer, le prendre dans mes bras, tenir le mouchoir contre son nez. « Il n'a que dix-huit ans Nate il.. Mon frère est beaucoup trop jeune.. Pourquoi.. J'aurais préférée que ça tombe sur moi cette espèce de connerie ! » La main de Nate caresse doucement mes cheveux, déposant de tendre baiser sur mon front. « Nate je.. » Il me regarde dans les yeux et je sais qu'il va avoir mal mais, je ne peux pas faire autrement. « Il faut repousser le mariage. » Il recule doucement, caressant ma joue à l'aide de son pouce. « Chérie on ne peut pas tout reculer comme ça.. Les réservations sont quasiment toutes faites c'est.. » « Oui ben tu dois les annuler mon petit frère est malade Nate et je veux pouvoir m'occuper de lui et être présente. » Je me rends bien compte que c'est complètement égoïste de faire ça mais.. C'est ça ou bien il se marie tout seul ou avec une autre s'il le veut. « Je n'ai pas la tête à devenir ta femme ou encore à faire des enfants je.. Il a besoin de moi je suis désolée Nate. » Devenir mère à toujours été l'un de mes plus grands rêves mais, je dois me faire une raison. Pour le moment mon plus grand rêves serait de voir un jour Damian complètement guéris et je dois me faire une raison.. Pour profiter un maximum de lui je dois mettre mes projets personnels de côté.


Rien ne s'améliore.. Il commence même à perdre ses cheveux maintenant. J'ai même été coupée les miens pour le soutenir, pour lui montrer qu'il n'est pas tout seul mais.. Je sens bien que pour le moment rien ne fonctionne comme prévu. « Aucun signe de rémission... traitement inefficace... » Je ferme doucement les yeux, essayant de retenir mes larmes mais, c'est plus fort que moi. Une fine perle arrive quand même à s'échapper le long de ma joue pour venir se déposer sur ma lèvre, ce qui m'oblige ensuite à la mordiller. « Il y a toujours de nouvelles options, on a des traitements expérimentaux, je peux me renseigner, prendre contact avec d'autres chirurgiens, c'est possible Damian.... » Oui voilà c'est possible ! J'essaye d'être aussi emballer que le médecin mais, mon petit frère lui ne semble pas être du même avis à mon triste regret. « Merci Docteur, mais non. Je ne sais pas combien de temps il me reste, mais je ne compte pas le passer dans une chambre d'hôpital. J'ai entendu vos propositions, j'ai bien pris note de vos idées, même de la cure thermale et tout le tralala, mais non, je vais simplement m'en aller et vivre ma vie tant que j'en ai une » Quoi ? Je regarde ma mère qui vient presque de s'effondrer sur place alors, que ma plus grande soeur essaye elle aussi de tenir le coup. Il fait quoi là ? Il essaye de baisser les bras ? Non mais, il est hors de question que je le laisse faire. « T'as une chance et tu la refuses ! » Est-ce qu'il pense au fait que certains enfants dans la même situation que lui n'ont même pas cette chance de pouvoir bénéficier d'un traitement ? Qu'ils meurent alors, qu'ils auraient eu envie de faire quelque chose ? Personnes ne comprend, mes parents sont simplement sur le choc, essayent de le ramener dans le droit chemin mais, ça semble être foutu pour foutu. « J'ai envie d'être libre vous comprenez ?! » Je me laisse tomber contre le mur, serrant la main de Nate qui venait de nous rejoindre dans le salon. « J'veux pouvoir faire ce que j'ai envie, j'ai envie de vivre, et tout ça, les prises de sang, la chimio, c'est déjà la mort... J'veux plus de tout ça.. » Tous les jours nous avons essayés de le faire changer d'avis, de lui dire que la vie c'était important et qu'avec un peu de chance la chimio arriverait à lui offrir un nombre considérable d'années en plus mais, il ne voulait rien entendre. Il restait bloqué dans son monde, dans cette envie de profiter sans se soucier de sa santé et du reste. Et un matin.. J'ai vu tout s'écrouler sous mes yeux. « Tu es déjà debout ? » J'ouvrais lentement les yeux à cause du soleil, gardant la couverte près de moi, regardant Nate debout devant la porte un bout de papier en main. « C'est.. Tiens. » Il semblait inquiet. J'ai donc rapidement pris la lettre avant de m'écrouler sur le sol. A ma famille, je ne sais pas si vous vous souvenez de mon anniversaire, le jour de mes huit ans... J'avais fait un voeu, celui de rester aussi heureux que ce jour-là. Je me sentais bien, libre, aimé. J'ai envie de sentir ça à nouveau, j'ai besoin de me sentir vivant, et ici, tout me rappelle la mort. Je sais que vous voulez mon bien, mais j'ai mal, mal de vous savoir triste, mal de sentir que je vous déçois, mal de vous voir m'en vouloir parce que vous avez l'impression que j'abandonne. Sachez bien que je n'abandonne pas, au contraire, je vais affronter le taureau par les cornes et mordre la vie à pleines dents comme j'ai toujours voulu le faire. Avec tout mon amour, éternellement, D. Damian venait de nous abandonner, de partir je ne sais où et forcément.. J'étais au bout de ma vie.


