« There’s a future in my life I can't foresee, unless of course I stay on course and keep you next to me. »
Qu’est-ce qu’elle pouvait m’énerver ! Toujours à jouer la victime auprès des parents, ça m’insupportait, qu’est-ce que c’était énervant les filles. «
Cruz, viens ici ! » Quand papa levait le ton comme ça, je savais que j’étais dans de sales draps. Baissant la tête, j’avançais timidement vers mon exécution, prêt à subir une nouvelle punition à cause de l’autre chieuse. «
Winnie dit que tu lui as dit des choses pas gentilles. » Ma sœur me regardait avec un sourire en coin, satisfaite de voir que les parents prenaient son côté, toute contente de me voir me faire engueuler. «
Ba quoi, elle est moche hein, c’est pas de sa faute, c’est comme ça c’est tout. » Je levais la tête et affrontait son regard effronté. «
T’es moche ! » Comme un dernier affront, j’allais avoir le dernier mot ! «
CRUZ !!!! » Ma mère s’offusquait, mais je m’en fichais. «
T’façon vous prenez toujours sa défense à Winnie, alors que moi, j’dis juste la vérité hein ! Vous dites qu’il faut pas mentir, mais là, vous me grondez ? Y’a un truc que j’comprends pas moi. » Mes parents échangèrent un regard gêné, j’avais touché une corde sensible. Je savais bien qu’il y avait une nuance entre dire la vérité et ce que je venais de faire, que certaines choses n’étaient pas bonnes à dire mais si je pouvais échapper à ma sentence par des entourloupes et faire rager Winnie, je n’hésitais pas une seconde. «
Mais ta sœur n’est pas moche ! » Ma mère balbutiait, je savais que c’était gagné. «
Hors de ma vue… Maintenant. » Mon père venait de clore la discussion, je savais que j’avais remporté le duel contre ma sœur, et j’en étais fier. Je lui adressais un clin d’œil et regagnais ma chambre en grand vainqueur. J’attrapais mon téléphone et envoyait un texto à la brune que j’entendais monter les escaliers en furie. «
Sans rancune sista. » Un sourire satisfait aux lèvres, j’composais le numéro de mon meilleur ami. «
T’fais quoi ? On va squatter la cabane ? » Noah n’avait pas franchement le choix, je posais des questions sans vraiment en attendre les réponses, c’était comme ça, ça avait toujours été comme ça. J’attrapais ma veste, prêt à descendre et foncer jusqu’à la forêt sur mon VTT. «
Tu vas où ? » Winnie venait de faire irruption dans le couloir, surement alertée par mon vacarme. «
Quelque part. » J’étais froid, elle m’avait tellement saoulé. «
J’peux venir ? » Nan mais est-ce qu’elle se foutait de moi ? «
Nan ! » Elle leva les yeux au Ciel, moi aussi… «
La prochaine fois, c’est toi qui pédale ! » Winnie explosa de rire, assise sur le porte-bagage, comme si je disais ça pour plaisanter. J’étais très sérieux, ça m’énervait qu’elle prenne ça à la légère, elle était vraiment méga relou, déjà que j’avais accepté de l’embarquer avec moi, elle pourrait au moins faire un effort ! Nan mais vraiment, c’était toujours la même chose avec elle, et moi, comme un con, je me faisais toujours avoir, je devais être carrément maso.