"Reportage maintenant à Glenwood Springs, station thermale partiellement détruite par le passage d'une tornade il y a un an... Les eaux naturellement chaudes de cette petite ville du Colorado, connues pour leurs fonctions thérapeutiques, attirent des milliers de touristes chaque année. En effet..." Mon dieu, c'est lui. Les lèvres entrouvertes, je n'arrive pas à tenir le coup, le choc est puissant, trop grand. La télécommande me glisse des mains, je sens mon corps se rapprocher encore un peu plus de l'écran mais, j'en suis certaine.. C'était lui ! « Papa, maman, venez voir, vite !!!! » Pourquoi ils ne se dépêchent pas bon sang ! Je soupire, voyant qu'ils mettent beaucoup trop de temps et quand ils sont enfin arrivés, Damian n'était plus sur l'écran, assis près de cette petite piscine. On pouvait apercevoir une autre femme en pleure qui semblait avoir perdue un proche, enfin je n'ai pas spécialement écoutée trop occupée à penser à la vision de mon frère. « C'est Damian, je l'ai vu. » Mon coeur fait des bonds dans ma poitrine, mes yeux sont d'un seul coup complètement émerveillés par ce que je viens de voir. Mes parents eux ne semblent pas aussi emballés que moi. « Comment ça tu l'as vu ? Il est revenu à Tampa ? Où est-il, est-ce qu'il t'a dit quelque chose, il va bien ? » Je réponds négativement de la tête, pointant du bout des doigts le téléviseur juste devant moi, cet écran qui vient de me prouver par a+b que mon petit frère est en vie. « Non, je l'ai vu là... Dans le reportage à Glenwood Springs. » Ils doivent me prendre pour une folle, je vois le visage de ma mère mourir une nouvelle fois. La première fois c'était après la lettre de Damian. J'ai l'impression de revoir la même scène, la même image et pourtant c'est une bonne nouvelle que je viens de leur annoncer, ils pourraient être heureux, sortir une bouteille de champagne. « Ne dis pas de sornette Jenna, c'est vraiment pas le moment. » Quoi ? Alors, ils pensent vraiment que j'ai hallucinée et que je raconte des conneries ? Je baisse la tête, me mordant fortement la lèvre, m'arrachant tous les petits bouts de peau qui me dérange et qui n'ont pas besoin d'être là. « Mais je suis sûre que c'était lui, je le sais... Je le sens. » Je le sens au fond de mes tripes que j'ai raison, que je ne suis pas en train de me tromper ! Il est là-bas ! Il devait être là-bas durant son traitement alors.. Je dois y aller ! Je dois aller vérifier de mes propres yeux qu'il s'agit bien de mon petit frère et si je me suis trompée.. Alors, je reviendrais mais, je dois m'en assurer moi-même, partir à sa recherche tout de suite !