Cette aprem’, j’allais retrouver Noah comme d’habitude, et comme toujours, Winnie me suppliait pour venir avec moi. Sans déconner, elle pouvait pas avoir une vie à elle, fallait toujours qu’elle partage la mienne, une vraie sangsue. Seulement voilà, je n’étais pas d’humeur aujourd’hui, j’avais envie de la faire chier. «
Putain, mais trouve-toi des potes sérieux, t’es toujours obligée de me pomper l’air ! J’serai pas toujours là pour t’apporter une vie sociale sur un plateau d’argent, alors fais ta vie. » Elle claqua la porte de sa chambre et je l’entendis pester contre moi, j’avais cru capter un « con » et un « enfoiré » entre autre, mais je m’en foutais. Noah, c’était mon pote depuis gamin, si j’étais pas avec elle, j’étais avec lui, c’était une évidence. Au fond, je savais bien que si elle voulait venir, c’était en partie pour lui d’ailleurs, je voyais comment elle était en sa présence, rien à voir avec la maison. D’ailleurs, elle avait entrepris de se maquiller maintenant, en cachette de maman bien sûr, et moi je me foutais de sa gueule avec son gloss et son mascara. Elle s’imaginait que ça suffirait ? J’avais pas encore aborder le sujet avec elle, mais avec lui oui. «
Faut que je te présente Maxxie ! Et Julie… » Ce fut à ce moment-là que j’avais su que Winnie avait absolument zéro chance. Noah n’était pas du genre à s’enthousiasmer pour rien, et j’avais compris direct que mon pote avait craqué sur la Saint-James. Je savais qui c’était, elle était dans notre bahut, puis qui ne connaissait pas les 4 filles du Docteur March version Glenwood Springs ici ? Les vœux de chasteté et tout le bordel, du grand n’importe quoi si vous voulez mon avis. J’me demandais bien ce que Noah avait en tête le jour où il m’a demandé de venir les retrouver lui et les filles… J’étais sûre que ça allait être une aprem pourrie, mais finalement, à mon plus grand étonnement, je les avais trouvées cools. Winnie était venue avec moi, mais pour elle, ça avait plutôt relevé du cauchemar. Impossible de passer à côté de l’admiration de Noah pour Maxxie, il buvait ses paroles, c’en était presque pathétique. Ma sœur rongeait son frein, sortait quelques phrases assassines dont elle avait le secret, mais je voyais bien que c’était dur pour elle, et ça me faisait de la peine. «
Viens par là… » Je l’avais attrapée par le bras et emmenée plus loin. Je n’avais pas eu besoin de dire quoique ce soit, je l’avais juste prise dans mes bras, et elle avait pleuré. Pas longtemps, juste le coup d’évacuer toute sa colère et sa déception, c’était pas facile de se faire briser le cœur, et ce sans pouvoir revendiquer quoique ce soit. Quelques minutes plus tard, elle s’était calmée, avait séché ses larmes et repoudré son nez, elle était prête pour une croisade dont elle ne sortirait pas vainqueur, malheureusement. «
Sympa ta robe, ils font la même pour femme ou la collection s’arrête au 12 ans ? » Elle avait ce petit sourire mesquin que je ne lui connaissais que trop bien, et je vis le visage de Maxxie se décomposer. Winnie Alvarez dans toute sa splendeur, et dire que cette furie était ma sœur…
Le pacte. C’était comme ça qu’on l’avait appelé, un moyen pour nous de nous débarrasser de ce truc carrément gênant qu’on appelait la virginité. J’pense que j’étais pas franchement top, faut bien l’avouer, carrément maladroit mais j’avais tenu plus de cinq minutes et j’étais un peu soulagé… Je m’étais fait tout un truc de cette « première fois », j’avais flippé à l’idée de ne pas réussir à ouvrir la capote ou quoi, mais finalement, ça s’était bien passé, enfin « bien », je sais pas, mais ça s’était passé, et c’était déjà pas mal. Elle était à côté de moi, on ne savait pas trop si on devait rire, ou bien se taire et faire comme si de rien était, mais de toute façon, on n’a pas vraiment eu le temps d’y réfléchir, parce que la voix de Winnie résonnait déjà dans le couloir, et on l’entendait de mieux en mieux. «
Vite !! Par la fenêtre, vite, barre-toi ! » On avait vu plus romantique, mais bon, y’avait pas de ça entre nous. Je renfilais mon T-shirt à toute vitesse, essayant tant bien que mal de refaire mon lit quand ma sœur fit irruption dans la pièce. Ca sentait le fauve, j’étais en sueur, la galère. «
Cruz, maman vient d’appeler, elle dit que… » Elle s’arrêta, me regardant de la tête aux pieds. Putain, j’pouvais rien lui cacher et c’était la merde. Parfois, c’était utile, on se comprenait sans avoir besoin d’ouvrir la bouche, mais là… C’était le moment où je maudissais notre lien de jumeaux. «
Oh mon Dieu Cruz, c’était qui ??? » Elle se précipita vers la fenêtre, n’apercevant qu’une silhouette au loin qui prenait ses jambes à son cou. «
Allez dis moi, c’était qui ? Je la connais ??? Raconte ! » Voilà, elle était assise sur mon lit, toute excitée à l’idée de connaitre les moindres détails de ma vie sexuelle. «
Dégage Winnie, j’te raconterai rien du tout. » BAM. L’oreiller dans la tronche. OK, je l’avais frustrée, ça changerait pas grand-chose à son état naturel, elle s’en remettrait.