Je suis donc rapidement montée dans ma chambre, sortant une valise, puis une seconde, mettant le plus de vêtements à l'intérieur et d'objets de survis comme ma brosse à dent, mon peigne, mon maquillage et toutes ses conneries que les filles prennent toujours sur elles. Je suis tellement concentrée dans ce que je fais, que je n'entends même pas mon fiancé rentrer dans la pièce. « Qu'est-ce que tu fais ? » Je sursaute au son de sa voix, me retournant rapidement pour lui faire face, avant de me blottir dans ses bras à la recherche du moindre réconfort. « J'ai vu... » Il me coupe rapidement dans mon élan, reculant par la même occasion. « Tes parents m'ont dit oui. Tu as cru voir Damian. » Alors, même lui n'arrive pas à me croire ? Est-ce que c'est si compliqué de me faire confiance pour une fois ? Depuis le temps qu'il me connait il arrive encore à penser que je mens ? « C'était lui Nate. » Mon regard se fait soudainement plus froid, dégoûtée. « Jenna.. Il faut que tu passes à autre chose maintenant ! Ton frère est partit pour vivre le peu de vie qu'il lui restait ! Toi aussi tu devrais penser à avancer ! » « T'es en train de me dire quoi Nate ?! Que je devrais arrêter de penser à mon petit frère malade ? » Depuis quand il se permet de parler d'un des membres de ma famille de cette façon ? Il doit bien se mettre une chose dans son petit crâne. Il n'arrivera jamais à la cheville de Damian, il n'est qu'un mec que j'ai décidée d'épouser, Damian c'est mon frère, mon sang, une partie de ma vie qui m'a abandonnée du jour au lendemain ! « Je dois y aller, je dois voir par mes propres yeux si c'est lui. Je ne peux pas rester sans rien faire alors, que je suis persuadée qu'il est là-bas ! » Je soupire longuement, continuant de remplir ma valise le plus rapidement possible. « Bien mais, si tu t'en vas Jenna.. C'est fini. » Il est sérieux là ? « Tu me demandes de choisir entre toi et mon frère ? » Il ne répond rien mais, son regard insistant et ses bras croisés veulent absolument tout dire. Je rigole nerveusement, fermant les deux valises, me posant un instant face à lui. « Alors, tu peux aller te faire foutre. » Au moins c'est clair, c'est dit et s'il n'a pas compris ma décision alors, je ne sais pas quoi dire de plus. Je le bouscule avec mon épaule, embrassant une dernière fois mes parents, direction Glenwood Springs.



Ce n'était peut-être pas une bonne idée de venir ici, maintenant, tout de suite en sachant qu'au final je n'avais absolument rien prévu. Je suis venue sans réfléchir et maintenant je me retrouve sans appartement, sans boulot, sans fiancé, célibataire en un claquement de doigt. Non mais quel petit connard de me demander de faire un choix entre lui et mon frère, comme si après tout la réponse n'était pas assez évidente au fond ! Oui je sais très bien qu'il a mal vécu que j'ai encore repoussé la date de notre mariage, que j'ai clairement refusée d'avoir un enfant avec lui pour pouvoir faire attention à mon frère mais, de là à me quitter uniquement parce que je pars le retrouver c'est clairement dégueulasse. Je n'ai même plus envie d'être avec lui, il peut chercher toutes les excuses du monde, je n'en trouve aucune à ce qu'il vient de me faire. Je suis donc arrivée à Glenwood Springs avec mes deux valises et rien d'autre. Après tout je ne compte pas faire ma petite vie ici, je vais simplement retrouver mon petit frère et le ramener sagement à la maison, près de nous là où est sa place. Il n'a rien à faire ici tout seul, sans traitement, sans sa famille pour le soutenir.  Je l'aime, je l'aime comme une mère aimerait son fils et je n'ai pas envie de le garder éloigner de moi alors qu'il vit peut-être les derniers instants de sa vie. Je veux pouvoir être là au moment où ses yeux vont se fermer et qu'ils ne vont plus jamais s'ouvrir.. Il ne peut pas m'empêcher de lui dire au revoir, me priver de ce droit. Je me suis donc dirigée vers le premier bar que je pouvais trouver, m'installant seule à l'une des tables encore disponibles, posant mes valises le plus près de moi pour éviter de les laisser dans le chemin. Il pourrait y avoir encore un accident, les gens bourrés ne font pas spécialement attention aux choses qui les entourent. Je soupire longuement, passant mes mains sur mon visage, pour ensuite remettre d'un mouvement rapidement mes cheveux vers l'arrière. « Je peux vous aider ? » Redressant doucement la tête vers cette voix mystérieuse, je croise un beau jeune homme, penché de manière à vérifier que je vais bien. « Non.. Non merci, ça va aller enfin.. Je crois que oui, ça va. » Non au fond ça ne va pas du tout. J'essaye de sourire pour rester forte mais, la vérité c'est que tout s'écroule en moi. Nate avait peut-être raison.. J'ai toujours consacrée toute ma vie à ma famille, à mon frère et sa maladie, refusant de penser un minimum à mon bonheur et au final j'ai réussi à perdre le seul homme qui comptait dans ma vie. « Je.. Je peux vous offrir un verre ? » Ok. Je suis donc tombée sur le type lourd qui ne comprend pas qu'actuellement j'ai besoin d'être seule. « J'ai une tête à vouloir me faire draguer honnêtement ? » Il rigole, passant une main dans sa nuque. « Je ne suis pas en train de vous draguer, j'essaye juste de tenir compagnie à une file qui semble fort triste et seule. » « Moi c'est Jenna. » Il sourit avant de s'installer face à moi. « Alec. »

La nuit a été plutôt courte. Je me redresse doucement dans le lit, passant une main sur mes yeux pour essayer de me réveiller doucement mais.. Je suis où ? J'ouvre rapidement les yeux, sortant le plus vite possible du lit, avant de me rendre compte que je suis en sous-vêtements avec juste un haut de mec pour cacher le reste de mon corps. Qu'est-ce que j'ai fait hier soir ? Je regarde d'un bref coup d'oeil autour de moi, avant de tomber sur Alec qui se tient juste devant la porte, petit sourire aux lèvres. « Dis-moi qu'on n'a pas couchés ensemble ! » « Bonjour Jenna, j'ai très bien dormis merci de me le demander. » Non mais, je m'en fiche de ça, de savoir comment il va et toutes les conneries qui vont avec. « Est-ce qu'on a couché ensemble Alec ?! » Il sourit, me faisant un petit non de la tête et ouf.. Je me sens beaucoup plus libre comme ça. C'est pire qu'un soulagement ce "non", je crois d'ailleurs que je n'aurais jamais supportée une réponse contraire à celle-là. « Tu as juste un peu trop bu alors, je t'ai raccompagné chez moi et tu as.. Tu as volé mon haut pour dormir. » Le pauvre. Moi qui ne sait même pas s'il a une petite-amie ou quoi que ce soit, voilà que je le déshabille presque uniquement pour pouvoir dormir tranquillement. « Je.. Mon dieu je ne sais plus ou me mettre.. » Il rigole doucement, avant d'attraper ma main pour me diriger vers le salon. « J'ai préparé du café, je me suis dit qu'après tous les verres de téquila tu en aurais besoin. » Tu m'étonnes. Je bois rarement de la téquila mais, il faut dire que c'est plutôt destructeur chez moi. « Merci beaucoup.. Je finis vite le café et puis ne t'inquiète pas, je prends toutes mes affaires et je te laisse tranquille. Tu sais ou est l'hotel le plus proche ? » « Pas besoin. » Je le regarde un court instant sans réellement comprendre ou il veut en venir, portant la tasse à mes lèvres. « Tu peux rester ici, je vis seul et puis.. Au moins j'aurais un peu de compagnie tu en penses quoi ? » Ce n'est pas une mauvaise idée au fond.. Puis ça m'évite de me promener partout en ville pour chercher un endroit ou dormir et vivre. « D'accord.. » Il sourit et forcément je souris aussi.. Dans tous les cas je n'aurais certainement pas dit oui s'il m'aurait dit la vérité, que oui nous avons bel et bien couché ensemble.