J’avais dit à Noah qu’on les rejoindrait lui et les filles après, pour l’instant, Winnie et moi, on était coincés à la maison, tout ça parce que Dulce nous présentait son mec. J’le connaissais moi son gars, depuis le temps que je les voyais trainer ensemble… Franchement, il ne m’inspirait pas, et encore moins quand je l’ai vu débarquer en mode pingouin dans mon salon ? Il croyait sérieusement qu’on allait sortir la vaisselle en argent pour lui ? On ne risquait pas, c’était pas faux, mais bref, c’était le principe, il avait l’air grave con, et j’avais littéralement explosé de rire quand il avait passé la porte dans cet accoutrement ridicule. Winnie m’avait regardé, je la voyais se pincer les joues, et Dulce nous avait cramé direct. «
Les jumz’, faites gaffe ! » Déjà les menaces… Ça faisait un moment que la grande sœur avait quitté la maison, on avait presque oublié qu’elle avait un jour vécu ici, avec Winnie, on avait pris nos quartiers et désormais, les rois du pétrole, c’était nous, du moins, entre ces murs. Je serrai la main de Mike, tout en le regardant de la tête aux pieds. «
T’as abusé là mec… » Ouais j’lui avais dit, ça me faisait délirer de le voir changer de couleur. Déjà qu’il était mal à l’aise de rencontrer mes parents, mais j’empirais les choses, et les messes-basses de Winnie à mon oreille ajoutées à nos gloussements n’aidaient en rien. On n’en avait rien à foutre, Mike ou pas, on avait envie de se barrer d’ici et retrouver nos amis plutôt que de se retrouver au beau milieu de ce déjeuner ridicule. Ma mère avait cuisiné toute la matinée pour impressionner son futur gendre, elle devait ne pas avoir compris le principe… C’est lui qui était censé nous impressionner, pas l’inverse hein ? Ma mère était trop gentille, j’aurais kiffé qu’elle se la joue mystérieuse histoire de le faire flipper. M’enfin, on a commencé à manger, le pauvre n’osait pas dire un mot. Puis tout s’est assombri, et tout s’est coupé. J’me souviens plus très bien, mais j’sais que mon père a hurlé, et nous a poussés à toute vitesse jusque dans la cave. J’pourrais pas dire si des secondes s’étaient écoulées ou bien des heures, j’avais Winnie tout contre moi, et on fermait les yeux. Je sentais sa main serrer la mienne si fort, je n’entendais plus rien, juste des cris, et surtout un brouhaha tellement énorme, tellement intense, j’avais l’impression d’être sous les roues d’un avion, c’était la fin du monde ? Puis tout s’est arrêté, et j’ai ré-ouvert les yeux, doucement. Est-ce qu’on était mort ? Winnie était restée collée à moi, elle n’avait pas osée ouvrir les yeux elle, mais je voyais des larmes sur ses joues, elle avait eu peur… Moi aussi. Ma mère hurlait à tout va, nous prenant dans les bras les uns après les autres, mais moi, j’avais toujours rien compris à ce qui venait de se passer. Puis on est sorti, et là ça m’a frappé, une grosse gifle dans ma gueule. Ma ville n’était plus qu’un champ de ruine, ma maison était toujours sur pied mais y’avait des voitures retournées, des objets partout, de la taule plantée au milieu du salon des voisins... Glenwood Springs, un champ de bataille après la guerre. Très vite, les pompiers sont arrivés de partout, et y’a ce gars, Sean, qu’est venu nous voir. Au début, j’avais pas calculé, mais Mike n’était pas là, et là j’ai croisé le regard de Dulce, ses mains pleines de sang... Mon cœur s’est serré, ma sœur était en panique, et on l’a tous suivie… Mike était au milieu de notre salon, son visage lacéré, coupé de partout… Je le regardais choqué, posant ma main sur le visage de Winnie pour pas qu’elle ne voit le spectacle effrayant que j’avais sous les yeux. La barre de fer qui avait détruit notre fenêtre s’était empalée dans la jambe de Mike, avant de s’encastrer dans le mur, et il était coincé, là, entre l’entrée et la salle à manger… Y’avait tellement de blessés, et si peu de pompiers que j’suis allé le voir, ce gars-là, Sean, pour savoir si j’pouvais donner un coup de main. M’enfin, je tremblais comme une feuille, alors bon, j’étais pas très sûre que mon garrot allait franchement être efficace… J’ai fait ce que j’ai pu pendant qu’il faisait ce qu’il fallait autour, j’me souviens même plus, j’étais moi-même à deux doigts de m’évanouir… Au final, Mike a été amené à l’hôpital, il a survécu, mais pas sa jambe. On n’avait pas suivi à l’hosto, ça servait à rien, y’avait trop de monde, trop de blessés, alors avec Winnie, on était allé là où on aurait dû retrouver les autres normalement. Y’avait plus de réseau, impossible de les joindre, les gens hurlaient, paniquaient carrément, et nous on courrait, cherchant du regard Noah, Maxxie & Julie. On n’avait pu voir personne, trop de bordel, trop de stress, c’était trop. Trop tard surtout. Quelques jours plus tard, on était là, à l’enterrement de Julie… Ca semblait irréel, et pourtant, ce cercueil devant moi était ce qu’il y a de plus vrai. Maxxie pleurait, Noah restait impassible, mais je savais qu'il était mal. J’entendais ma sœur renifler elle aussi derrière ces grosses lunettes noires, mais moi non. Je ne voulais pas y croire, je ne pouvais pas. Je me contentais de serrer la main de Winnie aussi fort que possible lorsque je sentais les larmes monter. J’étais en colère en fait, j’avais envie d’hurler, c’était naze, carrément pourri ! D’ailleurs c’était tellement de la merde que j’étais parti, j’pouvais pas les regarder enterrer Julie, elle ne pouvait pas être partie, on avait un pacte tous les deux...
«
VOTEZ CRUZ !!! » Winnie s’égosillait dans le hall d’entrée, distribuant des flyers à qui le voulait tandis que je discutais avec des élèves. La campagne présidentielle version bahut de Glenwood Springs, j’allais devenir le Barack du Colorado, il le fallait. J’avais tout pour, ma grande gueule, mes bonnes notes, j’étais le mec qu’il leur fallait à tous, sérieux, j’allais envoyer du lourd comme président, j’étais sûr qu’on se souviendrait de mon règne pendant des décennies, ma photo affichée dans le couloir pour des siècles et des siècles… Amen. Ouais, c’était un peu ça. «
Bonjour, ne choisissez pas la facilité, votez Louise ! » What ? Elle se foutait de ma gueule celle-là ? Avec son petit sourire de coincé, voilà qu’elle avait posé ses quartiers en face de ma table de campagne, et se mettait à draguer MES électeurs. Nan mais quelle garce, elle allait voir de quel bois je me chauffe. A vrai dire, j’avais pas eu le temps de faire un pas que Winnie venait d’envoyer valser ses tracts et hurlait comme une furie «
Espèce de morveuse, bouge de là, tu vois pas que tu nous empêches de respirer ?! Tu penses duper qui ? T’as jamais su ouvrir ta gueule dans ce bahut, et là tu débarques, tu t’imagines pouvoir battre mon frère ? Redescends sur Terre meuf, t’es personne ici. » Elle tourna les talons et reprit sa distribution comme si de rien était, n’accordant plus le moindre regard à ce qu’il restait de mon adversaire. Un sourire en coin, j’adressai un clin d’œil à Silver, puis imitai Winnie. Elle en faisait des caisses, c’était mon petit pitbull à moi en fait, et ça me faisait rire. Noah nous a rejoint un peu plus tard, mais nous a lâché dès que Maxxie a parlé d’aller se chercher un truc à manger à la cafet’. Soudain, il a eu faim tiens… «
Tu viens de t’enfiler un beignet, je t’ai vu ! Canard ! » Lui hurlais-je à l’autre bout du couloir. En ce moment, Maxxie me gonflait un peu, elle n’était plus du tout la même depuis… enfin, voilà quoi, elle s’était refermée sur elle-même et elle faisait la gueule souvent, ce que je ne supportais pas. J’étais pas très patient, alors au début, j’avais fermé ma gueule, mais là, je sentais que la marmite allait déborder incessamment sous peu. Le soir-même, Noah était passé à la maison, et j’avais été obligé de leur en parler, j’voulais qu’ils sachent, parce que c’était sûr que ça allait péter. «
Elle déconne Maxxie… » Noah fronça les sourcils : «
Elle a perdu sa meilleure amie, laisse-lui du temps. » Du temps… C’était quoi le temps ? Elle le gaspillait à pleurnicher alors que Julie, elle, n’en avait plus. Ca me mettait hors de moi de la voir dans cet état, de la voir manquer de respect à la vie de Julie comme ça… Parce que pour moi, voilà ce que c’était, un manque de respect. Alors le lendemain, ils avaient fait en sorte de nous laisser seul, et je lui avais balancé ma façon de penser. J’crois que ça lui a fait du bien, du moins c’est ce que j’espérais. En tout cas, à moi, ça avait fait du bien, mais y’avait encore un truc qui me chagrinait. A la sortie des cours, j’avais prétexté un truc pour m’échapper de Winnie, et j’étais partie la voir. «
Salut… » Pas de réponse. «
Pas la peine de jouer à ça, tu sais très bien que j’vais perdre. » Ca avait toujours été notre jeu ça, à celui qui craquerait le premier. «
C’est la galère… » Je soufflais, je savais pas si elle m’écoutait vraiment, mais je continuais, de toute façon, fallait que ça sorte. «
T’sais, j’suis grave perdu moi aussi, mais y’a Winnie qui compte sur moi, elle se sent tellement coupable de ne pas avoir été là ce jour là pour t’aider… Elle a du mal à vivre avec ça, et moi, ça me tue de la voir se rendre malade alors que ça a été un cauchemar pour tout le monde… Puis Noah, alors lui… » Je ne savais même plus quoi dire, je parlais à un mur. «
Toi et moi, ça a toujours été clair entre nous, j’savais que j’pouvais compter sur toi, n’importe quand, et toi c’était pareil, mais ça a changé… Pourtant, je m’étais toujours dit que voilà, même si on avait nos vies, nos envies, je t’avais toujours toi… Pas comme une roue de secours, nan, mais comme le chemin à suivre… Mais bon, tu me connais, Cruz Alvarez, passionné des routes sinueuses ! Mais putain Jul’, on avait un pacte, tu devais toujours être là pour moi, et t’as pas tenu ta parole, t’as perdu… T’as PERDU !! » Je criais… «
Alors pourquoi c’est moi qui suis si perdu hein ? T’as abandonné la partie, et pourtant, j’ai l’impression que c’est moi qui ai fait banqueroute. » Ma main caressait le marbre de la tombe de Julie, mes doigts retraçant les lettres de son prénom gravées dans la pierre. «
Cruz, qu’est-ce… Qu’est-ce que tu fais là ? » Noah était là, derrière moi, un gros bouquet à la main… «
Rien, j’dois y aller. » J’étais parti, j’avais pas envie de parler, et puis, j’en avais pas besoin, il avait compris. Si Winnie était ma jumelle, Noah était sa version au masculin, il me connaissait par cœur.
Rituel du soir. Allumer le mac. Ouvrir mon compte mail du lycée. Entrer sur la CB du bahut. Depuis quelques semaines, je parlais avec une fille, enfin, j’espérais que c’était une fille, et ça me faisait du bien. Le deal… Rester anonyme. J’étais fireman1997, j’savais pas trop pourquoi j’avais pris ce pseudo, mais c’était le premier truc qui m’était venu à l’esprit, sûrement parce que bien que je n’en parlais pas, les images de ce jour-là me hantaient souvent. Mike suivait une cure pour soulager son traitement suite à son amputation, et Dulce, elle, s’occupait de son homme. Depuis ce jour-là, c’était comme s’il faisait partie de la famille, les drames rapprochaient, c’était évident quand on nous regardait. Bloup. L’inconnue était en ligne. «
Hey Bien ta journée ? » J’me sentais grave con à attendre une réponse, assis sur mon lit, mais nos petites conversations nocturnes m’avaient rendu addict, c’était ridicule, mais je trouvais ça cool. «
Cruz, tu fais quoi ? Il est trois heures du mat’ ! » Winnie. Toujours la même. «
Occupe-toi de ton cul, il est déjà assez gros comme ça. » Elle leva les yeux au Ciel, j’avais toujours les mots pour lui faire plaisir et la faire se sentir sexy. Ouais, la vie reprenait son cours, mais bon, au fond, on était tous un peu changés, même si on ne voulait pas l’admettre.